Selon les vérifications de l'AFP, au moins 151 pays sur les 193 membres de l'ONU reconnaissent déjà l'Etat de Palestine, n'ayant pas obtenu de confirmation récente pour trois pays africains. Six pays européens - France, Belgique, Luxembourg, Malte, Andorre et Monaco - ont complété, avec des déclarations officielles à la tribune de l'ONU, cette liste déjà rallongée par le Royaume-Uni et le Canada - premiers pays du G7 à faire une telle reconnaissance -, l'Australie et le Portugal. La Russie, les pays arabes, quasiment tous ceux d'Afrique et d'Amérique latine, la grande majorité des pays asiatiques, dont l'Inde et la Chine, sont déjà sur cette liste.
La guerre à Gaza menée par Israël le 7 octobre 2023 a entraîné une série de reconnaissances, par déjà 19 pays.
Le continent européen était jusqu'à présent le plus divisé, pratiquement à moitié-moitié. Jusqu'aux années 2010, les seuls pays reconnaissant l'Etat de Palestine étaient, outre la Turquie, ceux de l'ancien bloc soviétique. Mais la Hongrie et la République tchèque considèrent aujourd'hui ne pas avoir fait de reconnaissance bilatérale.
La guerre à Gaza menée par Israël le 7 octobre 2023 a entraîné une série de reconnaissances, par déjà 19 pays.
Le continent européen était jusqu'à présent le plus divisé, pratiquement à moitié-moitié. Jusqu'aux années 2010, les seuls pays reconnaissant l'Etat de Palestine étaient, outre la Turquie, ceux de l'ancien bloc soviétique. Mais la Hongrie et la République tchèque considèrent aujourd'hui ne pas avoir fait de reconnaissance bilatérale.
La reconnaissance ne crée pas l'Etat
Jusqu'au début de la guerre à Gaza, l'Europe de l'Ouest et du Nord était unanime sur la non-reconnaissance, exception faite de la Suède depuis 2014. Mais en 2024, Norvège, Espagne, Irlande et Slovénie ont suivi la voie de Stockholm, puis les pays des derniers jours, France et Royaume-Uni en tête. A l'inverse, l'Italie ou l'Allemagne ne l'envisagent pas.
Une question compliquée en droit international, "un peu à mi-chemin entre le politique et le juridique", selon Romain Le Bœuf, professeur de droit international à l'Université d'Aix-Marseille.
"Les Etats sont libres du moment et de la forme de la reconnaissance", avec des manières "très variables", explicites ou implicites, explique-t-il à l'AFP.
En revanche, "le droit international est assez clair: la reconnaissance ne crée pas l'Etat, pas plus que l'absence de reconnaissance n'empêche l'Etat d'exister", poursuit Le Bœuf, les éléments d'existence d'un Etat étant un territoire, une population et un gouvernement indépendant.
Si la portée d'une reconnaissance d'Etat est "largement symbolique et politique", dans le cas de la Palestine, cela fait quand même trois quarts des pays "qui vous disent que la Palestine réunit les conditions nécessaires" pour être un Etat, souligne-t-il.
"En termes de symbolisme, cela change en quelque sorte la donne", considérait mi-août dans le New York Times l'avocat et professeur de droit franco-britannique Philippe Sands. "Parce qu'une fois que vous reconnaissez le statut d'Etat à la Palestine, (...) vous placez essentiellement la Palestine et Israël sur un pied d'égalité en termes de leur traitement en vertu du droit international".
« Une reconnaissance à la symbolique creuse »
Mustafa Barghouti, chef de l'Initiative nationale palestinienne, a appelé les pays occidentaux à accorder aux Palestiniens une reconnaissance plus que symbolique de l'État de Palestine, soulignant la nécessité d'agir pour tenir l'État occupant responsable de ses politiques. Dans un article publié dans le New York Times, Barghouti considère cette reconnaissance comme un «symbole creux» et «au pire, une diversion devant l'inaction face à l'agression israélienne contre Gaza, à la famine et au déplacement forcé de près de deux millions de Palestiniens qui y vivent». Il a souligné la nécessité que cette reconnaissance s'accompagne d'une action internationale forte pour tenir l'État occupant responsable de ses politiques illégales et destructrices. Il a également rappelé que le gouvernement israélien avait approuvé l'expansion des colonies dans la zone dite «E1» à l'est de Jérusalem occupée en août dernier, après que la France et d'autres pays ont annoncé leur intention de reconnaître l'État de Palestine, divisant de fait la Cisjordanie en deux.