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International

Liban-Israël : Israël ouvre ses frontières aux ouvriers agricoles libanais


Rédigé par La rédaction Mercredi 27 Octobre 2021

Alors que les deux pays sont officiellement en guerre, l’État hébreu a décidé d’ouvrir temporairement ses frontières aux travailleurs agricoles de son ennemi.



Photo REUTERS/Aziz Taher
Photo REUTERS/Aziz Taher
«À la lumière de la situation économique du Liban et en signe de bonne volonté envers le peuple libanais, l’armée a ouvert la frontière aux travailleurs agricoles d’al-Jabal, Aitaroun et Blida», stipule un communiqué de l’armée israélienne du 25 octobre.

De manière exceptionnelle, pour récolter des olives, les agriculteurs libanais vont pouvoir traverser la «ligne bleue» qui délimite la frontière entre les deux pays après le retrait des troupes israéliennes du Sud Liban en mai 2000.

«C’est de l’humanitaire préventif», estime au micro de Sputnik Daniel Meier, chercheur associé au laboratoire Pacte et enseignant à Science Po Grenoble. «Cela s’apparente à une opération séduction. On a ici des ingrédients tout à fait favorables pour ce genre d’initiative avec un État libanais totalement déliquescent. C’est une mesure opportuniste dans un contexte délétère qui définit le geste israélien comme étant un geste humanitaire ».

Mais l’initiative «humanitaire» israélienne ne serait pas dénuée d’intérêt politique. «Le nouveau gouvernement israélien est dans une ouverture tous azimuts avec les pays du Golfe, cette mesure s’inscrirait donc dans le cadre d’une politique des petits pas à l’égard du Liban. Il y a la volonté d’induire un début de changement », indique Daniel Meier. Mais les Émirats arabes unis ou le Bahreïn, qui ont récemment normalisé leurs relations avec Tel-Aviv, ne sont pas le Liban. L’antagonisme israélo-libanais est plus profond, les relations bilatérales sont inexistantes.

Omnipotence du Hezbollah

Avec le poids et l’influence du Hezbollah, la zone frontalière est même régulièrement disputée. Entre les tunnels, les installations militaires dans les villages limitrophes, l’armée israélienne reste sur ses gardes. Compte tenu de l’omnipotence du parti de Nasrallah dans les instances politiques libanaises, «ce n’est pas demain la veille qu’il y aura une reconnaissance, mais Israël compte tirer profit de l’affaiblissement structurel de l’État libanais », estime le géopolitologue.

Mais, ironie de l’Histoire. «Il y a un passif qui renvoie à la première tentative israélienne de satellisation territoriale d’une partie du Liban», précise le chercheur. Tel-Aviv s’était en effet ingéré au Liban par le biais également d’une initiative humanitaire. Au lendemain du déclenchement de la guerre civile de 1975 et face à un État libanais totalement exsangue, Israël avait proposé son aide à trois villages chrétiens à la frontière «pour leur fournir des médicaments et de l’eau et ainsi créer un premier cordon sanitaire», rappelle-t-il.

Officieusement, il s’agissait pour l’État hébreu de créer une zone tampon pour éviter les attaques des Fedayins (combattants palestiniens) présents au Liban. Mais, en raison du poids du Hezbollah, pas certain que cette fois-ci l’initiative humanitaire israélienne ne se transforme en gain territorial et politique.

 








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