Interview avec Pr Abdeladim Moumen, fondateur et CSO de MOLDING de MAScIR : " Le kit de diagnostic de la LCM accélère la prise en charge"

 

​Depuis plus d’une dizaine d’années, notre Conseil scientifique a identifié le développement des kits de diagnostic comme étant un axe stratégique. Nous nous sommes donc penchés sur la maîtrise de cette technologie avec une priorité axée vers les maladies prévalentes au Maroc et en Afrique. La Leucémie Myéloïde Chronique fait partie des pathologies identifiées dans notre étude.

Comme démarche, nous avons commencé par les travaux de R&D au niveau du laboratoire de biotechnologie médicale de la Fondation MAScIR qui relève de l’UM6P.

Une fois optimisé, nous avons soumis le kit à la validation biologique au niveau de plusieurs centres agréés nationaux et internationaux, conformément aux standards en vigueur.

Quant à la fabrication et la commercialisation, elles ont été confiées à Moldiag Spinoff de la Fondation, qui dispose de l’expertise et des outils nécessaires pour assurer une production à grande échelle.
 

En capitalisant sur leur expertise en mise au point de kits de diagnostic moléculaires, l’équipe de biotechnologie médicale a mis au point le kit BCR-ABL Quant, en deux ans. Ce kit était l’un des premiers projets de diagnostic sur lesquels nous avons travaillé avant la pandémie du Covid-19, d’où ce délai relativement long.
 

Aujourd’hui, comme nous l’avons montré pendant la pandémie, nous avons la capacité de développer des kits en moins d’un an.
 

Quel serait le volume et la capacité de production ? Serait-ce suffisant pour répondre aux besoins qui se présentent en matière de diagnostic de cette pathologie ?
 

Moldiag dispose d’une ligne de production basée à Rabat avec une capacité de production d’environ 6 millions de tests par mois. Cette capacité est modulée sur les différents kits pour répondre aux besoins des professionnels de la Santé, à savoir le kit de la Covid-19, du cancer du sein, la tuberculose, l’hépatite C et la leucémie.
 

Cette capacité de production est suffisante pour couvrir les besoins nationaux et envisager des opérations d’export en Afrique.
 

Qu’est-ce qui fait la différence entre ce test et les autres tests de LMC disponibles sur le marché marocain, soit en termes d’efficacité ou de coût ?
 

D’un point de vue technique, le test BCR-ABL Quant développé par MAScIR est un test Multiplex permettant de détecter en une seule réaction et dans un même tube les deux gènes de la Leucémie (BCR-ABL et ABL). Notre test dispose d’une efficacité et d’une sensibilité conformes aux standards internationaux. Ceci a été démontré à travers la validation par les cliniciens au Maroc et au niveau d’un laboratoire européen de référence.
 

Quel serait son prix d’achat ? 
 

L’objectif de Moldiag est de mettre sur le marché des solutions pour le dépistage et le diagnostic à coût maîtrisé et largement compétitif par rapport aux produits importés. Il est à noter qu’il ne s’agit pas d’un test destiné au grand public et aux pharmacies. Le test de diagnostic sera réalisé au niveau des laboratoires d’analyse et du CHU. Son prix sera déterminé en concertation avec plusieurs partenaires et en fonction de plusieurs éléments.
 

A quel point ce nouveau test permettra-t-il de renforcer le dispositif de diagnostic de la LMC au Maroc ?
 

Ce dispositif permet de renforcer notre souveraineté sanitaire et de diminuer notre dépendance aux importations, en particulier pour des maladies comme la Leucémie Myéloïde Chronique. La maîtrise des coûts nous permet de rendre ce test accessible à une plus large population, d’autant plus que le malade doit effectuer l’analyse plusieurs fois au cours de son traitement. La production locale permet de répondre immédiatement aux besoins des professionnels de la Santé pour une prise en charge rapide.
 

Quelles sont les difficultés rencontrées lors du processus de fabrication de ce test ? 
 

Les difficultés que nous rencontrons lors du processus de développement et de fabrication de nos tests, sont l’accès aux échantillons et aux réactifs dans la phase de développement et de validation. Malheureusement, les procédures d’importations ne sont pas adaptées aux activités liées à la recherche, les délais de réalisation des essais cliniques et de validation impactent le délai de développement et de mise sur le marché.
 

Quelles sont les aspirations actuelles de la Foundation for Advanced Science, Innovation and Research (MAScIR) et ses perspectives d’action ? 
 

La Fondation MAScIR continue de s’inscrire pleinement dans la réalisation de ses missions à travers la promotion au Maroc des pôles de R&D technologiques et la valorisation des résultats de ses recherches.
 

Au sein de l’écosystème de l’UM6P, nous aspirons à relever de nouveaux défis pour contribuer à la souveraineté nationale pour la promotion « du Made In Morocco » et répondre aux  besoins de l’Afrique.

Abdeladim Moumen-Molding
 
Ces soldats de la souveraineté sanitaire
 

Avant de rejoindre #MAScIR, Pr Moumen était Professeur des sciences biomédicales à l’Université de Londres et chercheur senior à l’université de Cambridge en Grande-Bretagne. Il a obtenu son doctorat en biologie moléculaire et biochimie à l’institut Pasteur de Paris en 2002, puis son HDR (Habilitation à diriger les recherches) à l’université Paris XI en 2012.

Le Professeur Moumen est lauréat du Grand Prix pour l’invention et la recherche en science et technologie, organisé par le Ministère de l’Education Nationale, de l’Enseignement Supérieur au Maroc. Récemment, il a décroché le premier Prix de l'African Entrepreneurship Award, décerné par le groupe BMCE Bank of Africa pour le meilleur projet innovant en Afrique.

Actuellement, Pr Moumen est directeur de R&D en biotechnologie à la fondation MAScIR et fondateur et directeur scientifique de la start-up MOLDIAG.

MOLDIAG est une start-up healthtech marocaine qui produit et commercialise les kits de diagnostic qui servent à détecter plusieurs pathologies prédominantes au Maroc et en Afrique telles que le cancer et les maladies infectieuses.

Ces projets visent non pas seulement la production mais aussi le développent et la validation de nouvelles technologies pour le diagnostic moléculaire du cancer et les maladies infectieuses, l’objectif étant de concevoir des tests efficaces, et surtout à prix abordables.

En effet, la start-up baptisée Moldiag s’est lancée dans un chapitre éloquent depuis qu’elle a remporté en 2018 la première manche à Casablanca, lors du premier Northern African Innovation Tour.