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Ne mettons pas tous nos œufs dans le même panier


Rédigé par Soufiane CHAHID le Mardi 20 Mai 2025



Le lundi 19 mai, en début de matinée, la cotation des actions de Taqa Morocco, filiale de la holding énergétique émiratie Taqa, a été suspendue à la demande de l’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC), “en attente de la publication d’informations importantes”.

Le suspens ne durera que quelques heures puisque, vers midi de la même journée, Taqa Morocco, Nareva et le Fonds Mohammed VI annoncent la signature d’un méga-deal à 150 milliards de dirhams, faisant de cet investissement le plus important de l’Histoire du Maroc. Le consortium créé à cette occasion, en partenariat avec l’ONEE et sous la coordination des ministères de l’Équipement et de l’Eau, de l’Agriculture et de la Transition énergétique, se lancera dans un pot-pourri de projets allant de la production et du transport d’électricité, au dessalement de l’eau de mer et à l’interconnexion entre bassins hydrauliques.

Cet investissement massif, qui intervient à peine quelques mois après l’annonce du partenariat entre Maroc Telecom (également filiale d’un groupe émirati) et Inwi pour le développement de la fibre optique et de la 5G dans le Royaume, fait partie des premières concrétisations du pipeline de projets signés lors du déplacement de Sa Majesté le Roi Mohammed VI aux Émirats Arabes Unis début décembre 2023.

Alors que notre pays s’engage dans une transformation tous azimuts à l’horizon 2030, qu’il s’agisse de l’énergie, de l’eau, de la santé, de l’éducation ou encore du tourisme, cet afflux de capitaux étrangers ne peut que renforcer cette dynamique et accélérer la concrétisation des grands chantiers en cours.

Le fait que ces investissements proviennent d’un pays frère, allié géopolitique de premier plan, et lié au Maroc par des relations étroites entre les deux familles régnantes, ne peut que renforcer notre confiance en ce partenariat stratégique. Cependant, notre pays doit aussi savoir jongler entre des intérêts divergents, et diversifier ses partenaires pour ne pas mettre tous les leviers dans les mains d’un seul acteur, aussi proche soit-il.

Taqa, qui exploite depuis 28 ans la centrale thermique de Jorf Lasfar, bénéficie déjà d’une position dominante dans la production d’électricité, couvrant 35% de la demande nationale avec 18% de la capacité installée. En mettant la main sur la centrale à cycle combiné au gaz naturel de Tahaddart, cette part devrait mécaniquement augmenter.

Mettre entre les mains d’un seul acteur, adossé à une puissance étrangère, le contrôle d’une ressource aussi stratégique que notre électricité ne constitue-t-il pas un risque, aussi minime soit-il, pour notre souveraineté énergétique? C’est sur cette ligne de crête, entre un besoin pressant de capitaux et les exigences de sécurité nationale, que nos dirigeants doivent trancher. Un choix qui n’est jamais aisé.



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