
Lors du 28ème Congrès des maires, tenu récemment à Barcelone, Juan José Imbroda, président de la ville occupée, a dressé un bilan sévère de l’impact économique engendré par la fermeture, en août 2018, du poste douanier commercial entre Melillia et le Maroc. Ce geste de Rabat a, selon ses propres termes, porté « un coup dévastateur » au développement économique de la cité, anéantissant environ 60 % de son économie privée.
Imbroda a également indiqué avoir alerté le président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, sur le décalage entre les promesses gouvernementales concernant la réouverture du poste en janvier 2025 et la réalité économique actuelle. Il insiste sur le fait que les contextes économique et politique ont radicalement changé en sept ans, rendant les perspectives d’un retour à la normale bien plus complexes.
Un rapport publié par le quotidien espagnol Estoesdxt, sous le titre « Comment le Maroc a gravement impacté 60 % de l’économie privée à Melillia », vient corroborer ce constat. L’analyse met en lumière le bouleversement profond des dynamiques commerciales et économiques de Melillia. La fermeture du passage frontalier a provoqué un effondrement brutal des échanges transfrontaliers, qui constituent pourtant l’épine dorsale du tissu commercial local.
Les données du rapport révèlent que les entreprises locales, particulièrement celles dépendant du commerce frontalier, luttent pour survivre face à des difficultés inédites. Les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement, la hausse des coûts d’exploitation et la perte de compétitivité se traduisent par une augmentation sensible des prix à la consommation et une pénurie de certains produits, ce qui a transformé une crise économique en une crise sociale globale.
Le rapport souligne également la précarité accrue des petits et moyens commerçants, historiquement bâtisseurs de l’activité transfrontalière. Ces derniers doivent désormais réévaluer leurs modèles économiques dans un contexte marqué par des restrictions unilatérales d’importation des marchandises en provenance de Melillia vers le Maroc, tandis que les produits marocains continuent à pénétrer librement le marché local.
Sur le plan des infrastructures, Imbroda insiste sur la nécessité urgente de moderniser l’aéroport local, notamment en étendant la piste et en équipant l’aéroport de systèmes d’atterrissage performants afin de garantir la régularité des vols, souvent perturbés par des conditions climatiques défavorables. La suspension de la liaison maritime entre Melilia et Almería est également pointée du doigt comme source d’une grave pénurie logistique, entravant l’approvisionnement en biens de première nécessité et limitant la mobilité des citoyens, accentuant ainsi l’isolement géographique et économique.