Tourné dans l’intimité d’une médina authentique, Le Bleu du caftan raconte l’histoire de Mina (interprétée par l’intense Lubna Azabal) et de son mari Halim (le subtil Saleh Bakri), un maître tailleur dont l’atelier artisanal est un sanctuaire du savoir-faire ancestral. À travers cette boutique de caftans cousus à la main, Maryam Touzani explore avec finesse les tensions enfouies, les liens silencieux et les élans de transmission entre les générations.
L’arrivée d’un jeune apprenti, Youssef, fasciné par le talent de Halim, bouleverse le fragile équilibre du couple. Plus qu’un simple récit de formation ou un hommage au métier de maalem, Le Bleu du caftan est une ode à la lenteur, à la tendresse, à la mémoire, mais aussi au désir tu et à la complexité des sentiments dans une société marocaine encore traversée par des tabous.
L’arrivée d’un jeune apprenti, Youssef, fasciné par le talent de Halim, bouleverse le fragile équilibre du couple. Plus qu’un simple récit de formation ou un hommage au métier de maalem, Le Bleu du caftan est une ode à la lenteur, à la tendresse, à la mémoire, mais aussi au désir tu et à la complexité des sentiments dans une société marocaine encore traversée par des tabous.
Une esthétique au service de l’émotion intérieure
Réalisé avec une extrême délicatesse, le film de Touzani est avant tout un voyage sensoriel. La réalisatrice confie avoir voulu créer un film où l’émotion passe autant par la lumière que par le silence. « La lumière nous aide à suivre l’évolution des personnages, de leurs relations. Le film devient de plus en plus lumineux à mesure que les tensions se dénouent », explique-t-elle. Cette photographie poétique, signée Virginie Surdej, épouse avec une rare justesse les émotions enfouies de ses personnages.
À travers le motif du caftan, le film questionne également la place du geste artisanal à l’ère de la productivité et de la standardisation. Youssef, personnage jeune et curieux, incarne la possibilité d’un pont entre les générations, dans un Maroc en pleine mutation.
Un film à la croisée des cultures et des sensibilités
Présenté au Festival de Cannes 2022 dans la sélection Un Certain Regard, Le Bleu du caftan a conquis la critique par sa sobriété, sa sincérité et sa puissance narrative. Le film a ensuite poursuivi un parcours prestigieux dans les festivals internationaux, notamment à Toronto, New York, Londres ou encore Marrakech, où il a souvent été salué pour sa capacité à concilier regard local et résonance universelle.
Cette reconnaissance critique s’est traduite par un succès public inédit pour une production marocaine. Avec plus d’un demi-million d’entrées en dehors du Royaume, le film de Maryam Touzani dépasse les performances habituelles du cinéma maghrébin sur la scène mondiale. Sa sortie en France, où il a dépassé les 210 000 entrées, témoigne d’un engouement croissant pour des œuvres issues du monde arabe portées par une vision d’auteur.