Tout commencera par une parade haute en couleurs, véritable immersion dans l’univers gnaoui, réunissant les Maâlems dans les ruelles de la médina d’Essaouira. Ce cortège donnera le ton d’un festival qui se veut à la fois populaire et spirituel, ancré dans le patrimoine tout en étant tourné vers le monde. Le premier grand concert, prévu sur la scène Moulay Hassan, mettra en lumière Maâlem Hamid El Kasri, figure incontournable de la tagnaouite marocaine, accompagné de la troupe sénégalaise Bakalama, spécialiste des percussions sabar et des danses rituelles. Les voix de la Marocaine Abir El Abed et de la Sénégalaise Kya Loum viendront tisser une fresque sonore entre tradition et modernité.
Fusions artistiques et expérimentations sonores
Le festival ne se contente pas de perpétuer l’héritage musical gnaoui. Il en explore les résonances en le confrontant à d’autres univers sonores. Ainsi, Maâlem Houssam Gania dialoguera avec le batteur new-yorkais Marcus Gilmore, Morad ElMarjan croisera sa voix avec celle du Tunisien Dhafer Youssef, maître du oud et du jazz mystique, et Asmaa Hamzaoui & Bnat Timbouktou ouvriront un chant de résistance féminine avec la Malienne Rokia Koné. L’une des créations phares de cette édition sera portée par Maâlem Mohamed Boumezzough, accompagné de musiciens venus du Maroc, du Mali et de France, pour un voyage collectif entre balafon, cuivres, percussions et spiritualité.
Parmi les têtes d’affiche internationales, le public retrouvera Cimafunk, nouvelle star afro-cubaine, Tiken Jah Fakoly, icône du reggae panafricain, et CKay, jeune phénomène de la pop nigériane.
L’innovation reste au cœur de la programmation avec des formations audacieuses telles que Fehd Benchemsi & The Lallas, le duo DuOud, Nishtiman Project, The Leila ou Ribab Fusion. Autant d’expériences musicales qui mêlent racines locales et influences globales, dans une quête artistique exigeante et sans compromis.
Le Forum des droits humains : penser le monde en musique
Cette 26e édition sera également marquée par la 12e édition du Forum des droits humains, qui abordera cette année la question des mobilités humaines et des dynamiques culturelles. Durant deux jours, chercheurs, écrivains, artistes et intellectuels – dont Andrea Rea, Elia Suleiman, Véronique Tadjo, Faouzi Bensaïdi ou encore Pascal Blanchard – débattront des liens entre migration, création artistique et identité.
Dans le prolongement de cette dynamique, le festival accueillera pour la deuxième fois le programme Berklee at Gnaoua and World Music Festival, en partenariat avec le prestigieux Berklee College of Music. Du 16 au 21 juin, cette initiative offrira à de jeunes musiciens issus de 23 pays une formation d’excellence, au contact d’artistes majeurs de la scène internationale.
Autre nouveauté intellectuelle de cette édition : la création de la "Chaire des Croisements Culturels et Globalisation", en lien avec l’Université Mohammed VI Polytechnique. Deux tables rondes publiques permettront d’explorer, avec des chercheurs et artistes, les croisements entre spiritualité gnaoua et hybridations musicales contemporaines.
Les festivaliers pourront également assister aux débats organisés à l’Arbre à Palabres, lieu d’échange inspiré des traditions orales africaines, visiter l’exposition Entre jeu et mémoire au Borj Bab Marrakech, ou encore profiter des concerts de rue et ateliers publics répartis dans la médina.
