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Discours du Trône : Pour un Maroc plus égalitaire et plus performant


Rédigé par Souhail AMRABI Dimanche 31 Juillet 2022

À l’occasion du 23ème anniversaire de la Fête du Trône, le Souverain a adressé un discours à la Nation, appelant à une série de réformes structurelles. Réforme de la Moudawana, mesures socio-économiques, normalisation des relations avec Alger… Détails.



Samedi soir, les regards étaient rivés sur les écrans pour suivre le discours du Souverain à l’occasion de la Fête du Trône, qui célèbre les 23 ans de Son intronisation. Très attendu, le discours royal, qui intervient cette année dans un contexte économique morose, a été l’occasion, comme à l’accoutumée, de véhiculer plusieurs messages et de lancer la réflexion sur des chantiers stratégiques pour le développement du Royaume.

A l’instar de l’année dernière, le Souverain s’est adressé directement aux dirigeants d’Alger, afin de les appeler à la raison, au moment où les tentatives visant à semer la zizanie entre les deux peuples frères s’intensifient. Dans ce contexte tendu, SM le Roi a exhorté les Marocains «à préserver l’esprit de fraternité, de solidarité et de bon voisinage qui les anime à l’égard de nos frères algériens», assurant qu’en toute circonstance, le Maroc et les Marocains se tiendront toujours à leurs côtés.

Pour Mohamed Benhammou, président du Centre marocain des études stratégiques (CMES), cet appel souligne la volonté du Maroc d’asseoir des relations fraternelles avec l’Algérie et de rejeter tout discours d’hostilité et de confrontation avec le peuple algérien frère.

En effet, si d’aucuns prennent l’initiative, notamment sur les réseaux sociaux, et jettent l’huile sur le feu, aggravant davantage le sentiment de haine entre les deux peuples, le Souverain a tranché en déclarant que «les allégations selon lesquelles les Marocains insulteraient l’Algérie et les Algériens sont le fait d’individus irresponsables qui s’évertuent à semer la zizanie entre les deux peuples frères».

C’est ainsi que le Roi a assuré le peuple marocain de sa ferme volonté de trouver une issue à la situation actuelle et de favoriser le rapprochement, la communication et la compréhension entre les deux peuples. «Nous aspirons à oeuvrer avec la présidence algérienne pour que le Maroc et l’Algérie puissent travailler, main dans la main, à l’établissement de relations normales entre deux peuples frères, unis par l’Histoire, les attaches humaines et la communauté de destin», a-t-il souligné dans son discours, donnant espoir à des milliers de familles (marocaines et algériennes) souhaitant renouer avec leurs proches de l’autre côté de la frontière.

Economie : haro sur les mauvaises pratiques !

Malgré les effets ravageurs de la crise mondiale, le Maroc a pu tirer son épingle du jeu, grâce aux efforts concertés de l’Etat et des secteurs public et privé. En témoigne la croissance économique nationale qui se serait légèrement accélérée au deuxième trimestre 2022, s’établissant à +0,9%, en rythme annuel, au lieu de +0,3% au trimestre précédent, selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP), et ce, malgré un contexte international moins porteur.

Ce léger regain de dynamisme est dû à un ensemble de facteurs et d’initiatives lancées, conformément aux orientations royales dont on citera, et non des moindres, le programme national pour atténuer l’impact de la sécheresse sur les agriculteurs et sur la population rurale, les subventions de certains produits de base, sans oublier le budget alloué en 2022 à la Caisse de Compensation qui a été doublé, excédant ainsi les 32 milliards de dirhams.

Néanmoins, malgré ces efforts, la relance économique peine à prendre son rythme de croisière, non seulement du fait des aléas des chocs successifs internationaux, mais également suite aux mauvaises pratiques des opérateurs économiques nationaux. Des pratiques qui suscitent l’ire des ménages, dont le pouvoir d’achat est réduit comme peau de chagrin.

Sur ce volet, SM le Roi a appelé à consolider «des mécanismes de solidarité nationale, à la lutte déterminée et responsable contre les spéculations et la manipulation des prix». Un rôle qui revient au Conseil de la Concurrence, lequel, depuis la nomination d’Ahmed Rahhou, multiplie les auto-saisines et accélère le délai de traitement des dossiers. Cela dit, le Souverain a montré que la crise constitue également une opportunité pour le Royaume, car les mutations du marché international sont une occasion pour le pays d’attirer plus d’investissements, stimuler les exportations, promouvoir le produit national.

A cet égard, Sa Majesté a appelé «le gouvernement ainsi que les sphères politique et économique à offrir plus de facilités aux investissements étrangers qui, en cette conjoncture internationale, choisissent notre pays, en éliminant tout obstacle qu’ils peuvent rencontrer». De fait, le plus grand péril pour le développement du pays et pour la promotion des investissements réside dans les entraves dressées à dessein par certains pour préserver leurs propres intérêts et réaliser des profits personnels, a ajouté le Souverain, avant de déclarer que «ces agissements doivent être combattus».

Capitaliser sur les potentialités de la femme

Le discours de SM le Roi Mohammed VI a également mis l’accent sur la nécessité de promouvoir la condition de la femme, l’une des priorités du règne du Souverain qui reste tributaire de la pleine participation de tous les Marocains, hommes et femmes.

«Le Discours royal s’inscrit dans la continuité des réformes entreprises par SM le Roi depuis Son accession au Trône de Ses glorieux ancêtres pour donner à la femme la place qui lui échoit dans la société», selon le vice-doyen de la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Tanger, Hamid Aboulas, qui a noté que la pratique a montré que malgré les réformes (Code de la famille, Constitution de 2011, Code de la nationalité...) qui ont réalisé un saut qualitatif, la révision est de mise afin de pallier certaines lacunes.

En effet, le Souverain a indiqué qu’aujourd’hui, l’esprit de la réforme ne consiste pas à octroyer à la femme des privilèges gracieux, mais, bien plus précisément, à lui assurer la pleine jouissance des droits légitimes que lui confère la Loi. Dans le présent Maroc, «il n’est en effet plus possible qu’elle en soit privée», a-t-il tranché.

A cet égard, SM le Roi a appelé à l’opérationnalisation des institutions constitutionnelles concernées par les droits de la famille et de la femme, tout en ordonnant la mise à jour des dispositifs et des législations nationales dédiés à la promotion de ces droits. Le Code de la Famille fait partie des chantiers à réviser, du fait que l’expérience a en effet mis en évidence certains obstacles qui empêchent de parfaire la réforme initiée et d’atteindre les objectifs escomptés. C’est ainsi que le Souverain a souligné l’impératif de dépasser les défaillances et les aspects négatifs révélés par l’expérience menée sur le terrain et, le cas échéant, de refonder certaines dispositions qui ont été détournées de leur destination première.

Ceci dit, SM le Roi, en sa qualité d’Amir Al-Mouminine, a affirmé que la réforme doit être menée en parfaite concordance avec les desseins ultimes de la Loi islamique (Charia) et les spécificités de la société marocaine. Une réforme qui doit comporter modération, ouverture d’esprit dans l’interprétation des textes, volonté de concertation et de dialogue et démarche participative.