- La Côte d’ivoire vient d’élire son Président le 25 octobre dans un climat apaisé. Qu’est-ce qui a fait la différence par rapport aux consultations précédentes où le pays fut plongé dans une crise sans précédent ?
Par la grâce de Dieu, la Côte d'Ivoire qui s'est habituée aux crises pré-poste électoral a réussi cette année à organiser des élections sans grands grabuges. En dehors de quelques contrées très marginales le scrutin c'est bien déroulé sur l'ensemble du territoire. On peut trouver à cette embellie démocratique deux principales raisons. La première est d'ordre sécuritaire. Le pays baigne dans la paix avec une armée structurée et professionnelle, dirigée par le général de brigade Lassina Doumbia, dont les qualités humaines, technique et républicaine sont reconnues par tous les Ivoiriens, les corps habillés en premier lieu, contrairement à 2010, où on avait, non seulement les rebelles et les milices mais aussi une armée aux multiples têtes avec très peu de coordination. La deuxième raison, il faut la chercher dans l'essoufflement et la déconnexion des leaders des deux grandes formations politiques de l'opposition.
- Justement, l'absence des figures de proue de l'opposition a fortement marqué ce scrutin du mois d'octobre. En tant qu’observateur averti de la vie politique de votre pays, quelle analyse faîtes-vous à ce sujet ?
Je parlais plus haut d'essoufflement et de déconnexion. Essoufflement du côté de Laurent Gbagbo, l'ancien chef d'État. Qui revenu de la CPI n'a trouvé d'autres programmes politiques que de s'attaquer à ses propres lieutenants. Simone Gbagbo, son épouse, et ses enfants seront humiliés à l'aéroport. Scène surréaliste qui va laisser pantois les Ivoiriens et choquer ses partisans. Son ancien numéro 2 Affi N'guessan sera déshabillé sur la place publique. Blé Goudé, l'ancien leader de la Jeunesse patriotique, qui a fait La Haye, à force de le soutenir, sera son principal adversaire et moqué lors des meetings. Il ne dira plus bonjour à Mamadou Coulibaly, compagnon de longue date, et ancien président de l'Assemblée nationale. C'est donc d’une gauche émiettée et de partisans découragés, que Laurent Gbagbo a porté la parole. Déconnexion du côté de Tidiane Thiam qui, après avoir passé 23 ans hors de la Côte d'Ivoire, est venu se faire élire à la tête du PDCI-RDA au décès du Président Bédié. Juste après, l'ancien Dg du Crédit Suisse est reparti en Europe. Même à la convention qui l'a désigné comme candidat du plus vieux parti de Côte d'Ivoire, il a été absent. Ainsi les mots d'ordre de boycott lancés par le Front républicain, qu'il a formé avec Laurent Gbagbo, n'ont pu mobiliser les Ivoiriens. Il y a aussi les incohérences dans les messages lancés. La Commission électorale indépendante est décriée, la liste électorale vomie. Mais on dépose quand même sa candidature. Lorsque celle-ci est récusée, on accuse le pouvoir. Alors que Laurent Gbagbo avait refusé, via ses députés, d'introduire une loi d'amnistie à l'Assemblée nationale et que Tidiane Thiam a volontairement conservé sa nationalité française jusqu'à la dernière minute. Ce qui l'élimine de la liste électorale. Tout comme Laurent Gbagbo dont seule une loi d'amnistie pouvait effacer la condamnation et donc son éligibilité. Aujourd'hui le PDCI et le PPA-CI appellent à la mobilisation pour les législatives avec la même CEI et la même liste électorale.
- La reconduction de M. Alassane Ouattara à la tête de l’Etat dénote de la solidité de son projet de société. Quels sont les principaux éléments qui ont fait l’adhésion des Ivoiriens à son programme ?
Il faut d'abord évoquer le charisme du Président Ouattara, sa maîtrise des enjeux sécuritaires et son humanisme, c'est-à-dire ses qualités d'homme d'État. Il est clair que le bilan du Président Ouattara a drainé du monde dans son parti, le RHDP. Il y a d'abord les infrastructures routières, lesquelles ont changé le visage d'Abidjan et qui ont été exaltées, lors de la somptueuse Can 2024. Il y a, ensuite, l'électrification, les infrastructures sanitaires, scolaires et universitaires ainsi que les augmentations de salaires, du SMIG. A ceux-ci s’ajoutent le développement de nouvelles zones industrielles, la modernisation de l'administration, portée par la ministre d'État Anne Oulotto-Lamizana, et qui ont énormément séduit aussi les votants. Puis, il y a également le séduisant programme 2025- 2030 du candidat Ouattara, rédigé par le technocrate Patrick Achi.
- Que pourriez-vous dire sur la coopération entre la Côte d’Ivoire et le Maroc ? Un pays que vous avez visité, aimé et apprécié.
Les relations entre la Côte d'Ivoire et le Maroc, portées sur les fonds baptismaux par le Président Félix Houphouet Boigny et Feu Hassan II ont été considérablement fortifiées par son Excellence Alassane Ouattara et Sa Majesté Mohammed VI au point qu'on a aujourd'hui l'impression que ces deux pays font un. Les investissements marocains en Côte d'Ivoire sont multiples et les Ivoiriens portent beaucoup le Maroc dans leurs cœurs. C'est avec beaucoup de fierté qu'ils évoquent les performances économiques du Royaume Chérifien. Rabat, Casablanca et Marrakech sont comme les sœurs jumelles de Yamoussoukro, Abidjan et Assinie. Personnellement, j'aime le Maroc et ses entreprises. Et Dieu seul sait quelle aide j'ai pu apporter aux investisseurs marocains qui m'ont contacté, ici en Côte d’Ivoire. Car, en vérité, il s’agit de deux pays frères et amis, qui entretiennent une coopération exemplaire et un partenariat d’exception, tant sur le plan politique qu’économique. L’ouverture du Consulat ivoirien dans les Provinces du Sud du Royaume en est la parfaite illustration ou encore l’aménagement de la baie de Cocody par une entreprise marocaine conforte mes propos.