Menée auprès de 220 ouvriers issus de trois tanneries de la médina de Fès, l’étude a combiné analyses biologiques, examens médicaux et entretiens détaillés. Elle s’est concentrée sur les tanneurs permanents âgés de plus de 18 ans et cumulant au moins une année d’expérience. Les chercheurs ont cherché à établir un lien entre les conditions de travail, l’exposition aux produits chimiques et la prévalence de troubles médicaux.
Les résultats sont édifiants : 86% des tanneurs présentent au moins une pathologie liée à leur activité, et près de 96% d’entre eux ne portent jamais d’équipement de protection individuelle (gants, masques, lunettes, bottes). Près des trois quarts travaillent quotidiennement dans un milieu humide, au contact direct des substances corrosives utilisées pour le traitement des peaux.
Les résultats sont édifiants : 86% des tanneurs présentent au moins une pathologie liée à leur activité, et près de 96% d’entre eux ne portent jamais d’équipement de protection individuelle (gants, masques, lunettes, bottes). Près des trois quarts travaillent quotidiennement dans un milieu humide, au contact direct des substances corrosives utilisées pour le traitement des peaux.
Un cocktail chimique aux effets multiples
Le processus de tannage implique l’usage intensif d’acides, d’alcalins, de sels et de métaux lourds. Si le chrome est souvent cité dans les études industrielles, les chercheurs marocains soulignent que d’autres agents – tels que le soufre, l’ammonium ou le benzène – provoquent également des affections graves : allergies cutanées, infections respiratoires, troubles musculaires et atteintes oculaires.
Les pathologies les plus fréquentes relevées chez les ouvriers des tanneries concernent principalement les troubles musculosquelettiques, qui touchent plus de la moitié des travailleurs (50,9%), se traduisant par des lombalgies et des douleurs articulaires chroniques. Viennent ensuite les affections génito-urinaires (39,5%), incluant des cas de dysurie et d’infections rénales, liées à l’exposition prolongée à l’humidité et aux agents chimiques. Les maladies dermatologiques représentent 30,4% des cas, marquées par des eczémas, des irritations et des infections cutanées, tandis que les troubles oculaires (24,5%) — tels que conjonctivites, rougeurs ou vision brouillée — résultent de l’exposition directe aux gaz irritants et à la poussière.
Enfin, les atteintes pulmonaires concernent 16,8% des tanneurs, conséquence d’une inhalation continue de substances volatiles et de particules toxiques présentes dans l’air des ateliers. Les auteurs notent ainsi une forte prévalence de dermatoses allergiques, d’eczéma, d’infections fongiques et de syndromes de l’œil sec causés par la poussière, la chaux et les gaz irritants.
Les pathologies les plus fréquentes relevées chez les ouvriers des tanneries concernent principalement les troubles musculosquelettiques, qui touchent plus de la moitié des travailleurs (50,9%), se traduisant par des lombalgies et des douleurs articulaires chroniques. Viennent ensuite les affections génito-urinaires (39,5%), incluant des cas de dysurie et d’infections rénales, liées à l’exposition prolongée à l’humidité et aux agents chimiques. Les maladies dermatologiques représentent 30,4% des cas, marquées par des eczémas, des irritations et des infections cutanées, tandis que les troubles oculaires (24,5%) — tels que conjonctivites, rougeurs ou vision brouillée — résultent de l’exposition directe aux gaz irritants et à la poussière.
Enfin, les atteintes pulmonaires concernent 16,8% des tanneurs, conséquence d’une inhalation continue de substances volatiles et de particules toxiques présentes dans l’air des ateliers. Les auteurs notent ainsi une forte prévalence de dermatoses allergiques, d’eczéma, d’infections fongiques et de syndromes de l’œil sec causés par la poussière, la chaux et les gaz irritants.
Les conditions de travail, facteur aggravant
Les analyses statistiques réalisées par régression logistique montrent une corrélation significative entre les maladies observées et plusieurs facteurs, en particulier le travail prolongé en milieu humide, qui triple le risque de développer des troubles musculosquelettiques, l’absence d’équipements de protection, qui multiplie par six le risque de maladies de la peau, l’exposition quotidienne de plus de sept heures aux produits chimiques, qui accroît de huit fois le risque de pathologies oculaires et l’exposition à des agents biologiques (notamment les peaux animales et fientes de pigeons), responsable d’une augmentation de six fois du risque de troubles urinaires. Les chercheurs ont également observé que l’âge (plus de 40 ans) et l’ancienneté professionnelle accentuent la vulnérabilité aux maladies chroniques.
Les tanneries artisanales marocaines se caractérisent par une quasi-absence de dispositifs de prévention des risques professionnels. L’étude relève, en effet, plusieurs manquements majeurs : les produits chimiques y sont manipulés manuellement, sans aucune mesure de sécurité, ni équipements adaptés. Les substances utilisées ne font l’objet d’aucun étiquetage clair ni de fiches de sécurité, rendant impossible toute identification ou précaution lors de leur usage.
À cela s’ajoutent des installations électriques défectueuses, une ventilation insuffisante et un éclairage inadapté, aggravant les conditions de travail déjà précaires. Enfin, les ouvriers ne bénéficient d’aucune formation en matière de sécurité ou de prévention, ce qui accroît considérablement leur exposition aux risques chimiques, physiques et biologiques. Les chercheurs soulignent que les fiches de données de sécurité, pourtant obligatoires dans les pays développés, sont rarement fournies par les distributeurs de produits chimiques au Maroc.
À cela s’ajoutent des installations électriques défectueuses, une ventilation insuffisante et un éclairage inadapté, aggravant les conditions de travail déjà précaires. Enfin, les ouvriers ne bénéficient d’aucune formation en matière de sécurité ou de prévention, ce qui accroît considérablement leur exposition aux risques chimiques, physiques et biologiques. Les chercheurs soulignent que les fiches de données de sécurité, pourtant obligatoires dans les pays développés, sont rarement fournies par les distributeurs de produits chimiques au Maroc.
Des recommandations urgentes
Face à ces constats, l’équipe de recherche recommande la mise en place d’un plan national de prévention des risques professionnels dans les tanneries artisanales. Ce dispositif devrait prévoir la création de services médicaux interentreprises chargés d’assurer un suivi régulier de l’état de santé des tanneurs, ainsi que la réalisation d’examens médicaux périodiques tels que les radiographies pulmonaires, les tests visuels ou encore les bilans biologiques. Les chercheurs insistent également sur la nécessité d’une vaccination systématique contre les infections liées à la manipulation de matières animales — notamment la leptospirose, la typhoïde, l’hépatite B et le tétanos — afin de réduire les risques infectieux.
Par ailleurs, l’étude préconise l’amélioration des conditions d’hygiène dans les ateliers, en dotant les sites de douches, de systèmes de ventilation et de dispositifs de nettoyage réguliers. Enfin, elle souligne l’importance d’une formation obligatoire des artisans à la manipulation sécurisée des produits chimiques, condition essentielle pour instaurer une véritable culture de prévention au sein du secteur.
L’étude insiste également sur la nécessité de reconnaître certaines pathologies des tanneurs comme maladies professionnelles ouvrant droit à indemnisation, conformément au Bulletin Officiel n° 6303-12.
Elle met en garde contre les conséquences sociales d’une telle exposition chronique. La précarité économique du secteur artisanal, conjuguée à l’absence de sécurité sanitaire, fragilise davantage une main-d’œuvre déjà vulnérable. Les tanneurs, souvent âgés et faiblement instruits, cumulent les risques physiques, chimiques et psychosociaux, dans un environnement où la survie économique prime sur la prévention.
Par ailleurs, l’étude préconise l’amélioration des conditions d’hygiène dans les ateliers, en dotant les sites de douches, de systèmes de ventilation et de dispositifs de nettoyage réguliers. Enfin, elle souligne l’importance d’une formation obligatoire des artisans à la manipulation sécurisée des produits chimiques, condition essentielle pour instaurer une véritable culture de prévention au sein du secteur.
L’étude insiste également sur la nécessité de reconnaître certaines pathologies des tanneurs comme maladies professionnelles ouvrant droit à indemnisation, conformément au Bulletin Officiel n° 6303-12.
Elle met en garde contre les conséquences sociales d’une telle exposition chronique. La précarité économique du secteur artisanal, conjuguée à l’absence de sécurité sanitaire, fragilise davantage une main-d’œuvre déjà vulnérable. Les tanneurs, souvent âgés et faiblement instruits, cumulent les risques physiques, chimiques et psychosociaux, dans un environnement où la survie économique prime sur la prévention.






















