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Lutte antiterroriste : Vitrine du soft power sécuritaire marocain au Sahel


Rédigé par Amine ATER Mardi 16 Février 2021

Le choix du Maroc pour abriter le siège du Programme des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme et la formation en Afrique, représente un nouvel atout de taille pour le soft power marocain.



Lutte antiterroriste : Vitrine du soft power sécuritaire marocain au Sahel
L’annonce au dernier Conseil des ministres de la mise en place, à Rabat, du siège du Programme des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme et la formation en Afrique de l’UNOCT, vient conforter le Royaume dans sa position de pivot dans les efforts de lutte régionale contre le terrorisme. « La création à Rabat du siège du Programme pour la lutte contre le terrorisme et la formation en Afrique de l’UNOCT, a été actée en octobre 2020, suite à une réunion entre un envoyé spécial de l’ONU et le ministère des Affaires étrangères. Ce qui est important dans la question est que cette structure est entièrement dédiée à la formation, au suivi et à la production d’expertise ou d’études pour le continent africain », explique Khalid Chegraoui, Senior Fellow au Policy Center for the New South et expert des affaires africaines

L’approche marocaine en proue

Le choix du Maroc pour abriter cette structure s’explique par les efforts mobilisés par le Royaume dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. S’y ajoute l’approche adoptée par Rabat sur la question qui mise sur le partage de son expérience en la matière avec son environnement régional. Preuve en est les remerciements adressés par la CIA et le FBI aux services de sécurité marocains pour leur concours dans la neutralisation de menaces terroristes. Une coopération qui s’étend également à l’Afrique subsaharienne où, en plus des contingents de Casques bleus, le Royaume multiplie les actions de soutien au niveau du renseignement, de l’expertise médico-légale ou encore en matière de formation. 

Depuis le début des années 2000, on ne compte plus les stratégies de lutte contre le terrorisme développées à travers monde. Des modèles qui souffrent de problèmes d’adaptation à l’espace, aux moyens et aux cultures locales. « Sur ce point, je pense que le Maroc est à même de faire la différence de par certaines ressemblances sociétales et de similitudes en termes d’approche technique et sécuritaire, notamment avec les pays francophones. Le Royaume partage par ailleurs le même corpus religieux, avec la sous-région sahélosahariennes. Des éléments qui favorisent le partage de l’expertise marocaine en termes de contre-terrorisme sur le plan des politiques publiques et de la gestion du fait religieux dans l’espace public. S’y ajoutent d’autres instruments de soft power comme la culture», précise Chegraoui.

Une menace en expansion

En plus de ce savoir-faire, la stabilité politique dont jouit le Royaume a favorisé la candidature marocaine pour abriter le siège du Programme de l’UNOCT. La mise en place de cette structure vient, rappelons-le, au moment où le danger terroriste se renforce au niveau continental. Une menace exacerbée suite à la perte d’assise territoriale de Daech au Moyen-Orient et qui fait craindre une migration de ce qui reste de la mouvance vers l’Afrique. 

L’Organisation de l’Etat Islamique comme d’autres groupes terroristes multiplient les tentatives d’implantation au niveau africain, après la Libye et la zone allant du Sahel au Sahara, ce sont des pays comme le Mozambique ou la République Démocratique du Congo qui font aujourd’hui face à cette menace. Bien que géographiquement, le péril djihadiste semble loin des frontières nationales, le Maroc semble décidé à prendre les devants sur la question. « D’apparence, le renforcement de la menace terroriste dans la région du Sahel ne touche pas directement le Maroc. Il n’empêche que l’instabilité que peut engendrer ce phénomène peut menacer le Royaume. C’est pour cela que le Maroc a toujours défendu l’intégrité territoriale des pays du Sahel, notamment le Mali. Rabat comprend parfaitement que l’instabilité du Sahel ne peut que déboucher sur l’instabilité de l’ensemble des pays africains qu’ils soient environnants ou pas », confie l’expert.

Parallèlement, cette expansion de la sphère d’influence des mouvances terroristes dans la zone du Sahel fait craindre des porosités au niveau des camps de séquestrés de Tindouf. 

« Les filières terroristes pêchent dans les eaux troubles, soit les zones de faiblesse et d’indigence. Ce qui est le cas des campements de Tindouf où la jeunesse doit composer avec l’oisiveté et le déracinement culturel et civilisationnel. On n’a pas besoin de faire d’études exhaustives sur le terrain, pour comprendre que la jeunesse des camps constitue une cible de choix pour les mouvances terroristes. Du point de vue de ces groupes, ce sont de parfaits candidats, les jeunes de Tindouf sont habitués au maniement des armes, connaissent le terrain et sont habitués aux conditions de vie dans le désert. 

C’est facile de passer d’un extrême à l’autre et puis il y a l’intérêt financier qui est non négligeable. Dans ce genre de conditions, quelques centaines d’euros peuvent facilement faire changer les esprits et les comportements», souligne Chegraoui.

Amine ATER

Repères

Jeu trouble algérien
Compte tenu des frontières que l’Algérie partage avec la Mauritanie, le Mali, le Niger et la Libye, le voisin de l’Est tente d’exercer son influence sur ces pays. D’ailleurs, le régime avait grincé des dents au moment de l’opération Serval et n’a cessé de dénoncer les avancées diplomatiques du Royaume dans la région, allant jusqu’à accuser la RAM de faire du trafic de drogue ! D’ailleurs, dans une sortie médiatique récente, le patron du BCIJ, Cherkaoui Habboub, a pointé du doigt l’absence de coopération avec les services de sécurité algériens. Une situation qui constitue une menace pour l’ensemble de la sous-région, selon le BCIJ, mais aussi pour la sécurité physique des Marocains présents dans la zone.
L’atout du cash
L’un des principaux leviers de recrutement des mouvances djihadistes dans le Sahel reste l’argument financier. En effet, ces groupes représentent d’importants pourvoyeurs de richesse et de moyens de subsistance dans des espaces où la pauvreté est reine. Une indigence endémique qui favorise des groupes qui prêchent le djihad le jour et convoient cigarettes, alcool, drogues et migrants la nuit. Les réseaux djihadistes sont ainsi soupçonnés de travailler en sousmain pour les cartels sud-américains en quête permanente de nouvelles routes pour assurer l’approvisionnement de l’Europe en cocaïne. Une manne financière qui fait craindre une contamination des campements de Tindouf où la misère règne. « Il est connu que les petites mosquées des camps sont noyautées par les djihadistes et que beaucoup de membres du Polisario sont actifs dans ce genre de réseau. Une situation à surveiller de près vu qu’à partir de Tindouf, la route est ouverte jusqu’au Sud de la Libye et tout le bassin des fleuves Sénégal et Niger sont menacés par cette question », souligne Khalid Chegraoui.