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Baromètre : Grâce à une communauté active, l’Istiqlal réussit sa «révolution digitale»


Rédigé par Saâd Jafri Lundi 2 Août 2021

Au Maroc, quatre partis politiques représentent à eux seuls quelque 96% de part de présence sur internet, sachant que les élections approchent à grands pas.



Partout dans le monde, l’essor des nouvelles technologies d’information et de communication et des nouveaux médias a refaçonné la vie politique, permettant une circulation rapide de l’information, une stimulation du débat politique, une interactivité accrue entre les partis politiques et le public, et un travail de mobilisation des partisans plus efficace.

Le Maroc n’échappe pas à la règle, surtout avec l’avènement de la crise sanitaire qui a obligé la substitution du contact interpersonnel entre les politiques et le public par une relation plus digitale et dématérialisée.

C’est du moins ce qui ressort du baromètre de l’empreinte numérique des partis politiques au Maroc, réalisé par l’Observatoire des opinions publiques numériques, dans l’objectif de mesurer la présence des partis sur les différentes plateformes digitales (réseaux sociaux, media digitaux, sites web, blog …) et définir leurs principales tendances.

Selon le rapport, le nombre de publications concernant les partis politiques ont évolué de 27% pendant le premier semestre 2021, avec une forte progression entre janvier et juin (+50%) montrant l’accélération de la campagne électorale. Facebook réalise, selon la même source, plus du 1/3 des publications, et devient ainsi le premier média d’informations politiques, précisant que chaque Marocain aurait remarqué 52 publications concernant un parti politique sur la période précitée.

«Une fois encore, Facebook confirme son hégémonie, puisque 8 Marocains sur 10 s’étant intéressés à une publication sur un parti politique l’auront fait à partir de cette plateforme», affirment les auteurs dudit rapport. Cependant, seulement 0.34% des internautes ont interagi avec des publications politiques, même si ce chiffre a doublé entre janvier et juin pour atteindre un taux d’engagement de 0.50%, il laisse pourtant à désirer. A titre de comparaison, le taux d’engagement moyen sur Facebook est de 0.96%.

La «révolution digitale» de l’Istiqlal porte ses fruits

Par ailleurs, l’Observatoire souligne que quatre partis représentent 96% de la part de présence sur internet, précisant que 2 partis augmentent sensiblement leur présence sur internet. Il s’agit du Rassemblement National des Indépendants (RNI) qui investit massivement dans le digital, et le Parti de l’Istiqlal qui est fortement soutenu par ses partisans et sympathisants.

Le parti de la Balance a touché 260 millions d’utilisateurs entre le début de l’année et fin juin, enregistrant une forte progression de sa présence, indique le rapport qui fait remarquer que l’Istiqlal domine nettement les partis de l’opposition. «Le Parti Authenticité et Modernité (PAM), avec une moyenne de part de présence de 13%, voit sa présence sur internet baisser de 6% entre janvier et juin», précise-t-on. Pour ce qui est du PJD qui, auparavant, dominait la scène digitale, les tendances de janvier à juin montrent une forte érosion de sa part de présence qui passe de 47% à 34%, soit une baisse de 13%.

«Le Parti de l’Istiqlal semble avoir la communauté partisane et de sympathisants la plus dynamique aussi bien sur les engagements qu’en viralité et aura réussi à proposer des contenus proches de leurs centres d’intérêt», ajoute le rapport. Il est suivi par le PAM sur le critère «interaction» et par le PJD sur le critère «viralité».

Il est à noter que pour mesurer le dynamisme de la communauté de chaque parti, le critère du nombre d’interactions moyennes pour 1000 fans a été retenu, permettant d’analyser le nombre de personnes ayant cliqué sur une publication du parti, après l’avoir vue ou ayant aimé, commenté, partagé ou rapporté à la communauté.

Pour ce qui est du niveau de viralité des contenus publiés par chaque parti, c’est à dire la capacité des fans à partager avec leur propre communauté (amis) des publications du parti, l’étude s’est basée sur la moyenne des partages pour 1000 fans durant le premier semestre 2021.

Cela dit, le l’Observatoire affirme qu’il ne faut pas tomber dans l’illusion d’un « tout numérique », expliquant que ces partis sont dotés d’un ancrage électoral plus large, et qu’ils doivent préserver leur lien avec les citoyens (souvent plus âgés) qui ne sont pas, ou peu, concernés par le numérique.

Il n’empêche que tous les partis «dits traditionnels» ont fait de réels efforts pour franchir le « cap du numérique », notant que le parti de la Balance a carrément été porté par sa révolution numérique.
 
Saâd JAFRI

L'info...Graphie


3 questions à Najib Mikou


«Nos partis devraient semer dans cet espace digital de la bonne graine pour en cueillir le bon fruit»
 
Najib Mikou, expert en Prospective et Etudes Stratégiques, nous explique l’importance et les effets de la présence numérique des partis politiques dans un contexte électoral.
 
 
- La présence numérique des partis politiques a significativement augmenté durant ces dernières années. Comment évaluez-vous cette hausse ?
 
- Il faut s’en féliciter, le politique ne peut, ne doit faire l’économie d’une telle présence. Les réseaux sociaux sont devenus à travers le monde, au fil des dernières années, le réceptacle, l’outil et le passage obligé du débat politique et de la proximité avec le plus grand nombre.

Après quelques hésitations de casting, nos grands partis politiques ont fini par s’y mettre. Je conviens et concède que l’exercice n’est pas du tout aisé, de par la nature de tels échanges sur le Web, mais c’est le prix nécessaire à payer pour que nos partis jouent pleinement leur rôle d’être à l’écoute du plus grand nombre, de communiquer avec le plus grand nombre et de convaincre le plus grand nombre.


- Ces efforts sont-ils suffisants pour ramener, vers les urnes, les désillusionnés de la politique ?

- Nos partis politiques devraient semer dans cet espace digital de la bonne graine pour en cueillir le bon fruit. C’est strictement ainsi qu’ils parviendront à ramener, doucement mais sûrement, nos millions de citoyens vers les urnes. Ce qui doit être visé, c’est non pas une exposition quantitativement augmentée, mais un intérêt qualitativement insufflé, provoqué.


- Avec le digital, pourra-t-on surmonter les défis de la pandémie ?

- Le numérique est un moyen de démocratisation de la transmission de l’information et de l’accès à l’information, à travers ce démantèlement de ces barrières énergie, temps et coût. Il rend possible la création de liens qui n’auraient jamais pu exister par ailleurs.

Donc oui, le digital permettra en grande partie de surmonter le handicap pandémie qui rétréci fortement le champ des meetings. Je dis en grande partie, car le numérique, avec toute son armada de réseaux sociaux, reste, malgré tout, une simple vitrine froide, et donc ne peut jamais se substituer à l’»être», au contact humain direct porteur, par nature, d’émotions, de réalité.

On est, finalement, pleinement dans deux sphères certainement, incontestablement, complémentaires, mais nullement similaires. Le numérique et le physique, le virtuel et le réel, le plastique et le chaleureux.

Malgré donc la pandémie qui sévit malheureusement de plus belle, nos partis politiques ne devraient pas renoncer à la dose minimale nécessaire de contact humain, ciblé et respectueux des mesures barrières sanitaires.
 

Encadré

Les enjeux des prochaines élections 


Selon notre expert en Prospective et Etudes Stratégiques, le seul enjeu des prochaines élections est «le changement».
 
«La dictature d'un quotidien très pesant, avec tous ses revers en termes de pression, de stress, d'hésitation, d'obligations, a pris au piège une équipe gouvernementale qui s'agitait dans tous les sens pour assurer et tenter de convaincre de sa capacité à gérer le pays», indique Najib Mikou, ajoutant qu’une telle approche « ourtermiste», a fait transparaître au moins trois défaillances majeures :
 
1- une absence quasi-totale d'anticipation, de projection et de mobilisation autour d'aspirations collectives, légitimes et pressantes, de même que de grands enjeux d'avenir,
 
2- une absence d'initiatives fortes sur des leviers et opportunités pourtant bien identifiés et capables de propulser la croissance et l'emploi,
 
3- une équipe gouvernementale pâtissant de leadership et d'homogénéité, que le poids du quotidien a fini par mettre au grand jour, ses grandes divergences, ses dissonances, son essoufflement et sa démotivation.
 
Le Maroc vers lequel on doit inéluctablement se diriger pour être au rendez-vous de nos défis et aspirations multiples, aussi bien à l'échelle nationale qu’internationale, exige bien mieux que cela, mérite bien mieux que cela, à tous points de vue, précise-t-on de même source.
 
«Tout prête à croire par conséquent, que la vingtaine de millions d'électeurs prendraient massivement le chemin des urnes le 8 septembre prochain et feraient le choix clair et net du véritable changement qui traduirait une réelle prise de conscience des grands atouts de notre pays et des enjeux de son futur très proche», estime notre interlocuteur.
 
Une telle dynamique, permettrait, selon Mikou, de faire émerger une nouvelle majorité qui devrait être suffisamment forte, ramassée et homogène pour pouvoir imprimer les ruptures et le changement incontournables, et un gouvernement suffisamment expérimenté, compétent et innovant pour pouvoir mener les chantiers du changement avec le rythme et la collégialité qui s'imposent.
 
«Il y va du Maroc développé, juste, solidaire et rayonnant auquel nous aspirons pour nous tous et pour nos générations futures», conclut notre interlocuteur.