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Viol de mineure : Un verdict honteux mais désespérément ordinaire


Rédigé par Majd EL ATOUABI le Mardi 4 Avril 2023



Viol de mineure : Un verdict honteux mais désespérément ordinaire
C’est l’histoire ordinaire d’un énième verdict honteux par sa légèreté et par l’absurdité de l’argumentaire de ses attendus. C’est l’histoire atroce d’une petite fille mineure de 11 ans qui a été abusée et violée pendant plusieurs mois par trois individus majeurs, jusqu’à en tomber enceinte. C’est l’histoire d’une famille pauvre et démunie, dont le père berger, certainement dévasté par le sort de sa petite fille, a choisi de faire confiance en la justice de son pays au lieu de chercher à étancher sa soif de vengeance par ses propres moyens, comme l’auraient fait beaucoup de pères en pareilles situations.

Cette histoire, comme bien d’autres, on n’en aurait peut-être jamais entendu parler si le hasard n’avait pas voulu que la petite fille devenue jeune mère célibataire croise le chemin d’une militante associative des droits des femmes. La rencontre, complètement fortuite, s’est faite dans les couloirs du tribunal de première instance de Rabat. Celui-là même où un jugement scandaleusement absurde de légèreté a été prononcé contre ses violeurs: deux ans de prison dont six mois avec sursis pour les deux premiers, et deux années fermes pour le troisième qui a été désigné par les tests ADN comme le géniteur de son fils.

Ce n’est pas la première fois que l’opinion publique nationale est révulsée par ce genre de verdicts et ce ne sera malheureusement pas la dernière fois. Des jugements outrageusement cléments au profit de criminels qui n’ont montré aucune pitié pour leurs victimes, il y en a beaucoup. Mais rares sont les affaires qui remontent à la surface et deviennent objet de débat public. L’opacité qui règne dans nos tribunaux, conjuguée à l’omerta sociale et à la peur congénitale de la «Hchouma», fait souvent en sorte que ce genre d’erreurs judiciaires grossières dans des affaires liées au sexe et aux mœurs soient dissipées dans les méandres du silence et de l’oubli. Ce qui est dommageable non seulement pour les victimes, mais surtout pour le fonctionnement de notre justice qui se retrouve ainsi privée d’un précieux moyen de contrôle et de perfectionnement de ses instances et de ses procédures : le débat et l’indignation publics.

Heureusement donc que la bavure judiciaire concernant le viol de la jeune fille de Tiflet a été détectée en première instance et qu’elle se retrouve désormais au centre du débat public. Le jugement en appel ne manquera pas de redresser les nombreux torts et travers du premier verdict.



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