Vue d’avion, l’homme a un parcours classique d’un journaliste qui traverse les décennies avec fougue, aimant à la démence son métier. Lorsque nous atterrissons, nous sommes submergés par un tumulte professionnel qui rythme le quotidien d’un serviteur de l’information et de quelques donneurs d’ordres. Mohammed Bendaddouch fait partie de ces visionnaires, de ces anticipateurs qui caressent la profession, s’en méfient, gardant continuellement la tête froide. Pourtant, ce qu’il exerce n’est pas réellement sa destinée. Le jeune algérien, natif de Tlemcen en 1929, débarque à Fès à l’âge de 16 ans pour intégrer l’Université Al Quaraouiyne sur recommandation du Aâlem et historiographe du Royaume Abdelwahab Benmansour alors en poste à Dar Al Hadith de Tlemcen. Parallèlement à ses études à Al Quaraouiyne, Bendaddouch est épris d’écriture. Il devient correspondant d’un hebdomadaire tunisien du nom de « Assarih ».
Cette revue pour laquelle il travaille gracieusement est un espace important pour le journaliste en devenir. Tissant des liens au sein de l’antenne du parti de l’Istiqlal de Fès, il récupère tous les articles de « Al Alam » censurés par l’administration française et les publie dans « Assarih ». C’est également l’aboutissement d’un rêve d’enfance. Le futur homme de radio s’imagine déjà devant un micro, à tel point que lorsqu’il participe à une sortie scolaire dans sa ville natale, encadrée par le maître Benmansour, il enregistre les différentes étapes de la sortie sous la forme d’un reportage. Ses études inachevées à Al Quaraouiynes, Mohammed Bedaddouch part tenter sa chance à Rabat où il pousse la porte de la radio nationale. Nous sommes en 1952.
Cette revue pour laquelle il travaille gracieusement est un espace important pour le journaliste en devenir. Tissant des liens au sein de l’antenne du parti de l’Istiqlal de Fès, il récupère tous les articles de « Al Alam » censurés par l’administration française et les publie dans « Assarih ». C’est également l’aboutissement d’un rêve d’enfance. Le futur homme de radio s’imagine déjà devant un micro, à tel point que lorsqu’il participe à une sortie scolaire dans sa ville natale, encadrée par le maître Benmansour, il enregistre les différentes étapes de la sortie sous la forme d’un reportage. Ses études inachevées à Al Quaraouiynes, Mohammed Bedaddouch part tenter sa chance à Rabat où il pousse la porte de la radio nationale. Nous sommes en 1952.
Traducteur-speaker
La direction française de la radio lui souhaite la bienvenue après l’avoir testé en long et en large. La nouvelle recrue intègre le service arabophone avec l’unique mission de traduire du français vers l’arabe des informations qu’il lit ensuite au micro. Le micro ! Bendaddouch s’épanouit progressivement mais n’oublie pas ses « origines maghrébines » comme il aimait à les mettre en lumière, en les rappelant au prince Moulay El Hassan qui accompagne son père Mohammed V de retour d’exil. Cela se passe sous une tente au lendemain du discours d’Oujda, lors de l’inauguration d’un barrage dans la région de Berkane. Mohammed Bendaddouch y est invité par l’ancien Sultan qui souhaite s’enquérir des avis des Algériens suite à son allocution dont quelques passages s’adressent aux Français à qui il demande d’arrêter de martyriser le peuple d’Algérie.
L’encore Algérien rend compte de l’accueil favorable des personnalités du pays voisin présentes dans la foule. Moulay El Hassan s’étonne en apprenant que le journaliste marocain est Algérien. Dans la foulée, Bendaddouch qui tient une émission hebdomadaire dite « Al Alam Fi Ousboue » est suspendu par la direction de la radio. Son forfait ? Il demande à La France de négocier avec la résistance algérienne. Il est réhabilité le jour où Mohammed V prend l’avion en direction de la France pour entériner le retrait de l’administration française et la fin du protectorat. Réhabilité comme rédacteur, pas comme speaker. Les choses changent progressivement jusqu’au jour où Hassan II, roi du Maroc, naturalise Mohammed Bendaddouch. Le journaliste proche du sérail devient Marocain à l’issue du premier conseil des ministres tenu par le nouveau souverain en 1961.
L’encore Algérien rend compte de l’accueil favorable des personnalités du pays voisin présentes dans la foule. Moulay El Hassan s’étonne en apprenant que le journaliste marocain est Algérien. Dans la foulée, Bendaddouch qui tient une émission hebdomadaire dite « Al Alam Fi Ousboue » est suspendu par la direction de la radio. Son forfait ? Il demande à La France de négocier avec la résistance algérienne. Il est réhabilité le jour où Mohammed V prend l’avion en direction de la France pour entériner le retrait de l’administration française et la fin du protectorat. Réhabilité comme rédacteur, pas comme speaker. Les choses changent progressivement jusqu’au jour où Hassan II, roi du Maroc, naturalise Mohammed Bendaddouch. Le journaliste proche du sérail devient Marocain à l’issue du premier conseil des ministres tenu par le nouveau souverain en 1961.
Coup d’Etat et Marche verte
Le rédacteur-speaker poursuit son parcours au sein de la radio, relatant heurs et malheurs de la société. En 1971, il est la voix qui annonce le coup d’Etat de Skhirat -aux côtés du compositeur Abdessalam Amir- et celle qui rend compte de l’échec des putschistes avant d’assister physiquement à leur exécution. En 1974, il est nommé directeur de la radio nationale. Quelques mois plus tard, Hassan II qui l’appelle souvent sans passer par les différents ministres de tutelle annonce l’évènement mettant psychologiquement le peuple en symbiose : La Marche Verte. Bendaddouch est fatalement de la partie et réalise avec ses équipes une couverture historique des péripéties de l’aventure au nom de l’unité territoriale. Le directeur de la radio est continuellement approché par le palais pour diffuser au-delà de sa propre sphère (Télévision et MAP) des informations de première main. Jusqu’en 1986, tout se passe dans la cohésion. Mais en cette même année, malgré ses rapports privilégiés avec Hassan II, Mohammed Bendaddouch est limogé par Driss Basri sous prétexte d’un message mal enveloppé du président américain Ronald Reagan envoyé au roi. Le concerné raconte en 2015 dans Hespress : « J’étais à la radio lorsqu’il n’était qu’un agent de sécurité montant la garde lorsque j’arrivais au palais royal. L’incident de mon renvoi remonte à la fête de Aïd Al Fitr. Le roi recevait des messages de félicitations à l’occasion de cette fête. Le ministre de l’Information de l’époque m’a appelé et m’a demandé de transmettre le télégramme de Reagan à la radio, à la télévision et à la MAP. Ce que j’ai fait même si je ne dirigeais que la radio. A la télévision, les messages ont été raccourcis. Ce que j’ai expliqué en vain. Basri qui vouait une haine particulière aux journalistes m’a demandé de le retrouver le lendemain chez lui. Le jour de l’Aïd donc. Je croise dans sa villa le directeur des programmes de la télévision Nour-Eddine Saïl. Le ministre de l’Intérieur m’engueule et me signifie que j’étais viré. » Pris d’une subite douleur, Bendaddouch qui « grandit » à la radio et n’est qu’à trois années de la retraite ne ressent que dégoût face à cette ignoble répudiation. Il est rappelé plus tard par le même Basri pour enseigner à l’Institut Supérieur de Journalisme où il lit plus les journaux qu’il ne donne de cours. Il publie ensuite deux ouvrages : « Voyage à travers la mémoire » et « Ma vie avec le microphone » où il se livre sans retenue. Le conseiller en communication de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) aura vécu pleinement sa passion et ses quelques amers dérivés.
Anis HAJJAM