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International

​Alger rallume les braises diplomatiques avec Paris et Madrid


Rédigé par Hichem ABOUD Jeudi 11 Décembre 2025

L’accalmie n’aura été qu’un mirage. Alors que l’on croyait les relations d’Alger avec Paris et Madrid en voie de normalisation, le pouvoir algérien relance brusquement les hostilités. Deux événements viennent ranimer la tension : le refus de la justice française de libérer le sous-officier Smaïl Radjeb, et la visite hautement symbolique de Pedro Sánchez à Rabat.



(Création : L'Opinion)
(Création : L'Opinion)
Une double salve médiatique, millimétrée depuis El Mouradia. Lundi 8 décembre, Le Soir d’Algérie et El Khabar publient, au même instant, la même charge en une. Même titre, même ton, même cible : « Justice française : quand Paris sombre dans sa propre hypocrisie ». Une orchestration trop parfaite pour être fortuite.

Le texte, visiblement écrit loin des salles de rédaction, accuse l’Élysée d’entretenir « un réflexe colonial pur et dur » et une « nostalgie pathologique d’un temps révolu ». Le message est clair : Alger relève le gant.

Mais c’est un autre passage qui interpelle : celui consacré au journaliste français Christophe Gleizes, condamné le 3 décembre à Tizi Ouzou, en appel, à 7 ans de prison.


Quand la presse stipendiée raille la justice française :

« La France, dans son costume de donneur de leçons, critique une justice algérienne qui, elle, n’a jamais arrêté un diplomate français en pleine rue sur la base du signalement d’un téléphone portable », écrit Le Soir d’Algérie. « Ainsi donc, la France, “patrie des droits de l’homme”, en serait réduite à humilier un diplomate algérien comme un vulgaire délinquant, au seul motif que son téléphone aurait “borné quelque part”. Si ce n’est pas honteux, c’est risible. C’est réel, c’est une farce » ajoute le quotidien algérien. Et, à en croire le journal, la réalité serait encore plus sombre : « en France, la justice ne serait qu’un outil politique, un instrument de répression et un paravent moral pour une élite persuadée d’être toujours maîtresse du monde ».

On peine à croire que ces lignes aient été publiées par un journal algérien. Quand on connaît — même de loin — « l’indépendance » de la justice et de la presse en Algérie. L’auteur anonyme de ce brûlot aurait dû tourner non pas sept fois, mais soixante-dix fois sa plume dans l’encrier avant de se risquer à donner des leçons. Un minimum de pudeur — ou à défaut un brin de lucidité — aurait sans doute évité à ce texte de sombrer dans la caricature. Car tenter de sermonner un lectorat qui connaît parfaitement l’état réel de la justice et des médias en Algérie, voilà qui relève moins de l’audace que de l’amnésie volontaire.
Derrière ce vernis polémique se cache un odieux chantage. L’échange d’un journaliste contre un barbouze : Smaïl Radjeb, adjudant de la Sécurité militaire algérienne et officier officieux du consulat d’Algérie à Créteil, arrêté en avril dans l’affaire de l’enlèvement du youtubeur Amir DZ.


L’association répétée des deux affaires n’est pas anodine. Entre les lignes, un troc apparaît : Gleizes contre Radjeb. Rien n’est dit ouvertement, mais tout est suggéré. Un message adressé à Paris sans passer par les circuits diplomatiques habituels.


L’autre irritant : l’axe transversal Madrid–Rabat


 De l’autre côté de la Méditerranée, Alger digère mal la solidification du partenariat stratégique entre Madrid et Rabat. Après un long épisode de tensions avec la quasi-totalité de ses voisins, le régime algérien avait pourtant tenté de renouer avec l’Espagne. Le président Tebboune affirmait même que Madrid avait « reconnu son erreur » au sujet du Sahara. On ne sait d’où a-t-il sorti cette conclusion.

Une visite officielle était envisagée. Elle devait, entre autres, permettre d’aborder la très sensible affaire Eltarta, impliquant un réseau criminel, basé en Espagne, utilisé par les services secrets algériens, dans le kidnapping d’un journaliste algérien au mois d’octobre 2024.

Mais cette visite n’aura pas lieu. Et pour Alger, le coup est rude. Madrid reste sur sa ligne. Alger s’agace.  Le 4 décembre, lors de la 13ᵉ Réunion de Haut Niveau, le gouvernement espagnol a réaffirmé — sans nuance — son soutien au plan d’autonomie marocain, conformément à l’accord du 7 avril 2022 avec le Roi Mohammed VI.

En rappelant la résolution 2797 du Conseil de sécurité, adoptée le 31 octobre, Madrid confirme que sa position est désormais solidement ancrée dans le cadre onusien. Aucune marche arrière. Aucun rééquilibrage. Aucun signe d’hésitation.
Pour Alger, c’est un revers diplomatique de plus — et un irritant supplémentaire dans un environnement déjà saturé de tensions et de malentendus.
 



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