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Actu Maroc

Marocanité du caftan : L’Algérie battue à plate couture à l’UNESCO [INTÉGRAL]


Rédigé par Omar ASSIF Jeudi 11 Décembre 2025

​Malgré les manœuvres du régime algérien, le Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO a adopté, mercredi, la décision d’inscrire le «Caftan marocain : arts, traditions et savoir-faire» sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’Humanité. Une victoire nette pour le Royaume, et une véritable déconvenue pour Alger.



Alors que l’attention médiatique se concentre sur la rivalité géopolitique entre le Maroc et l’Algérie au sujet du Sahara marocain et du leadership régional, surtout après la Résolution 2797 du Conseil de Sécurité qui érige l’initiative marocaine en cadre exclusif de toute solution envisageable, une nouvelle polémique éclate sur le terrain culturel et patrimonial. Après les controverses autour du couscous, du tajine, de la musique gnaoua, ou encore de l’argan, c’est désormais le caftan qui cristallise encore une fois les tensions, notamment après les manœuvres algériennes lors de la 20ème session du Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine immatériel, tenue à New Delhi, où le Maroc présentait la candidature du caftan pour son inscription au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Mais le Royaume, fort de la profondeur historique de son patrimoine, se montre aujourd’hui particulièrement vigilant face aux offensives répétées de son voisin de l’Est. Cette fois-ci, l’Algérie a déposé un amendement contestant certains points, allant des délais de dépôt à la mise à jour de documents audiovisuels, en passant par l’ajout de références jugées inadéquates. Après débat, le Comité a finalement confirmé l’avis de son instance d’évaluation et validé l’inscription, estimant le dossier marocain conforme aux critères et aux procédures. Ainsi, le caftan marocain rejoint officiellement la liste du patrimoine immatériel de l’humanité, couronnant des années de travail pilotées sous la conduite de SM le Roi Mohammed VI, qui accorde une importance constante à la préservation et à la transmission du patrimoine national.

Rabat avait soumis un dossier riche, rigoureux et documenté, retraçant l’évolution du caftan à travers les siècles, son rôle social et la vitalité du savoir-faire porté par les artisans et maîtres maâlems, souligne une source de la délégation marocaine, notant que le dépôt reconnaît également l’implication de la société civile, au Maroc comme à l’international, dans la sauvegarde et la promotion de cette tenue emblématique.
 
Ce que cela change pour le caftan

Cela dit, la recommandation favorable de l’instance technique laissait présager une issue positive, soulignant que le dossier marocain répondait aux exigences de la Convention de 2003, démontrant la vitalité de cet élément culturel, sa transmission intergénérationnelle, l’identification précise de ses communautés porteuses, son inscription dans les inventaires officiels et l’existence de mesures concrètes de sauvegarde.

Cette reconnaissance - qui ne confère aucun droit d’exclusivité, la Convention n’ayant pas vocation à attribuer des titres de propriété - atteste toutefois de l’ancrage profond du caftan dans la société marocaine. Elle met en lumière l’existence d’une communauté vivante de créateurs, d’artisans et de praticiens, et rappelle la nécessité d’intensifier les efforts de préservation. Car le caftan marocain n’est pas un simple vêtement traditionnel, c’est un symbole vivant, transmis dans les familles, les ateliers et les maisons de couture, un reflet d’Histoire, de créativité et d’identité qui ne cesse de se réinventer.

Cette inscription marque donc une étape historique et renforce la présence du Maroc sur la scène patrimoniale internationale. Elle porte désormais à dix-sept le nombre d’éléments marocains inscrits à l’UNESCO, enrichissant un corpus déjà emblématique de l’identité culturelle et vestimentaire du Royaume.
 
Une exception marocaine

Cette reconnaissance internationale d’un héritage unique, auquel les Marocains sont profondément attachés, est perçue également comme la consécration d’une exception marocaine que d’aucuns tentent de diluer dans un ensemble maghrébin plus hétérogène qu’il n’y paraît. Elle rappelle l’importance de traditions ancestrales, profondément ancrées dans la conscience collective et perfectionnées au fil d’une Histoire plurimillénaire. La proximité géographique, la langue commune et une Histoire en partie partagée expliquent bien sûr l’existence de points de convergence entre les patrimoines marocain et algérien, comme d’ailleurs entre l’ensemble des pays du Maghreb, voire certains pays d’Europe. Mais en approfondissant l’analyse, les spécificités réapparaissent clairement du fait que chaque pays possède un héritage propre, façonné par des trajectoires historiques distinctes. Il en va ainsi de la gastronomie, où la finesse et la diversité de la cuisine marocaine se distinguent nettement, mais aussi de l’architecture, de l’artisanat, de la musique et de la couture traditionnelle, qui ont trouvé dans la synthèse judéo-amazigho-arabe du Maroc un terreau fertile pour atteindre un degré exceptionnel de raffinement et d’universalité.

Le Maroc, en tant qu’État-Nation doté d’une continuité historique unique, a su transmettre et sublimer ses savoir-faire, leur donnant une dimension universelle grâce à une transmission ininterrompue et à un perfectionnement constant. À l’inverse, l’Algérie a vu son patrimoine profondément affecté par une succession de ruptures historiques, dont la colonisation française de peuplement constitue le traumatisme majeur, ayant altéré durablement le substrat culturel et identitaire du pays. Cela n’enlève rien à la créativité indéniable du peuple algérien, dont l’expression la plus éclatante se retrouve notamment dans son riche patrimoine musical et dans plusieurs domaines proches de ceux du Maroc.

Aujourd’hui, plutôt que de consacrer des ressources à des manœuvres hostiles au Maroc, il serait plus constructif pour le régime des généraux de valoriser le patrimoine algérien, de le documenter, de le promouvoir et de bâtir une véritable stratégie culturelle lui permettant de sortir de son isolement relatif sur la scène internationale. 
 
Omar ASSIF

3 questions à Tajeddine Houssaini : « Alger cherche son identité dans l’Histoire de ses voisins »

Politologue et professeur des relations internationales à l’Université Mohammed V de Rabat, Tajeddine Houssaini répond à nos questions.
Politologue et professeur des relations internationales à l’Université Mohammed V de Rabat, Tajeddine Houssaini répond à nos questions.
  • Pourquoi, à votre avis, l’Algérie mène-t- elle cette guerre patrimoniale contre le Maroc ?

L’Algérie, qui n’a pas d’identité, est en train de la chercher. Cette zone géographique a été traversée par plusieurs civilisations, les Ottomans avant la colonisation française, les Carthaginois et autres et n’a jamais constitué un Etat indépendant. Le peuple algérien a cherché depuis l’indépendance à s’identifier à quelque chose et trouver l’Etat-Nation qui n’existait pas en Algérie. Celle-ci a pris la guerre de libération comme symbole de cette identité. Aujourd’hui, elle la cherche dans l’Histoire de ses voisins.
 
  • Vous dites que le voisin de l’Est pioche dans le patrimoine de ses voisins, pourquoi a-t-il choisi le Maroc comme cible pour sa quête identitaire?

L’Algérie se situe entre plusieurs pays très enracinés dans l’Histoire, dont le Maroc, qui a une Histoire de 12 siècles. Elle croit que sa force est tributaire de la faiblesse de ses voisins. Envers l’Espagne, un pays développé faisant partie d’un ensemble régional très solide qui est l’Union Européenne, l’Algérie ne pouvait prétendre à aucune rivalité, tant l’écart est évident. 

Avec la Tunisie, un pays doté d’une Histoire riche et d’un grand patrimoine mais d’une petite superficie, l’Algérie, en sa qualité de plus grand pays d’Afrique, cultive depuis toujours un certain complexe de supériorité. Reste le Royaume millénaire du Maroc sur lequel le régime algérien fait une sorte de fixation depuis le lendemain de l’indépendance, allant jusqu’à le désigner aujourd’hui comme ennemi classique.
 
  • Comment peut-on justifier les déclenchements du con it patrimonial et culturel ?

Cette attitude découle des éléments précités, à savoir la rivalité et l’adversité voulue par le régime algérien qui ne se conçoit que dans ce genre de rapports conflictuels. Et comme la guerre militaire est un luxe qu’il ne peut pas ou ne veut pas se permettre, restent les gesticulations de toutes sortes parmi lesquelles les tentatives de spoliation du patrimoine d’autrui et les répétitives dénonciations, fausses accusations et pleurnicheries concernant des supposées tentatives de spoliation par le Maroc du maigre patrimoine algérien.

Données de l’inventaire : Une formulation marocaine empirique

Le caftan marocain se présente comme une longue tunique ouverte sur le devant, confectionnée dans des étoffes nobles - soie, velours, satin ou brocart - et ornée de passementerie sfifa, d’œillets et de boutons aïn et âqda, indique le document de la tutelle présenté à l’UNESCO. Héritier des traditions arabe, amazighe et juive, il résulte du savoir-faire des mâalmine qui maîtrisent broderies en ls d’or ou de soie, zouaq lamâallam, perles et paillettes appliquées à la main. Chaque région du Maroc en propose une interprétation singulière : le Ntaâ de Fès en velours brodé d’or ; le caftan de Salé et son motif debbana ; le caftan ancien de Rabat orné de broderie rbatie ; le caftan de Tétouan marqué par le khanjar ; celui d’Oujda riche en galons et soutaches ; ou encore les modèles d’Azemmour inspirés de motifs zoomorphes. Le document précise qu’on retrouve également le tarz al-Fassi, la Takchita Mansouria, le caftan princier makhzani, le caftan jawhara en soie rayée, ou encore le caftan amazigh asmlal reconnaissable à ses rosettes tijddiguin et boutons tibskarin.

À ces tenues s’ajoutent des accessoires emblématiques comme la ceinture traditionnelle mdamma brodée ou façonnée en métal précieux, les babouches brodées cherbil, le seroual qandrissi, les foulards nord-marocains ou le burnous. Cet ensemble s’accompagne d’un riche répertoire de bijoux (khit errih, diadèmes, bracelets, colliers) portés lors de cérémonies telles que mariages, fiançailles, fêtes religieuses ou soirées de Ramadan. Remontant à l’époque almohade et décrit dès le XVIème siècle par Léon l’Africain, le caftan a évolué sans jamais perdre ses marqueurs identitaires : passementerie, broderie et travail minutieux du fil. Aujourd’hui, grâce à une nouvelle génération de stylistes, il allie héritage et modernité et continue de rayonner bien au-delà des frontières du Royaume.







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