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Actu Maroc

Tomates : Montée remarquable de la production corrélée à la baisse des prix


Rédigé par Mohamed Elkorri Mardi 14 Mars 2023

Après une baisse de la production de la tomate au Maroc, en raison des conditions météorologiques ayant impacté lourdement cette
culture en hiver, provoquant une montée en flèche des prix dans les marchés marocains, l’heure est à un retour progressif à la normale, selon les opérateurs. Outre le froid, quels sont les autres facteurs qui pèsent sur le prix des denrées alimentaires ? Eclairage.



La vague de froid qu’a connue le Maroc en début d’année a provoqué une chute brutale de la production de tomates, entraînant une baisse de plus de 80 % des volumes quotidiens, selon l’Association marocaine des producteurs et exportateurs de fruits et légumes.

Cette situation a provoqué une hausse inédite des prix des tomates au Maroc, suscitant ainsi un désarroi populaire, qui a impacté davantage le pouvoir d’achat des citoyens déjà sinistré par l’enchaînement de plusieurs événements fâcheux depuis l’avènement de la crise sanitaire. 

Face à cette conjoncture, l’Exécutif a mis en place une panoplie de mesures pour contrecarrer la hausse galopante des prix des denrées alimentaires. L’effet ne s’est pas fait attendre puisque le prix des tomates se négocie actuellement, à titre d’exemple, entre 4 et 5 dirhams, contrairement aux prix d’avant, soit 10 à 15 dirhams. 

Le contrôle des points de vente, la régulation des prix et l’augmentation de l’offre sont quelques-uns des éléments utilisés comme leviers par le gouvernement pour faire baisser les prix des denrées alimentaires, notamment ceux des fruits et des légumes. Ces mesures ont porté leurs fruits, comme en témoigne la baisse significative du prix de la tomate, produit de première nécessité pour les ménages et source importante de rentrées à l’export.

Production de la tomate : Retour progressif à la normale

Pour Mustapha Aouragh, expert agronome dans la région de Souss-Massa, la spirale haussière a eu surtout pour cause le froid, avec des températures minimales trop basses allant de 1 à 6 degrés, ce qui a mis les plantes en état de zéro végétatif et réduit la production de 2000 à seulement 250-300 kg/ ha/jour, mais d’autres facteurs ont contribué à la hausse des prix de la tomate au Maroc. 

Selon notre interlocuteur, la diminution des superficies emblavées en tomate, et la hausse des prix des engrais ont également contribué à alimenter la tendance des prix à la hausse au niveau de tous les marchés. «Je recommande fortement une extension des superficies à emblaver en tomate car celles utilisées cette saison n’ont pas pu satisfaire les besoins du marché local ni ceux extérieurs, en l’occurrence l’Europe et l’Afrique subsaharienne, ce qui a nécessité la suspension des exportations afin de juguler la hausse au niveau du marché intérieur», a-t-il affirmé.

Aujourd’hui, les températures se sont améliorées, relève Mustapha Aouragh, agronome marocain spécialisé dans la production des tomates : «Les températures ont atteint 13 à 18 degrés d’écart thermique la nuit et 17-27 le jour, dans la région de Souss-Massa, avec un taux d’humidité de 70 %. Ces conditions marquent la fin de l’hiver, et il est désormais possible de sauver la saison de la tomate et réduire considérablement l’écart de production par rapport à l’an dernier».

Les éléments concourant à la hausse des prix

Quant aux prix des engrais, Aouragh précise que leurs prix varient entre 8 et 22 dirhams le kilogramme, alors qu’ils étaient entre 3 et 8 dirhams auparavant. «Leur hausse est à comptabiliser pour comprendre la flambée des prix de certaines cultures», a-t-il fait savoir. 

En plus, pour la culture de la tomate, il ne faut surtout pas négliger la place du nitrate de potasse, qui est bénéfique pour améliorer la taille, la couleur, le goût et la résistance aux stress biotiques et abiotiques pour les tomates. Il coûtait 8 dirhams le kilogramme auparavant contre 22 dirhams maintenant. 

L’urée a aussi eu sa part dans la hausse des prix, il y a une semaine, la substance coûtait 450 dirhams le quintal alors qu’actuellement la même quantité est à 700 dirhams. En outre, l’Ammonitrate qui, avant 2022, coûtait 350 dirhams, revenait en 2022 entre 800 et 1200, avant de se situer aujourd’hui à environ 600 dirhams le quintal.

Selon Rachid Benali, vice-président de la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (COMADER), les prix de ces fertilisants ont eu leur effet d’entraînement sur les prix des légumes et des fruits dans la chaîne de production. En plus, leurs prix s’amplifient à cause de l’existence des intermédiaires dans la chaîne d’approvisionnement du marché. «Ça se passe surtout au niveau des intermédiaires.», a-t-il relevé.