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Atelier régional du Bureau ECA Afrique du Nord : Renforcer la participation du secteur privé à l’activité économique


Rédigé par Wolondouka SIDIBE Jeudi 21 Juillet 2022

Au lendemain de la crise sanitaire, liée au Covid-19, la dynamisation de l’activité économique est au centre de tous les débats. En la matière, le secteur privé peut jouer un rôle capital dans la création d’emplois. C’est l’un des objectifs de l’atelier régional du Bureau ECA pour l’Afrique du Nord et qui se tient actuellement à Tanger. Explications.



Faire du secteur privé un acteur majeur du développement économique et social dans les pays d’Afrique du Nord pour la création d’emplois. Tel est l’un des objectifs assignés à l’atelier régional sur le renforcement du secteur privé dans cette partie d’Afrique et qui se tient du 20 au 22 juillet à Tanger, à l’initiative du bureau de la Commission économique de l’Union africaine pour l’Afrique du Nord.

Ce choix n’est pas fortuit quand on sait que la question de l’emploi ne relève pas du seul domaine du pouvoir étatique. Il repose sur l’ensemble des acteurs économiques et des partenaires financiers du pays.

Pour les organisateurs de cet atelier, la question du chômage des jeunes, qui persiste depuis longtemps en Afrique du Nord, devrait rester le principal défi économique et social de la région à moyen terme. Les petites et moyennes entreprises (PME) du secteur privé sont à même de jouer un rôle déterminant dans la résolution de ce problème, compte tenu de leur capacité à créer des emplois, à favoriser la croissance et à promouvoir l’innovation.

En revanche, les grandes entreprises étatiques (EE) sont encore une caractéristique importante des économies nord-africaines. Ce qui fait dire aux responsables ECA-Afrique du Nord qu’il est plus que jamais essentiel de promouvoir un secteur privé dynamique dans cette région, capable de soutenir la diversification économique et la transition vers une croissance verte, à même d’inverser la tendance baissière de l’emploi des femmes et des jeunes dans la région.

D’autant plus que celle-ci est encore aujourd’hui caractérisée par un secteur privé timide, une faible proportion d’emplois dans le secteur privé formel, conjuguée à un niveau élevé d’informalité. Sur un autre plan, l’Afrique du Nord représente moins de 15% du total des investissements privés en Afrique et seulement environ 20% des investissements totaux, alors même que la région compte certaines des économies les plus importantes comme le Maroc et l’Égypte et qu’elle représente 28% du PIB africain en 2019, estime ECA Afrique du Nord.

La part du financement du secteur privé dans les projets d’infrastructure s’est élevée à 1,2 milliard de dollars US en 2018 contre 18,7 milliards de dollars US d’investissements publics en 2018.

Faibles investissements

Résultat : l’Afrique du Nord est très en retard par rapport à la région de l’Afrique australe où la part des investissements privés dans les infrastructures est plus significative. Pourtant, le Maroc a un atout indéniable à travers des pôles économiques comme Tanger et qui est aujourd’hui l’épicentre d’une région florissante et très active sur le plan industriel.

Selon le classement des meilleures zones franches 2020 de la Fédération des industries (FDI), la zone Tanger Med au Maroc, composée de six zones d’activités couvrant l’automobile, l’aéronautique, la logistique, le textile et le commerce, a été classée 2ème zone économique mondiale après le DMCC (le « Centre multi-produits de Dubaï »), aux Émirats arabes unis.

En 2021, 120 millions de dollars d’investissements privés ont bénéficié à 28 nouveaux projets dans toutes les zones d’activités de Tanger Med. Ce n’est donc pas étonnant que différentes thématiques telles que : un État performant, Accès au financement, Chaînes de valeur nationales et régionales, Capacité à innover, Déficit de compétences, Transition vers une économie verte ont été proposées aux participants. L’objectif principal de ce conclave de trois jours est de contribuer à l’accélération du rôle du secteur privé en Afrique du Nord par le partage des bonnes pratiques.

Les bonnes pratiques

Pour ce qui des résultats attendus de l’atelier, à la lumière des éléments évoqués ci-haut, la réunion servira de plateforme permettant aux praticiens d’échanger leurs connaissances sur les difficultés rencontrées par le secteur privé dans la région, ainsi que sur les bonnes pratiques et les solutions innovantes. Il s’agit aussi de s’appuyer sur les leçons apprises et les expériences pour identifier les options politiques et les méthodes à même d’en assurer leur mise en oeuvre pour dynamiser la participation du secteur privé en Afrique du Nord.

Enfin, l’atelier sera l’occasion d’élaborer une feuille de route pour relever certains des défis en prenant en compte le contexte institutionnel et politique de chaque pays d’Afrique du Nord tout en identifiant des actions communes. Par ailleurs, prennent part à cet atelier régional des représentants des ministères des Finances, de la Planification et du Développement économique, notamment des responsables des directions de l’investissement et du secteur privé, ainsi que des décideurs politiques des États membres.

Sont également présents des participants du secteur privé, du monde universitaire et des institutions de développement disposant d’une expertise dans le développement du secteur privé. Enfin, rappelons que l’objectif principal du Bureau sous-régional de la CEA en Afrique du Nord est de contribuer à la transformation structurelle et au développement équilibré par la mise en place d’un environnement propice à la création d’emplois pour les femmes et les jeunes en Afrique du Nord.

A ce titre, il a pour attribution, entre autres, de renforcer la capacité des États membres de la sous-région d’élaborer et de mettre en oeuvre des politiques et des stratégies nationales pour la création d’emplois durables.
 

Wolondouka SIDIBE


Bon à savoir

Plusieurs enquêtes et études, selon le bureau ECA pour l’Afrique du Nord, ont fait état de la problématique de l’accès au financement comme étant le principal obstacle à la création de PME et d’emplois. Au Maroc et en Égypte, l’offre actuelle de prêts aux PME est bien inférieure à la moyenne des pays en développement (14% du PIB) et représente moins de la moitié de la demande potentielle.

De même, il ressort d’une enquête récente menée conjointement par la BEI, la BERD et la Banque mondiale que 80% des entreprises égyptiennes qui ont besoin d’un prêt sont confrontées à des contraintes de crédit (par le rejet de leur demande de prêt ou en étant découragées de faire une demande tout court soit nettement plus que la moyenne des pays à revenu moyen inférieur (59%).

La proportion d’entreprises au Maroc (50%) et en Tunisie (53%) confrontées à des contraintes de crédit est inférieure à la moyenne des pays à revenu intermédiaire inférieur, mais reste néanmoins significative. Une concurrence insuffisante entre les banques réduit l’accès des PME au financement. Le secteur bancaire en Afrique du Nord est souvent associé à des marges de taux d’intérêt et à une rentabilité bancaire plus élevées, ce qui peut dissuader le prêt aux petites entreprises.