Dans son allocution d’ouverture, le ministre de l'équipement et de l'eau, Nizar Baraka a souligné que cette conférence coïncide avec le 55ᵉ anniversaire de l’International Water Resources Association (IWRA) et représente la deuxième édition organisée au Maroc après celle tenue en 1991 à Rabat.
M. Baraka a mis en lumière les défis liés à l’eau que le pays doit affronter, accentués par le changement climatique et les épisodes récurrents de sécheresse. Il a par ailleurs exposé la stratégie marocaine reposant sur l’innovation, l’adaptation et une gestion intégrée des ressources en eau.
"Grâce à la vision proactive de Sa Majesté le Roi, le Maroc a adopté une politique de l’eau basée sur une approche systémique combinant eau, énergies renouvelables et alimentation. Celle-ci relie ces trois secteurs au sein d’une politique unique, d’une vision commune et de résultats concrets pour améliorer la vie des citoyens." a expliqué le ministre.
"Par ailleurs, le Maroc déploie des innovations pour optimiser la gestion de l’eau, telles que l’irrigation intelligente, les compteurs connectés pour détecter les fuites, la réduction de l’évaporation et l’installation de panneaux solaires flottants sur les barrages. Le programme « Ghaith », dédié à la fabrication artificielle de pluie, a été modernisé grâce à l’intelligence artificielle et de nouvelles technologies aériennes et numériques," a poursuivi M. Baraka.
Placé sous le thème « L’eau dans un monde en évolution : innovation et adaptation », le XIXᵉ Congrès réunie tables rondes, panels, ateliers et sessions techniques abordant des sujets variés allant de la diplomatie à la finance dans le domaine hydrique, en passant par les solutions fondées sur la nature.
Il enregistre ainsi la participation de personnalités éminentes, parmi lesquelles M. Li Yuanyuan, président de l’IWRA, M. Loïc Fauchon, président du Conseil mondial de l’eau, Mme Retno Marsudi, Envoyée spéciale du Secrétaire général des Nations unies, M. Li Guoyin, ministre chinois des Ressources en eau, M. Ebubekir Gizligider, ministre turque de l'agriculture et des forêts et pleins d'autres.
M. Li a souligné que la gestion durable des ressources en eau reste un défi mondial majeur, encore plus pressant qu’il y a 30 ans : « Le changement climatique accroît les incertitudes du cycle hydraulique
et provoque des sécheresses et des inondations plus fréquentes, tandis que le développement socio-économique exerce une pression croissante sur les systèmes naturels. Les liens interdisciplinaires entre l’eau et la santé, les terres, l’alimentation, l’énergie, l’écologie et d’autres facteurs socio-économiques rendent les enjeux liés à l’eau de plus en plus complexes. »
Il a également insisté sur le rôle de l’IWRA en indiquant que « L’association demeure pleinement engagée dans une intégration étroite de la science, des politiques et de la pratique, et crée continuellement des opportunités d’échanges entre scientifiques, décideurs et praticiens afin de stimuler des solutions innovantes. »
Ensuite, Loïc Fauchon, président du Conseil mondial de l’eau a annoncé l’engagement de son institution, aux côtés des autorités marocaines, pour la création d’un Centre international dédié aux eaux non conventionnelles associées aux énergies renouvelables. Il a souligné qu’il s’agit d’une volonté commune d’innover et de coopérer, en s’appuyant sur l’expertise reconnue du Maroc du dessalement à Dakhla à l’énergie éolienne à Tanger, du solaire à Ouarzazate au recyclage des eaux à Rabat.
Conscient des défis liés à la sobriété, M. Fauchon a mis en avant la nécessité d’une sobriété numérique, mais aussi industrielle, soulignant l’importance d’anticiper dès aujourd’hui les besoins en eau et en énergie que représenteront, d’ici 2030, quelque 25 000 data centers, plusieurs centaines de centrales nucléaires et plus de 3 milliards de climatiseurs.
Face à ces enjeux, il a présenté plusieurs pistes de réflexion qui se veulent autant de propositions : la création d’une Coalition pour l’eau des mégapoles, d’un Centre international consacré aux ressources en eau non conventionnelles, d’un Laboratoire de la sobriété hydrique, ainsi que d’un « New Deal » pour l’assainissement. À ces initiatives s’ajoutera la présentation d’un Centre « One Water, One Health », développé par le Conseil en partenariat avec la Turquie et l’Union européenne.
Le programme du 19ᵉ Congrès mondial de l’eau comprend notamment une table ronde ministérielle, quatre panels de haut niveau, plus de 140 sessions techniques animées par des experts internationaux, des événements parallèles pour approfondir des thématiques spécialisées, ainsi qu’un vaste espace d’exposition dédié aux technologies et projets hydriques innovants.
L’événement se conclura par la Déclaration de Marrakech, un appel collectif rassemblant décideurs, scientifiques et praticiens afin de renforcer le lien entre science, politiques et action, et d’accélérer la mobilisation mondiale pour la préservation des ressources en eau.

























