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Les défis de la pandémie : le Maroc face à la reprise post-Covid-19


Rédigé par Wolondouka SIDIBE Jeudi 11 Février 2021

L’heure des choix de politiques économiques courageuses et décisives a sonné car depuis l’apparition de la crise sanitaire, l’activité a été fortement impactée. Il faut une approche pragmatique et novatrice en matière de fiscalité pour réussir la relance post- Covid-19. Eléments de réponse avec l’ICRICT et Oxfam.



Les défis de la pandémie : le Maroc face à la reprise post-Covid-19
La crise sanitaire n’a épargné aucun pan de l’économie nationale à l’instar des autres Etats du monde. Pour éclairer les opérateurs et l’opinion publique, des conférences sont organisées par les institutions spécialisées autour des thématiques et des voies et moyens afin de relever les défis post-Covid-19. C’est dans ce contexte que s’est tenu, hier, un webinaire sous le thème « Les défis de la pandémie : quelle relance pour le Maroc dans l’après‐Covid? ». 

Animée par des économistes et experts de renom, tels que Larbi Jaïdi, Senior Fellow au Policy Center for the New South (PCNS), Roberto Cardarelli, Chef de la mission du FMI au Maroc, Bert Brys Senior Tax Economist à l’OCDE, Responsable des questions fiscales pour le Maroc, Léonce Ndikumana, Directeur du Programme de la politique de développement en Afrique à l’institut de recherche en économie politique (PERI) et membre de l’ICRICT ou encore Najat El Mekkaoui, Enseignante-chercheuse en économie à l’Université Paris-Dauphine, cette visioconférence est venue à point nommé. Car pour les organisateurs, l’heure des choix de politiques économiques courageuses et décisives a sonné.

En effet, depuis l’apparition de la crise sanitaire, l’économie nationale a été fortement impactée et, par ricochet, la situation socioéconomique des personnes vulnérables au Maroc comme partout sur la planète. Pour comprendre cette réalité, il suffit de voir les rapports et les chiffres. A ce sujet, selon le HautCommissariat au Plan, le pays a enregistré une récession de 7% du PIB en 2020, suite aux effets de la pandémie et de deux campagnes agricoles sèches successives. Quant à la consommation des ménages, elle s’est effondrée de 9,4%. D’ailleurs, c’est la première chute depuis 1993.

Perte d’emplois

Dans le même sillage, plus d’un demi-million de personnes ont perdu leur emploi sans compter la chute vertigineuse des recettes fiscales. Pour sa part, la Banque Mondiale estime que cette crise va provoquer l’augmentation du déficit budgétaire qui devrait atteindre 7,8% du PIB en 2020, alors que la dette publique devrait dépasser 76% du PIB. Au niveau des entreprises, c’est le même constat puisque quelque 87% d’entre elles estiment avoir perdu la moitié de leur chiffre d’affaires en moyenne par rapport au niveau pré-pandémique et 6,1% des entreprises du secteur formelles auraient mis fin à leurs activités, comme le relève le rapport de Commission indépendante pour la réforme de la fiscalité internationale des entreprises (ICRICT). Sur un autre plan, à peine 1,4% du PIB est affecté aux dépenses publiques de santé, soit deux fois moins que dans le reste de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord. 

En outre, le Maroc ne compte que 6,2 médecins pour 10 000 habitants, contre 12 en Algérie et en Tunisie et 37,1 en Espagne. Face à cette situation, financer une relance plus juste et égalitaire serait possible estime cette institution. Pour ce faire, les autorités, veulent mobiliser près de 11% du PIB sous forme de prêts garantis pour les injecter dans les capitaux des entreprises marocaines. Ceci dans le but de donner une nouvelle impulsion aux partenariats publics-privés liés aux infrastructures. Pour Oxfam et l’ICRICT, à l’initiative de cette conférence, il s’agit d’un programme ambitieux qui pourrait être en partie financé par une refonte de la fiscalité afin d’élargir l’assiette fiscale et accroître la progressivité du système. Une option nécessaire, voire indispensable quand on sait que les recettes fiscales ne représentaient déjà, en 2019, que 64% des dépenses de l’Etat.

Taux de rendement

Dans cette optique, lCRICT propose des pistes qui pourraient permettre aux gouvernements, dont le Maroc, d’augmenter leurs ressources fiscales et financer la reprise. Cela passe par l’introduction de taxes progressives sur les services numériques, sur les rentes économiques captées par les entreprises multinationales dans ce secteur, mais aussi par l’application d’un taux d’imposition plus élevé aux grandes entreprises des secteurs oligopolistiques ayant des taux de rendement excessifs.

L’ICRICT recommande également la fixation d’un taux effectif minimum d’imposition des sociétés de 25% au niveau mondial, pour mettre fin à l’érosion de l’assiette fiscale ainsi qu’à la capacité des entreprises de déclarer leurs bénéfices où bon leur semble pour payer le moins d’impôt possible. Quant à Oxfam Maroc, il s’agira, entre autres, de développer un plan national contre les inégalités, à travers un objectif ambitieux et quantifié pour la réduction des inégalités à l’horizon 2030 dans le cadre des objectifs de développement durable (ODD). Autant de propositions qui devraient inspirer le gouvernement pour une relance effective de l’économie nationale. 

Wolondouka SIDIBE

Who’s who
L’ICRICT est une commission dont l’objectif est de promouvoir une discussion plus large et plus inclusive dans le domaine des règles fiscales internationales, afin d’œuvrer en faveur de solutions fiscales justes, efficaces, durables et favorables au développement. Elle est formée de quatorze personnalités issues des quatre coins du globe, incluant notamment Joseph Stiglitz et Thomas Piketty. Quant à Oxfam, c’est une organisation non gouvernementale internationale présente au Maroc depuis 1991 qui intervient en faveur d’un développement socio-économique durable et inclusif. Ses projets et actions sont menés à travers plusieurs partenariats avec les organisations de la société civile marocaine et certaines institutions publiques ainsi qu’avec le secteur privé.








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