Jamais la tension ne fut si forte entre les avocats et le ministère de tutelle. Les robes noires s’estiment victimes du remue-ménage que le ministre Abdellatif Ouahbi a opéré dans le système judiciaire. A première vue, cela peut donner l’impression d’un bras de fer entre un avocat et ses ex-confrères, qui rappelle le fameux dicton marocain : “Ton frère de métier est ton ennemi”. Mais le malaise est plus profond que ça. Les avocats parlent beaucoup de leur “honneur” qu’ils estiment bafoué par le “package de législation” de Ouahbi, qui serait, à leurs yeux, attentatoire à leur statut. Le chef d’accusation est lourd. Les barreaux contestent farouchement qu’on leur ôte le monopole de plaidoirie dans la nouvelle Procédure civile. C’est là le point focal de l’indignation, en plus de la question des recours plafonnés désormais par des seuils financiers. Ouahbi, pour sa part, dit vouloir donner droit aux citoyens à plaider sans avoir impérativement besoin d’un avocat et leur épargner ainsi les honoraires. De l’autre côté, la Procédure pénale semble moins contestée puisqu’il est évident que le droit de la défense s’en sort raffermi.
En fait, loin des technicités juridiques, la colère des avocats s’exacerbe du moment qu’on touche à leur statut symbolique, ce qui explique pourquoi ils ont du mal à accepter l’idée de s’intégrer à la Sécurité sociale avec les autres professions.
Ils se considèrent les dépositaires d’une mission à vocation universelle. Une charge assez noble pour avoir leur propre Mutuelle. Aussi, la vision que les avocats se font d’eux-mêmes, à tort ou à raison, explique leur susceptibilité. Un avocat se voit comme le rempart de l’Etat de droit, et l’unique refuge contre l’arbitraire et l’abus de pouvoir. Là, c’est un débat philosophique sur la place de l’avocat dans la société. Un débat tout à fait légitime qu’il serait sain de mener sans céder à la radicalité et aux accusations mutuelles.
Encore faut-il s’y armer de beaucoup de pédagogie dans la conduite des réformes, à la fois dans les médias et dans les discussions parlementaires. Enfin, quels que soient les arguments des deux parties, aussi éloignés soient-ils les uns des autres, ce duel ne saurait durer indéfiniment, d’où l’importance de l’esprit de compromis, puisqu’il ne s’agit pas uniquement d’une réforme isolée, mais de la refonte du système judiciaire pour les vingt ou trente prochaines années.
En fait, loin des technicités juridiques, la colère des avocats s’exacerbe du moment qu’on touche à leur statut symbolique, ce qui explique pourquoi ils ont du mal à accepter l’idée de s’intégrer à la Sécurité sociale avec les autres professions.
Ils se considèrent les dépositaires d’une mission à vocation universelle. Une charge assez noble pour avoir leur propre Mutuelle. Aussi, la vision que les avocats se font d’eux-mêmes, à tort ou à raison, explique leur susceptibilité. Un avocat se voit comme le rempart de l’Etat de droit, et l’unique refuge contre l’arbitraire et l’abus de pouvoir. Là, c’est un débat philosophique sur la place de l’avocat dans la société. Un débat tout à fait légitime qu’il serait sain de mener sans céder à la radicalité et aux accusations mutuelles.
Encore faut-il s’y armer de beaucoup de pédagogie dans la conduite des réformes, à la fois dans les médias et dans les discussions parlementaires. Enfin, quels que soient les arguments des deux parties, aussi éloignés soient-ils les uns des autres, ce duel ne saurait durer indéfiniment, d’où l’importance de l’esprit de compromis, puisqu’il ne s’agit pas uniquement d’une réforme isolée, mais de la refonte du système judiciaire pour les vingt ou trente prochaines années.