I. Un projet de loi de finances à un moment charnière
Le Projet de Loi de Finances 2026 arrive à un tournant historique pour l’économie marocaine.
D’un côté, un contexte international incertain — ralentissement du commerce mondial, tensions géopolitiques persistantes, reconfiguration énergétique et inflation structurelle.
De l’autre, un Maroc en transformation accélérée : industrialisation, digitalisation, régionalisation avancée et montée en puissance de l’investissement privé national et étranger.
Le PLF 2026 n’est donc pas un exercice budgétaire de routine. Il sera le premier budget à traduire pleinement les ambitions du Nouveau Modèle de Développement (NMD), dans une perspective de moyen terme, et surtout à préparer le cycle électoral de 2026-2031.
Autrement dit, ce projet de loi est un acte de confiance dans la capacité du Maroc à piloter son propre développement économique et territorial, sans dépendance excessive ni déséquilibres structurels.
II. Investir pour renforcer la souveraineté économique
Dans un environnement global marqué par la rivalité sino-américaine, la fragmentation des chaînes de valeur et la montée des politiques industrielles protectionnistes, le Maroc doit concevoir l’investissement comme un instrument de souveraineté.
Cette souveraineté repose sur trois leviers :
Le Projet de Loi de Finances 2026 arrive à un tournant historique pour l’économie marocaine.
D’un côté, un contexte international incertain — ralentissement du commerce mondial, tensions géopolitiques persistantes, reconfiguration énergétique et inflation structurelle.
De l’autre, un Maroc en transformation accélérée : industrialisation, digitalisation, régionalisation avancée et montée en puissance de l’investissement privé national et étranger.
Le PLF 2026 n’est donc pas un exercice budgétaire de routine. Il sera le premier budget à traduire pleinement les ambitions du Nouveau Modèle de Développement (NMD), dans une perspective de moyen terme, et surtout à préparer le cycle électoral de 2026-2031.
Autrement dit, ce projet de loi est un acte de confiance dans la capacité du Maroc à piloter son propre développement économique et territorial, sans dépendance excessive ni déséquilibres structurels.
II. Investir pour renforcer la souveraineté économique
Dans un environnement global marqué par la rivalité sino-américaine, la fragmentation des chaînes de valeur et la montée des politiques industrielles protectionnistes, le Maroc doit concevoir l’investissement comme un instrument de souveraineté.
Cette souveraineté repose sur trois leviers :
- La souveraineté productive, à travers la montée en gamme industrielle, la fabrication locale d’équipements, la substitution intelligente aux importations et la valorisation des filières stratégiques (automobile, aéronautique, hydrogène vert, pharmacie, agroalimentaire, défense).
- La souveraineté énergétique, grâce à l’accélération des projets solaires, éoliens et hydrogène, et l’intégration régionale (interconnexions avec l’Afrique et l’Europe).
- La souveraineté logistique et maritime, pierre angulaire encore sous-estimée de notre autonomie nationale.
- La souveraineté numérique, en développant des infrastructures de data centers, des plateformes d’interopérabilité publique et des solutions Cloud & IA souveraines pour la gouvernance et la productivité.
L’État doit ainsi devenir un investisseur stratégique et non plus seulement un régulateur, en s’appuyant sur une ingénierie financière modernisée :
- Partenariats public-privé (PPP) plus flexibles, adaptés aux risques sectoriels,
- Fonds souverains régionaux appuyés par des ressources locales,
- Banques de développement territoriales capables de financer des projets structurants au plus près du terrain.
Dans cette optique, chaque dirham investi doit générer un effet multiplicateur durable sur la valeur ajoutée nationale et l’emploi local.
III. Rééquilibrer le territoire : l’investissement au service de l’équité
L’investissement n’a de sens que s’il est géographiquement inclusif.
Le Maroc souffre encore d’une forte polarisation économique : 70 % du PIB concentré entre Casablanca, Rabat et Tanger, tandis que de vastes régions restent sous-équipées ou à faible densité d’investissement.
Le PLF 2026 devra consolider la logique de régionalisation économique, déjà amorcée avec les Programmes de Développement Intégré (PDI) et les Contrats-Programmes Régionaux.
Mais cette régionalisation doit changer de nature : elle ne doit plus être une simple déclinaison budgétaire, mais une stratégie d’investissement différenciée par territoire.
- Dans le Nord, priorité à la logistique, à l’industrie exportatrice et à la formation technique.
- Dans le Centre, consolidation du tissu PME et promotion de l’innovation.
- Dans le Sud et l’Oriental, développement des zones franches, valorisation du foncier public, et soutien aux filières agro-industrielles et touristiques.
L’investissement doit devenir un outil de cohésion territoriale, au même titre que la fiscalité ou les politiques sociales.
L’équité territoriale ne consiste pas à égaliser les dépenses, mais à maximiser le potentiel économique de chaque région selon ses avantages comparatifs.
IV. Un modèle d’investissement public renouvelé
La performance de l’investissement public reste un défi structurel.
Malgré un volume annuel supérieur à 230 milliards de dirhams, les retombées en termes de croissance et d’emploi demeurent en deçà du potentiel.
Le problème n’est pas le volume, mais la qualité et la gouvernance des investissements.
Le PLF 2026 devrait introduire une culture d’évaluation et d’impact, basée sur trois piliers :
- Planification stratégique intégrée : aligner les projets d’investissement sur les objectifs du NMD et les priorités régionales.
- Efficacité d’exécution : réduire les délais, simplifier les procédures de passation et digitaliser la chaîne d’investissement public.
- Mesure de la rentabilité socio-économique : instaurer des indicateurs de retour sur investissement public, incluant les dimensions sociales, environnementales et territoriales.
L’enjeu est de passer d’une logique de “dépense publique” à une logique de “capital public productif”.
Les Établissements et Entreprises Publics (EEP) doivent être au cœur de cette dynamique, en renforçant leur autonomie et leur responsabilité financière, tout en intégrant des mécanismes de reddition de comptes transparents.
V. Stimuler l’investissement privé et étranger
Le PLF 2026 devra consolider la mise en œuvre de la Nouvelle Charte de l’Investissement, notamment sur deux axes :
- Amélioration du climat des affaires (réduction des délais, sécurisation juridique, stabilité fiscale);
- Décentralisation des décisions d’investissement, via les Centres Régionaux d’Investissement (CRI) renforcés et dotés de pouvoirs réels.
Les Investissements Directs Étrangers (IDE) doivent être mieux ciblés, orientés vers les secteurs à externalités positives et intégration locale forte.
Mais surtout, il faut miser sur le capital marocain : les fonds souverains, les institutionnels, la diaspora marocaine et les grands groupes nationaux doivent devenir des acteurs de co-développement.
L’un des leviers clés sera la mobilisation des Marocains du monde : non plus comme simples épargnants, mais comme co-investisseurs stratégiques dans les filières d’avenir et les territoires d’origine.
VI. Soutenabilité financière et gouvernance
Renforcer l’investissement ne peut se faire au détriment de la soutenabilité budgétaire.
La trajectoire de déficit et de dette doit rester maîtrisée, autour de 4 % du PIB pour le déficit et 70 % pour la dette publique.
Cela exige une mobilisation accrue des ressources internes (fiscales et non fiscales), une meilleure efficience de la dépense et une discipline financière partagée entre l’État et les collectivités.
Le financement de l’investissement doit reposer sur des mécanismes innovants :
- Obligations vertes et sociales,
- Financement mixte (blended finance) pour les projets durables,
- Mobilisation du foncier public comme actif financier au service de l’investissement productif.
La transparence et la gouvernance devront être au centre de ce nouveau paradigme.
Chaque projet financé doit être traçable, évaluable et communicable : la confiance des citoyens et des investisseurs passe par la clarté de la gestion publique.
VII. Conclusion : De la dépense à la puissance d’investissement
Le PLF 2026 doit incarner un tournant structurel : celui du passage d’un État dépensier à un État investisseur et stratège.
L’investissement n’est pas une ligne budgétaire, c’est un projet de société.
C’est par lui que le Maroc consolidera sa souveraineté, réduira ses inégalités territoriales et préparera l’émergence d’une économie résiliente, compétitive et inclusive.
L’histoire économique des nations montre que ceux qui investissent au bon moment, dans les bons secteurs, avec la bonne gouvernance, sont ceux qui écrivent leur propre destin.
Le Maroc a cette opportunité.
Le PLF 2026 doit en être la boussole.






















