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Visite de Nasser Bourita à Moscou : Le curieux rapprochement maroco-russe !


Rédigé par Anass MACHLOUKH Jeudi 16 Octobre 2025

Le Maroc et la Russie multiplient les signes de rapprochement à la veille de la réunion du Conseil du Sécurité sur le Sahara. La visite inopinée de Nasser Bourita à Moscou est tout sauf une visite de courtoisie. Décryptage.



Nasser Bourita s'est entretenu, ce jeudi, avec son homologue russe Serguei Lavrov à Moscou.
Nasser Bourita s'est entretenu, ce jeudi, avec son homologue russe Serguei Lavrov à Moscou.
Personne ne s'attendait à une visite aussi importante dans un timing aussi sensible. Le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, est en déplacement officiel à Moscou, où il a rencontré son homologue russe, Sergueï Lavrov. 

L’annonce a pris tout le monde de court d’autant plus que les deux ministres se sont vus il n’y a pas si longtemps à News York dans les couloirs des Nations Unies en marge de l’Assemblée générale. L’enjeu est de taille. Le chef de la diplomatie marocaine ne prendrait pas la peine de faire un si long trajet vers le pays des tsars s’il n’y avait pas de vrais sujets de discussion. 

L’ordre du jour s’annonce important, à en croire le communiqué du ministère russe des Affaires étrangères qui a qualifié le Maroc de “ partenaire important" en Afrique. Les deux ministres se sont félicités de la dynamique de coopération bilatérale et réaffirmé leur volonté commune d’élever ces relations à un niveau supérieur, selon le compte rendu officiel. En plus des paroles, il y a les actes.  Un Comité de Travail russo-marocain à l’échelle ministérielle a été créé pour identifier de nouveaux axes de coopération à forte valeur ajoutée. 

"Nous considérons la Russie comme un acteur influent sur la scène international", a déclaré Nasser Bourita, qui a souligné que les deux pays cherchent à donner plus de rayonnement aux relations bilatérales. 

Sahara : la Russie priée de contribuer à la dynamique internationale 

Que se passe-t-il vraiment ? s'interrogent les commentateurs qui ne peuvent pas s’empêcher de faire le lien entre cette nouvelle réunion et la dernière sortie médiatique de Sergueï Lavrov sur la question du Sahara qui a fait couler beaucoup d’encre.

Le diplomate chevronné a déclaré lundi, à Moscou, lors d’une conférence de presse, que la Russie est prête à approuver toute solution acceptée par les parties prenantes, sous-entendant que rien n’empêche Moscou de “bénir” le plan d’autonomie pourvu qu’il fasse l'object d'une solution négociée sous parrainage onusien. Est-ce un volte-face ou un virage pro-marocain ? Les analyses se succèdent sur les colonnes de la presse et les plateaux télé sur les intentions des Russes qui, rappelons-le, n’ont jamais opposé leur véto aux résolutions des Nations Unies sur le Sahara en dépit de leur alliance historique avec l’Algérie. Moscou est resté fidèle à sa neutralité traditionnelle. 

Pour sa part, le Maroc veut préserver le statu quo en s'assurant que les Russes ne s'inscrivent pas en porte-à faux de la dynamique international en faveur du plan d'autonomie d'autant plus que la Russie préside actuellement le Conseil de Sécurité. Nasser Bourita a expliqué pendant sa conférence de presse conjointe avec son homologue russe qu'il est important d'avancer pour mettre fin à ce conflit vieux de cinquante ans dans le cadre  de la légalité internationale. 

Maintenant, les spéculateurs les plus audacieux patientent sur un changement de cap de la Russie qui,  à en croire les adeptes de cette hypothèse,  serait disposée à laisser passer le plan d’autonomie au Conseil de Sécurité lors de la réunion décisive prévue fin octobre. 

Le projet du texte que préparent actuellement les Américains s'annonce déjà favorable au Maroc du moment que Washington répète sans cesse que le plan d'autonomie est l’unique solution envisageable. Par conséquent, l'initiative marocaine devrait être consacrée comme unique base de négociation. Reste juste à savoir le sort des Casques bleus (la MINURSO) et le format des négociations si elles devaient avoir lieu. 

Le Maroc vu de Moscou 

Il n’y a pas plus réalistes que les Russes dont la proximité historique avec l’Algérie ne les a pas empêchés d’avoir des relations étroites avec le Maroc. Moscou tient compte de l'influence du Royaume en Afrique notamment au Sahel où les Russes sont présents militairement à travers leurs fameux “Africa corps” qui ont succédé aux milices Wagner au grand dam de l’Algérie qui s’en plaint sans cesse. 

Le Maroc s’est manifestement rapproché des nouveaux régimes sahéliens dont il a l'oreille. C’est l’un des rares pays à avoir établi des liens de confiance avec ces pays auxquels le Royaume, en plus, offre un débouché maritime pour les désenclaver.

Tout cela n’échappe pas aux Russes, nous confie un diplomate russe qui connaît bien la région. Moscou voit donc le Maroc comme un interlocuteur crédible contrairement à une Algérie déboussolée qui perd pied dans son voisinage sahélien où elle n'a plus aucune influence. 

Ce sujet a été au cœur des discussions entre Nasser Bourita et son homologue russe. Ils ont souligné l'importance de respecter la souveraineté des Etats du Sahel qui, selon l'expression du ministre marocain, ne doivent être soumis à aucune tutelle notamment de ceux qui voient la région comme une chasse gardée. Une pique indirecte à l'Algérie qui s'est longtemps comportée en terrain conquis au Mali où elle soutient le séparatisme touareg. 

Par ailleurs, le rapprochement maroco-russe est le fruit d’une longue histoire. Les deux pays vont doucement et graduellement. Ils ont pu forger au fil des années un partenariat important depuis 2002, date de la première visite de SM le Roi en Russie. Vladimir Poutine s’est rendu quant à lui, quatre années plus tard à Rabat avant la visite historique du Souverain à Moscou en 2016 qui a donné lieu à un partenariat stratégique. Les intérêts communs sont nombreux. Les Russes chérissent les eaux marocaines auxquelles ils ont accès grâce à l’accord de pêche, le commerce progresse constamment au moment où on parle d’une volonté russe de signer un accord de libre-échange sans oublier la coopération dans le nucléaire civil toujours sur la table. 







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