Chaque soir, l’arrondissement Sidi Belyout change radicalement de physionomie et un nouveau dynamisme s’y installe, marqué par l’animation des cafés, la fréquentation des terrasses et l’intensification du trafic. Ce mouvement, qui contribue à la vitalité économique et sociale du quartier, entraîne néanmoins des conséquences notables pour la qualité de vie des résidents, notamment en matière de tranquillité nocturne.
Dans le secteur de la rue Chaouia, réputée pour ses établissements ouverts jusque tard dans la nuit, la densité des activités génère un environnement sonore particulièrement soutenu. Les riverains, qui vivent à proximité immédiate, rapportent une persistance des nuisances, parfois difficilement atténuées, même lorsque les fenêtres sont closes. Khalid, agent immobilier exerçant dans un bâtiment voisin, décrit ainsi le phénomène : « Les basses continuent de résonner jusque tard, créant une ambiance qui ne permet pas un repos paisible. Le pic est souvent atteint aux alentours de minuit, suivi par des bruits divers : cris, moteurs, conversations animées qui prolongent cette atmosphère agitée».
Cette effervescence se retrouve également autour de la Place du Maréchal, où la vie nocturne ne faiblit pas. Ce secteur devient une sorte de ville parallèle, où se mêlent établissements de nuit, restaurants, salons de thé et vendeurs ambulants. Les scooters et motos s’y déplacent fréquemment à grande vitesse, et la diffusion sonore est intense, rendant difficile toute tentative de calme à des heures avancées. Les limites entre espace public et privé se brouillent ainsi, dans un contexte urbain dense et mixte.
Par ailleurs, la rue Allal Ben Abdellah, bien que majoritairement résidentielle, connaît une activité accrue en soirée et durant les week-ends. Les cafés qui y opèrent étendent régulièrement leurs terrasses, ce qui, si cela favorise le développement économique local, intensifie également la présence sonore. Le contraste est saisissant entre la vitalité commerciale et les attentes légitimes des habitants en matière de repos. Ces derniers rapportent des réveils fréquents et des nuits fragmentées, ce qui impacte leur bien-être au quotidien. Une habitante résume la situation : « Vivre à proximité d’un café, c’est accepter de ne pas bénéficier pleinement du silence nocturne ».
À proximité, le parc de la Ligue arabe, espace public majeur, devient un lieu de rassemblement important en soirée. Les bancs se transforment régulièrement en espaces conviviaux à ciel ouvert, où des groupes se retrouvent jusqu’aux premières heures du jour. Cette fréquentation témoigne de la vie sociale active du quartier, mais engendre parfois des nuisances, notamment en termes de bruit et de consommation d’alcool. Les habitants des rues adjacentes, notamment Ibnou Hani et Mustapha El Maâni, dénoncent ces troubles qui, malgré les interventions ponctuelles des forces de l’ordre, restent difficiles à réguler durablement. La police, présente sur place, constate souvent les faits mais peine à imposer un ordre strict, compte tenu de la complexité du terrain.
Houda BELABD
Les "points chauds" sous les projecteurs
Les autorités municipales sont pleinement conscientes des enjeux nocturnes de l'arrondissement. Une cellule préfectorale dédiée recense régulièrement les «points chauds» et coordonne les interventions des services de police en partenariat avec l’arrondissement. Ces actions, bien que ponctuelles, visent à rétablir l’ordre lorsque les situations deviennent particulièrement critiques. Pour sa part, le Conseil de la ville de Casablanca travaille actuellement à l’élaboration d’une charte de la vie nocturne. Ce document a pour objectif de fixer des règles claires concernant les horaires d’ouverture, les niveaux sonores tolérés, ainsi que l’organisation d’espaces tampons entre zones festives et quartiers résidentiels.






















