
Azzedine El Midaoui, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation.
Alors que l’Université marocaine se trouve ébranlée par de nouveaux scandales entachant sa crédibilité, le ministre de l’Enseignement supérieur, Azzedine El Midaoui, s’attelle à une lourde tâche et de grande envergure : celle de restaurer l’intégrité du cycle de Master. Pour ce faire, le ministre s’efforce, tant bien que mal, à lutter contre le favoritisme et les pratiques opaques qui nuisent à la réputation de l’Université.
En réaction au scandale de vente de diplômes à la faculté Ibn Zohr d’Agadir, El Midaoui a annoncé la préparation d’une réforme du cycle de Master, visant à revoir le mode d’accès actuel afin de fluidifier le circuit et les conditions pour tout Lauréat qui le souhaite. Il y voit, également, une mesure pour allonger la durée des études supérieures, souvent limitée à 21 ans.
Dans le détail, il s’agit de mettre en place de Masters « généraux » ou de continuité, ouverts à tous les titulaires d'une licence, sans sélection stricte, en plus de Masters d'excellence ou spécialisés, accessibles sur sélection, mais sans concours.
Depuis son annonce, la décision du ministre peine à rallier les suffrages et a même déclenché une vive polémique sur l’avenir du cycle de Master, jusqu’alors réservé, en principe, aux profils les plus méritants. Le débat suscité porte tout particulièrement sur les conditions optimales de mise en œuvre de cette vision, inspirée du modèle français, au sein de l’Université marocaine.
Quel avenir pour les diplômés ?
En réaction au scandale de vente de diplômes à la faculté Ibn Zohr d’Agadir, El Midaoui a annoncé la préparation d’une réforme du cycle de Master, visant à revoir le mode d’accès actuel afin de fluidifier le circuit et les conditions pour tout Lauréat qui le souhaite. Il y voit, également, une mesure pour allonger la durée des études supérieures, souvent limitée à 21 ans.
Dans le détail, il s’agit de mettre en place de Masters « généraux » ou de continuité, ouverts à tous les titulaires d'une licence, sans sélection stricte, en plus de Masters d'excellence ou spécialisés, accessibles sur sélection, mais sans concours.
Depuis son annonce, la décision du ministre peine à rallier les suffrages et a même déclenché une vive polémique sur l’avenir du cycle de Master, jusqu’alors réservé, en principe, aux profils les plus méritants. Le débat suscité porte tout particulièrement sur les conditions optimales de mise en œuvre de cette vision, inspirée du modèle français, au sein de l’Université marocaine.
Ambitions et moyens
Si de nombreux Doyens de facultés ont salué la création de nouveaux Masters permettant de répondre au besoin croissant en formation, ils ont toutefois pointé du doigt l’insuffisance des ressources humaines nécessaires à la mise en œuvre de ces parcours, ainsi que le manque d’infrastructures adéquates pour en assurer le bon déroulement. D’ailleurs, l’échec de l’expérience « bachelor », promise à réinventer l’enseignement supérieur en est la parfaite illustration car sa mise en œuvre demeure toujours bloquée, estiment les Doyens.
Pour eux, l’élargissement de l’accès des Lauréats au Master risque d’entraîner le phénomène de surpeuplement, déjà bien présent dans le cycle de licence au sein des Universités à accès ouvert, mais dont le Master était jusqu’à présent relativement épargné grâce à des conditions de sélection strictes.
En réalité, ce phénomène n’épargne pas non plus les parcours d’excellence en licence, qui exigent un minimum de 100 étudiants et peuvent en accueillir jusqu’à 300, un effectif qui, selon Pr Jalal, compromet tant l’apprentissage que l’enseignement, tant il devient difficile de gérer un tel nombre d’étudiants dans une même salle.
Outre cette problématique, nos interlocuteurs s’accordent à dire que tous les titulaires d’une licence ne sont nécessairement pas aptes à intégrer un Master, en raison de la qualité inégale de la formation dispensée en premier cycle, mais aussi de l’implication variable des étudiants eux-mêmes dans leur apprentissage.
Pour eux, l’élargissement de l’accès des Lauréats au Master risque d’entraîner le phénomène de surpeuplement, déjà bien présent dans le cycle de licence au sein des Universités à accès ouvert, mais dont le Master était jusqu’à présent relativement épargné grâce à des conditions de sélection strictes.
En réalité, ce phénomène n’épargne pas non plus les parcours d’excellence en licence, qui exigent un minimum de 100 étudiants et peuvent en accueillir jusqu’à 300, un effectif qui, selon Pr Jalal, compromet tant l’apprentissage que l’enseignement, tant il devient difficile de gérer un tel nombre d’étudiants dans une même salle.
Outre cette problématique, nos interlocuteurs s’accordent à dire que tous les titulaires d’une licence ne sont nécessairement pas aptes à intégrer un Master, en raison de la qualité inégale de la formation dispensée en premier cycle, mais aussi de l’implication variable des étudiants eux-mêmes dans leur apprentissage.
Quel avenir pour les diplômés ?
À plus long terme, le Pr Jalal s’inquiète d’une éventuelle inflation des diplômes, compte tenu de l’état actuel du marché de l’emploi, déjà incapable d’absorber les flux de diplômés. Cela sans oublier le manque de maturité ou de réflexion dans le choix du parcours de nombreux étudiants.
Selon son analyse, le marché reste saturé, et ce, même à l’horizon de deux ou trois générations. Ce qui rend incertaine la capacité du pays à accueillir les Lauréats issus d’une telle réforme si celle-ci venait à être appliquée.
En outre, il pense qu’une réforme mal préparée risquerait de porter un coup fatal à un enseignement supérieur déjà fragilisé par un manque chronique de ressources humaines et matérielles, tout en aggravant le chômage parmi les diplômés.
Enfin, notre interviewé affiche de sérieux doutes quant à la capacité de cette mesure à éradiquer la corruption à l’Université. D’après lui, la réforme est celle initiée en concertation étroite avec le corps professoral, qu’il considère comme les véritables connaisseurs des réalités du terrain universitaire au Maroc.
Selon son analyse, le marché reste saturé, et ce, même à l’horizon de deux ou trois générations. Ce qui rend incertaine la capacité du pays à accueillir les Lauréats issus d’une telle réforme si celle-ci venait à être appliquée.
En outre, il pense qu’une réforme mal préparée risquerait de porter un coup fatal à un enseignement supérieur déjà fragilisé par un manque chronique de ressources humaines et matérielles, tout en aggravant le chômage parmi les diplômés.
Enfin, notre interviewé affiche de sérieux doutes quant à la capacité de cette mesure à éradiquer la corruption à l’Université. D’après lui, la réforme est celle initiée en concertation étroite avec le corps professoral, qu’il considère comme les véritables connaisseurs des réalités du terrain universitaire au Maroc.
Trois questions à Mohammed Guedira : « L’Université marocaine n’est, à ce jour, pas préparée à garantir un accès ouvert au cycle de Master »

Expert en Politique Éducative et Ingénierie des Compétences, Mohammed Guedira a répondu à nos questions sur la réforme du cycle de Master.
- Quel regard portez-vous sur la volonté du ministère de l’Enseignement supérieur d’ouvrir l’accès automatique au Master ?
Le Master apour vocation, par nature, de différencier les profils en leur offrant un cadre optimal pour développer leurs compétences. Garantir un accès automatique au Master sans exigences claires ni critères rigoureux risque, au contraire, de dégrader les conditions d’apprentissage. Autrement dit, les lacunes déjà constatées dans le cycle de licence risquent d’être reproduites, voire amplifiées, au niveau du Master, compromettant ainsi la qualité de la formation et le niveau des diplômés.
- L'Université marocaine est-elle prête pour ce changement majeur ?
- Comment assurer l’accès des étudiants au Master ?