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Culture

Magazine : Atelier d’artiste, le royaume du recoin


Rédigé par Anis HAJJAM le Dimanche 24 Avril 2022

Le 19 avril s’est tenue dans l’espace de la Fondation Alliances à Casablanca une rencontre autour de « L’artiste et son atelier : dans l’antre de la création ». L’artiste c’est Saâd Hassani pour qui l’atelier est le lieu du travail et du métier avec le sentiment d’être dans les secrets…



L’atelier, un espace où le mental est mis à nu, où l’expérimentation est reine. L’atelier, un lieu physique où l’immatériel côtoie religieusement l’imaginaire. L’atelier, un chantier silencieux où une idée tirée du réel se transforme en un brouhaha de déconstructions. L’atelier, une plateforme qui inspire l’artiste et inversement. Pourquoi l’atelier dans lequel on s’active est un lieu jalousement fermé ? Parce que dans un atelier, une création est en continuel devenir.

Dans un atelier, une création est un objet. Elle ne devient véritablement oeuvre que lorsqu’elle quitte cet antre chargé de secrets pour investir la galerie d’art ou le musée et se laisser caresser par l’oeil du curieux qui la scrute. Lorsque l’artiste s’isole c’est pour produire. Et quand il offre son art au regard, l’atelier est déserté au profit du monde. Déserté par l’acte de création et pas forcément verrouillé, puisqu’un atelier est autant un lieu de rencontres, de palabres et de stimulations intellectuelles.

Happening intimiste

Dans le cadre de la rencontre « L’artiste et son atelier », un happening intimiste autour de Saâd Hassani, la plasticienne Amina Benbouchta qui tient depuis quelque temps un atelier-studio à Casablanca assure que son espace respire aussi bien la création que la rencontre qui prolonge ce processus : « Lorsque je ferme la porte du studio, je suis livrée corps et âme à ma production. Il suffit que je jette un oeil sur l’extérieur pour que bruit et passants effleurent mon esprit, une forme d’inspiration. Un atelier est un coin isolé dans un espace ouvert. J’avoue m’être laissée influencer par la dynamique de l’antre de Saâd Hassani. »

Le journaliste et auteur de textes sur l’art Adil Hajji ne manque pas d’éloges à l’endroit de Hassani et de ses différents ateliers : « Je me rappelle de fructueuses rencontres entre artistes et différents intellectuels dans le Fondouk Bachkou. Ce lieu est un lieu de mémoire. Ecrivains, critiques, plasticiens et autres auteurs artistiques emplissaient de leurs idées et témoignages cet endroit chargé de souvenirs. » L’architecte Rachid Andaloussi, inconsolable casablancais, raconte l’arrivée en 1972 de l’artiste-peintre dans la métropole venant de son paisible Rabat natal : « A l’époque, tout ou presque se passait dans la capitale. Casablanca comptait peu de galeries d’art. Saâd a pris le temps de s’acclimater avec la ville et est devenu progressivement casablancais. Nous nous sommes liés d’amitié et bien plus tard il m’a fait visiter une espèce de hangar qu’il a déniché au centre-ville, faisant face à l’ancienne médina. Une ancienne fabrique de menuiserie avec mezzanine qu’il souhaitait transformer en atelier. Il y avait des madriers qui menaçaient effondrement en dehors d’autres joyeusetés. J’ai fait alors appel à des ingénieurs dont c’est le métier et j’ai procédé à un rafraîchissement intégral des lieux. J’ai joué sur le blanc en phase avec la lumière qui pénétrait l’espace. Un coin ‘‘invités’’ a également été aménagé. »

Cet espace, le Fondouk Bachkou, n’est pas étranger à l’artiste-peintre tangérois Ilias Selfati : « Je connaissais bien Saâd avant notre collaboration en 2006. Je l’ai également côtoyé à Madrid où j’habitais. Au Fondouk, on a pu beaucoup échanger et travailler. Un endroit exceptionnel avec des ondes positives et stimulantes. Depuis, c’est une amitié solide qui nous lie. »

La discussion bifurque ensuite sur l’oeuvre de Hassani dont les toiles cernent l’assistance. Adil Hajji évoque la beauté qui traverse les toiles de l’artiste pour qu’ainsi se conclue la rencontre.

Lumière zénithale

L’atelier le Fondouk devient au fil des années, depuis son ouverture autour de l’année 2000, un endroit star du Casablanca culturel de par sa situation géographique et ses activités. Brahim Alaoui, critique et commissaire d’expositions, enveloppe joliment cet espace dans un écrit datant de décembre 2017.

En voici un extrait : « (…) Sorte d’oasis au milieu de la turbulence, à la fois proche et isolé de la ville trépidante, ce fondouk abrite quelques boutiques d’ébénistes réparties autour d’une cour où s’activent les artisans, et c’est dans un ancien atelier de menuiserie que Saâd Hassani va installer son atelier (…) Le lieu dégage une ambiance de quiétude qui vient rompre avec le vacarme de la métropole. L’éclairage apporté par une lumière zénithale dévoile un volume généreux où fonctionnalité et modernité se complètent. Une lumière diffuse semble caresser ses murs blancs et les grands formats de Hassani qui les occupent magistralement (…) Sous la mezzanine vient se loger un salon avec canapé et fauteuils qui sert à l’artiste pour se détendre, lire et recevoir ses visiteurs et amis. Occasionnellement, Saâd accueille dans son atelier des évènements culturels et des rencontres artistiques. »

L’artiste est actuellement plongé dans les préparatifs de sa nouvelle exposition prévue pour la deuxième quinzaine du mois de mai. Une autre étape, un souffle renouvelé.
 

Anis HAJJAM

 



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