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Harcèlement sexuel : beaucoup de chemin reste à faire !


Rédigé par Hiba CHAKER le Jeudi 24 Mars 2022



Deux professeurs universitaires de Settat ont été jugés le 22 mars et respectivement condamnés à un an et à 18 mois de prison ferme pour «harcèlement sexuel» contre des étudiantes à la suite du scandale «sexe contre bonnes notes». Les prévenus étaient poursuivis notamment pour «incitation à la débauche», «discrimination fondée sur le genre» ou encore «recours à la violence contre des femmes».

Alors que l’affaire «sexe contre bonnes notes» n’avait pas encore connu son épilogue et que la bourrasque d’émoi et d’indignation qu’elle avait suscitée au sein de l’opinion publique nationale n’était pas encore retombée, le professeur d’un lycée pour filles à Tétouan a été arrêté et placé en détention provisoire le 14 mars pour harcèlement, exploitation et agression sexuelle sur mineures.

Le constat est aussi clair qu’effarant : le harcèlement transcende les frontières et les secteurs, du primaire à l’universitaire, en passant par le secondaire, sans oublier le milieu professionnel. Mais le plus déprimant, c’est que ce phénomène scandaleux ne résiste pas à l’épreuve tout aussi scandaleuse de l’amnésie collective qui permet à ce genre d’affaires sordides de se reproduire à intervalles réguliers.

Quoique la mobilisation dans l’affaire «sexe contre bonnes notes» soit devenue virale sur nos réseaux sociaux, engendrant dénonciations et indignations, l’impression d’émergence d’une véritable conscience nationale quant à la gravité de tels faits n’est finalement qu’illusion.

Même si la justice a fait preuve d’une inhabituelle célérité dans le traitement de cette affaire, et même si les jugements prononcés puissent sembler insuffisamment sévères et donc dénués de cet effet de dissuasion sans lequel l’effet d’exemplarité de la loi dans son sens judiciaire se retrouve minoré, le vrai problème qui explique pourquoi de telles affaires continueront à se reproduire réside au fin fond d’une mentalité largement et malheureusement dominante. Celle de l’opportunisme à tout-va, de la prédation et de l’exploitation de plus faible que soit, avec l’assurance d’une certaine impunité perpétuée par l’amnésie et une h’chouma feinte ou réelle. Beaucoup de chemin reste à faire.



Hiba CHAKER