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Quand le béton perd la tchatche !


Rédigé par Saâd JAFRI le Lundi 18 Août 2025



Quand le béton perd la tchatche !
« Tu veux investir ? Fonce dans le béton ! ». Un conseil que chacun de nous a déjà entendu, tant l’immobilier a toujours été considéré comme une valeur sûre. Pourtant, la crise du Covid, combinée aux tensions géopolitiques en Europe de l’Est et au Moyen-Orient, a chamboulé un secteur qui n’affiche plus la rentabilité d’antan. Entre goulots d’étranglement des chaînes d’approvisionnement et flambée des matières premières, l’immobilier ploie sous le poids d’une conjoncture où l’horizon reste bouché. Au Maroc, cela se traduit par le recul des ventes estimé à quelque 30% sur un an. Qu’il s’agisse du foncier, du résidentiel ou de l’immobilier professionnel, les échos des acteurs du marché laissent entendre que l’intérêt des acquéreurs existe, mais la demande réelle ne suit pas. Le crédit immobilier a certes connu une hausse d’environ 2% à fin juin pour s’établir à 251,6 MMDH, mais cette évolution timide renseigne surtout sur la réticence des acheteurs. Car, en fin de compte, malgré la baisse du taux directeur, les taux appliqués aux crédits stagnent, tandis que les prix des biens, eux, s’envolent.

Pour une fois, la relance du marché ne dépend donc pas des consommateurs, mais des promoteurs qui doivent accepter de rogner sur leurs marges pour écouler leurs stocks, et les banques qui doivent revoir leurs taux en proposant des conditions réellement attractives. Sans cet effort qui répond aux lois fondamentales de l’offre et de la demande, inutile d’espérer un regain imminent d’investissement.

Et si la frilosité bancaire et la spéculation des promoteurs persistent, il faudra peut-être en passer par les fameuses « cooling measures » pour limiter les dérives, réguler la croissance des prix et contenir la fluctuation du marché. Taxation de la valeur du terrain, frais sur la détention inactive, ou encore rachat public des invendus… autant de leviers dont l’État pourrait se saisir pour rééquilibrer un secteur moteur de l’économie nationale. Il est vrai qu’aujourd’hui, les indicateurs tiennent surtout grâce aux chantiers liés à la Coupe du Monde 2030, sauf que derrière cette vitrine, plusieurs secteurs à forte valeur ajoutée stagnent. Miser sur un modèle de croissance aussi déséquilibré, voilà bien le piège que le Maroc doit éviter à tout prix.



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