Au milieu des années 1970, deux bluesmen noirs américains rendent l’âme dans une indifférence criante. Le premier, Pinkney « Pink » Anderson raccroche en 1974. Le second, Floyd Council, se soustrait de ce monde en 1976. Dix années plus tôt, des musiciens anglais mordus de blues et versant dans le psychédélique s’inspirent des noms des deux musiciens et se baptisent Pink Floyd. Entre 1974 et 1976, ils réalisent le mordant « Wish You Were Here », 50 ans cet été. Cette sortie intervient après le boom engendré par le précédent album, « The Dark Side of the Moon », et ses 45 millions de copies écoulées. Les 15 millions d’exemplaires vendus par « Wish You… » font tout de même de lui le plus gros succès de l’année 1975. L’opus est enregistré dans les célèbres studios londoniens Abbey Road. Les thèmes de l'album comprennent la critique de l'industrie musicale, l'aliénation et un hommage au membre fondateur Syd Barrett, qui a quitté le groupe sept ans plus tôt à cause de troubles psychiques. Sur « Have a Cigar », on entend la voix du guitariste folk rock Roy Harper, « gourou » incontesté de Jimmy Page, Robert Plant, Peter Townshend, Kate Bush, Pink Floyd donc et Ian Anderson de Jethro Tull. L’album renferme une solide fondation, « Shine On You crazy Diamond », un space rock réparti en neuf segments ouvrant et fermant le disque.
Les sessions de « Wish You Were Here » durent de janvier à juillet 1975. Le groupe a d’abord du mal à imaginer un nouvel enregistrement, d'autant que le succès de « The Dark Side of the Moon » finit par lessiver les quatre membres, physiquement et émotionnellement. L'enregistrement semble difficile d’accès pour tout le monde, comme l'explique le bassiste Roger Waters : « La plupart d'entre nous auraient souhaité ne pas être là du tout (…) Je n'y étais pas heureux car j'avais le sentiment que nous n'étions pas ensemble. » Le claviériste, Richard Wright, explique qu’une partie des soucis du groupe vient du fait que deux ans les séparent de l'enregistrement de « The Dark Side… » et il parle des sessions de « Wish You Were Here » comme d'« une période difficile ». Malgré les déconvenues rencontrées lors de la production, l'album reste le favori de Wright : « C'est un album que je peux écouter pour le plaisir et ils ne sont pas si nombreux que cela dans le catalogue de Pink Floyd. » Gilmour est du même avis : « En ce qui me concerne, je dois dire que c'est mon album favori, ‘’Wish You Were Here’’. Le résultat final de tout cela, quoi que cela ait été, a définitivement laissé pour moi un album dont je suis très, très heureux. Je l'aime énormément. » Une référence, en somme.
Décès de l’homme enflammé
L'un des événements les plus dérangeants survenus durant l'enregistrement de « Wish You Were Here » a lieu le 5 juin 1975, veille du départ pour une tournée aux États-Unis. Alors que le groupe peaufine l’œuvre, quelqu’un au crâne et aux sourcils rasés, entre dans la pièce, une poche en plastique à la main. Waters ne le reconnaît pas et le guitariste David Gilmour croit tout d'abord qu'il s'agit d'un employé de la maison de disques EMI. Wright, croyant qu'il s'agit d'un ami de Waters, lui demande son identité, avant de reconnaître Syd Barrett. Le batteur Dave Mason ne le reconnaît pas non plus. Il est estomaqué lorsque Gilmour lui apprend la vérité. « Ça nous a fait un sacré effet. Roger et Dave ont pleuré », se souvient le photographe du groupe Storm Thorgerson. Roger Waters a ces mots, plus tard : « Je suis très triste pour Syd. Bien sûr, il était important, et le groupe n'aurait jamais connu ce putain de décollage sans lui, vu qu'il écrivait toutes les chansons. Ça n'aurait pas pu avoir lieu sans lui, mais en même temps, ça n'aurait pas pu continuer avec lui. ‘’Shine On…’’ ne parle pas vraiment de Syd, il symbolise juste l'absence extrême à laquelle certaines personnes sont tentées de céder, parce que c'est la seule façon pour elles de supporter la tristesse de la vie moderne, de se retirer complètement. Je trouve cela terriblement triste. » Une autre tristesse est liée aux Pink Floyd et à « Wish You Where Here » : Ronnie Rondell Jr est mort à 88 ans ce mardi 12 août 2025 dans le Missouri. Cascadeur notoire, il incarnait l'homme d'affaires enflammé sur la célèbre pochette de l'album. L’histoire de cette photo ne manque pas de sel : « Puisqu'il n'était pas possible à l'époque d'avoir recours à des effets numériques, il a fallu saisir l'image au cours d'une séance photo qui s'est déroulée dans les studios Warner Bros de Burbank, en Californie. Pour l'occasion, Ronnie Rondell Jr portait une combinaison ignifugée sous son costume et a été aspergé d'essence avant que le feu ne soit allumé.
Comme le confie Storm Thorgerson dans le documentaire ‘’Pink Floyd : The Story of Wish You Were Here’’, il aura fallu 15 tentatives pour obtenir le résultat souhaité. Mais lors de l'ultime essai, les flammes ‘’ont enflammé l'espace d'un instant la moustache’’ de Ronnie Rondell Jr. ‘’On pourrait appeler ça un rasage de près’’, résume Storm Thorgerson. » Tel cet album qui demeure près du cœur.
Les sessions de « Wish You Were Here » durent de janvier à juillet 1975. Le groupe a d’abord du mal à imaginer un nouvel enregistrement, d'autant que le succès de « The Dark Side of the Moon » finit par lessiver les quatre membres, physiquement et émotionnellement. L'enregistrement semble difficile d’accès pour tout le monde, comme l'explique le bassiste Roger Waters : « La plupart d'entre nous auraient souhaité ne pas être là du tout (…) Je n'y étais pas heureux car j'avais le sentiment que nous n'étions pas ensemble. » Le claviériste, Richard Wright, explique qu’une partie des soucis du groupe vient du fait que deux ans les séparent de l'enregistrement de « The Dark Side… » et il parle des sessions de « Wish You Were Here » comme d'« une période difficile ». Malgré les déconvenues rencontrées lors de la production, l'album reste le favori de Wright : « C'est un album que je peux écouter pour le plaisir et ils ne sont pas si nombreux que cela dans le catalogue de Pink Floyd. » Gilmour est du même avis : « En ce qui me concerne, je dois dire que c'est mon album favori, ‘’Wish You Were Here’’. Le résultat final de tout cela, quoi que cela ait été, a définitivement laissé pour moi un album dont je suis très, très heureux. Je l'aime énormément. » Une référence, en somme.
Décès de l’homme enflammé
L'un des événements les plus dérangeants survenus durant l'enregistrement de « Wish You Were Here » a lieu le 5 juin 1975, veille du départ pour une tournée aux États-Unis. Alors que le groupe peaufine l’œuvre, quelqu’un au crâne et aux sourcils rasés, entre dans la pièce, une poche en plastique à la main. Waters ne le reconnaît pas et le guitariste David Gilmour croit tout d'abord qu'il s'agit d'un employé de la maison de disques EMI. Wright, croyant qu'il s'agit d'un ami de Waters, lui demande son identité, avant de reconnaître Syd Barrett. Le batteur Dave Mason ne le reconnaît pas non plus. Il est estomaqué lorsque Gilmour lui apprend la vérité. « Ça nous a fait un sacré effet. Roger et Dave ont pleuré », se souvient le photographe du groupe Storm Thorgerson. Roger Waters a ces mots, plus tard : « Je suis très triste pour Syd. Bien sûr, il était important, et le groupe n'aurait jamais connu ce putain de décollage sans lui, vu qu'il écrivait toutes les chansons. Ça n'aurait pas pu avoir lieu sans lui, mais en même temps, ça n'aurait pas pu continuer avec lui. ‘’Shine On…’’ ne parle pas vraiment de Syd, il symbolise juste l'absence extrême à laquelle certaines personnes sont tentées de céder, parce que c'est la seule façon pour elles de supporter la tristesse de la vie moderne, de se retirer complètement. Je trouve cela terriblement triste. » Une autre tristesse est liée aux Pink Floyd et à « Wish You Where Here » : Ronnie Rondell Jr est mort à 88 ans ce mardi 12 août 2025 dans le Missouri. Cascadeur notoire, il incarnait l'homme d'affaires enflammé sur la célèbre pochette de l'album. L’histoire de cette photo ne manque pas de sel : « Puisqu'il n'était pas possible à l'époque d'avoir recours à des effets numériques, il a fallu saisir l'image au cours d'une séance photo qui s'est déroulée dans les studios Warner Bros de Burbank, en Californie. Pour l'occasion, Ronnie Rondell Jr portait une combinaison ignifugée sous son costume et a été aspergé d'essence avant que le feu ne soit allumé.
Comme le confie Storm Thorgerson dans le documentaire ‘’Pink Floyd : The Story of Wish You Were Here’’, il aura fallu 15 tentatives pour obtenir le résultat souhaité. Mais lors de l'ultime essai, les flammes ‘’ont enflammé l'espace d'un instant la moustache’’ de Ronnie Rondell Jr. ‘’On pourrait appeler ça un rasage de près’’, résume Storm Thorgerson. » Tel cet album qui demeure près du cœur.