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Patricia Llombart Cussac : 130 Millions de m³ d’eau économisés au Maroc, un bilan positif du programme PAP II


Rédigé par Youssef Benkirane Mardi 3 Juin 2025

Porté par un partenariat ambitieux impliquant des acteurs de l’Union européenne, le Programme d’Amélioration des Performances (PAP II) a permis d’économiser plusieurs millions de mètres cubes d’eau dans 32 villes marocaines, grâce à une enveloppe globale de 101 millions d’euros. La cérémonie de clôture de ce programme s’est tenue ce mardi au Policy Center for the New South (PCNS) à Rabat. Retour sur des résultats marquants.



L'ambassadrice de l'Union européenne au Maroc, Patricia Llombart Cussac
L'ambassadrice de l'Union européenne au Maroc, Patricia Llombart Cussac
l’Union européenne (UE), L’Agence française de développement (AFD), la Banque allemande de développement (KfW) et le Policy Center for the New South (PCNS) ont conjointement organisé, ce mardi 3 Juin, un événement marquant la clôture du Programme d’Amélioration des Performances (PAP II), coordonné par l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE).

Placée sous le thème : « Optimisation de la demande en eau au Maroc : Bilan et perspectives pour une gestion durable », cette rencontre a permis d’établir un bilan des réalisations du programme et de dégager des pistes pour une gestion plus efficiente des ressources hydriques.

Initié en 2013, le Programme d'Amélioration des Performances (PAP II) visait à optimiser la production d'eau potable, améliorer l'efficacité des réseaux de distribution et développer les compétences techniques de l'ONEE. Le financement de ce programme s'est élevé à 101 millions d'euros, répartis entre la KfW (Banque allemande de développement) avec 40 millions d'euros, l'Agence Française de Développement avec 30 millions d'euros, l'ONEE qui a contribué à hauteur de 24 millions d'euros, et l'Union européenne avec un don de 7 millions d'euros.

Grâce à ce soutien, 149 marchés ont été menés en permettant l'amélioration de l’accès à l’eau potable pour plus de 11 millions de personnes, soit près d’un quart des abonnés de l’ONEE.

Dans un contexte de stress hydrique croissant aggravé par le changement climatique, ces efforts ont contribué à réduire les pertes d’eau et à mieux équilibrer une offre de plus en plus contrainte face à une demande croissante. À l’occasion de la clôture du programme au PCNS, les discussions ont souligné les enjeux stratégiques liés à cette équation délicate entre offre et demande.

L'ambassadrice de l'Union européenne au Maroc, Patricia Llombart Cussac, a souligné dans une déclaration à L'Opinion l'efficacité de cette solide coopération. Elle a affirmé que ce projet, reflet de l'ampleur du partenariat UE-Maroc, a permis d'économiser plus de 130 millions de mètres cubes d'eau dans 32 villes marocaines.

"Cette collaboration fructueuse dans le domaine de l'eau potable a été renforcée par la signature, la semaine dernière, d'un prêt de 70 millions d'euros accordé par la Banque Européenne d'Investissement (BEI) à l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEE)". a rappelé l'ambassadrice.

L’ambassadrice a souligné que l’eau potable est un bien fondamental, notamment pour les pays du bassin méditerranéen confrontés à des sécheresses récurrentes. Cette réalité a renforcé la coopération Maroc-UE, notamment à travers le Partenariat Vert signé en octobre 2022.

Selon Cécile Couprie, directrice régionale pour l’Afrique du Nord à L’Agence française de développement (AFD), ce programme, initié dans le cadre de l’initiative « Team Europe » et d’abord lancé par la coopération allemande (KfW), est une illustration réussie de la coopération européenne. Il a permis la modernisation d’infrastructures dans 32 villes marocaines, le renforcement des capacités de stockage et l’intégration de technologies innovantes pour une détection rapide des fuites.

Dans une logique de continuité, un nouveau programme d’envergure est en préparation pour la période allant jusqu’à 2028. Porté par l’AFD, toujours dans le cadre des initiatives « Team Europe », ce programme budgétaire vise à soutenir la politique nationale de l’eau du Maroc. Il mobilisera plusieurs partenaires européens, dont la KfW, la coopération italienne, l’Union européenne et potentiellement d'autres bailleurs. L’objectif est de renforcer la résilience hydrique du Maroc par des actions ciblées telles que la réduction des pertes dans les réseaux, la protection des ressources, la préservation de la biodiversité et le développement de solutions alternatives (réutilisation, dessalement, etc.).

Depuis plus de 30 ans, l’AFD appuie le secteur de l’eau au Maroc avec plus de 1 milliard d’euros investis. Ses interventions couvrent l’ensemble du cycle de l’eau : gestion de la demande, renforcement de l’offre et accompagnement des politiques publiques.

Pour sa part, Robert Dölger, ambassadeur de la République fédérale d'Allemagne au Maroc, a exprimé sa fierté devant ce programme qui a su fédérer partenaires marocains et européens autour de la question vitale de l'eau.

"Nous fêtons dans quelques jours 50 ans de coopération bilatérale fructueuse entre le Maroc et l'Allemagne. Nous allons évidemment poursuivre notre engagement sur la question de l'eau, car elle est d'une importance cruciale. Et naturellement, nous continuerons aussi notre coopération dans d'autres domaines, dont l'énergie, la formation professionnelle, les énergies renouvelables, ou encore l'agriculture."  a souligné le diplomate.

Gestion de la demande en eau au Maroc : Stratégies, innovations et perspectives d’évolution

Les échanges ont aussi porté sur la maîtrise de la demande en eau, devenue une priorité stratégique. Rachid Rajel, chef de division à la direction générale de l’hydraulique au ministère de l’Équipement et de l’Eau, a rappelé les objectifs des Plans Nationaux de l’Eau. Ceux-ci visent à atteindre un rendement de 80 % d’ici 2030, puis 85 % en 2040, et à maintenir ce niveau jusqu’en 2050. Il a également évoqué le Programme National d’Alimentation en Eau Potable et d’Irrigation (PNAEPI 2020–2026), doté de 143 milliards de dirhams, dont 27,5 milliards destinés à l’amélioration des rendements et à la sensibilisation à un usage rationnel de l’eau.

En revanche, Mohammed Benahmed, expert en projets de développement territorial, a affirmé sans détour que la gestion de la demande en eau au Maroc ne peut plus se limiter à de simples ajustements ponctuels. Il insiste sur la nécessité d'une coordination intersectorielle plus efficace de l'action institutionnelle. Les constats sont connus, l'agriculture reste le principal consommateur, accaparant jusqu'à 87% des ressources, souvent pour des cultures gourmandes en eau et mal adaptées aux bassins sous stress hydrique. De même, les pertes dans les réseaux urbains, dépassant parfois 30%, constituent un gaspillage inacceptable de ressources vitales.

Pour l'expert, la gestion de la demande dépasse la seule dimension technique ; c'est un véritable levier de transformation de notre rapport à l'eau, de notre compétitivité économique et même de notre survie sociale dans plusieurs régions du Royaume. Il est impératif d'investir massivement dans le suivi intelligent et le pilotage précis de la consommation. L'Internet des Objets (IoT), la télémesure et les plateformes numériques de données sont des "game-changers". À titre d'exemple, M. Benahmed cite Barcelone, où des capteurs IoT ont réduit les pertes de 25%. Au Maroc, avec 23% de pertes dans les réseaux de distribution, une généralisation des "Smart Water Grids" pourrait réduire ces pertes à moins de 15% d'ici 2030, économisant des centaines de millions de mètres cubes.

Au-delà des pertes physiques, les freins à la réduction de la demande résident aussi dans nos comportements et les signaux économiques que nous envoyons. Une tarification progressive, des subventions ciblées pour les technologies économes et des mécanismes de bonus-malus sont essentiels pour récompenser les comportements sobres et décourager le gaspillage. Parallèlement, l'engagement des citoyens, la sensibilisation à la valeur économique de l'eau et la promotion de pratiques de conservation ne sont pas des options, mais des impératifs.







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