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Médicaments : Si chers, si cruels !


Rédigé par Saâd JAFRI le Dimanche 20 Juillet 2025



Médicaments : Si chers, si cruels !
Trop chers, souvent indisponibles, parfois même incompréhensibles pour le grand public… les médicaments sont, depuis plusieurs années, pris dans une spirale de dysfonctionnements, symptôme d’un marché qui ne répond plus aux lois classiques de l’offre et de la demande. Régulièrement secoué par des polémiques, accentuées depuis la crise du Covid-19, le secteur ravive une fois encore les tensions entre l’État et les pharmaciens, qui pointent du doigt des défaillances structurelles. Un constat loin d’être nouveau, puisqu’en 2009 déjà, une commission parlementaire d’enquête avait déjà passé au crible le marché du médicament au Maroc, dressant trois constats majeurs.

Premièrement, les prix pratiqués étaient anormalement élevés, non seulement par rapport aux pays de la région, mais surtout en comparaison avec le pouvoir d’achat des Marocains. Deuxièmement, la responsabilité de cette situation était partagée entre les industriels et l’administration, en particulier le ministère de la Santé, chargé de fixer les prix. Troisièmement, le rapport soulignait que des baisses substantielles étaient envisageables si une série de mesures étaient adoptées, dont la création d’une commission ad hoc pour encadrer les prix. Cette commission verra effectivement le jour en janvier 2010, sous la pression de l’opinion publique… avant que la Cour des Comptes n’en conteste la légalité.

Depuis, on a vu défiler une série de réformettes, d’annonces, de correctifs, mais sur le fond, rien n’a vraiment changé, ou si peu, que l’on serait tenté de croire que les Marocains n’ont jamais eu droit à un système digne de ce nom. En 2020, en pleine crise sanitaire, c’est le Conseil de la Concurrence qui relance le débat, pointant un marché «très administré», « excessivement réglementé », évoluant dans un cadre juridique « dépassé ». Trois ans plus tard, la Cour enfonce le clou, dénonçant un décret de fixation des prix « ou », « inadapté », incapable de trancher la question épineuse des médicaments « sans statut ». Et ce, alors que 25 % des produits sont en situation de monopole. Un véritable affront à toute logique concurrentielle !

Et aujourd’hui encore, la question de la tarification suscite l’ire des pharmaciens qui menacent d’une grève nationale accouplée d’une fermeture totale des officines. C’est dire que, quinze ans après les premiers signaux d’alerte, le secteur tourne toujours en rond, prisonnier d’un système verrouillé, sous une tutelle administrative pesante, où les logiques techniques continuent de prévaloir sur les urgences de notre population. Et dire qu’il n’y a pas si longtemps, en pleine pandémie, on nous promettait une souveraineté pharmaceutique… On nous assurait que l’État veillerait à préserver le pouvoir d’achat, à garantir l’accès aux soins, à réduire notre dépendance aux cours internationaux. Mais outre la baisse marginale du prix de quelques médicaments, aucune avancée notable n’est venue concrétiser ces engagements. Ironique, non ?



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