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International

Législatives en Espagne : Les alliances probables…


Rédigé par L'Opinion Mardi 25 Juillet 2023

Le Parti Populaire s’est-il tiré une balle dans le pied pour avoir trainé comme un boulet le parti d’extrême droite ? En s’alliant à Vox, le PP s’est aliéné toutes les autres formations régionales, dont les voix coûtent leur pesant d’or ?



Annoncée largement victorieuse, l’alliance de droite et d’extrême droite entre le PP et Vox, a vite déchanté après le dépouillement des bulletins de vote.

Une surprise pour tout le monde parce que les derniers sondages de lundi – ensuite c’était interdit – se sont tous trompés. Ils donnaient plus de voix au Parti populaire (PP), qui a quand même gagné 47 députés, arrivant à 136 sièges, c’est une réussite. Le Parti socialiste en a lui gagné deux, soit 122 députés, mais on pensait qu’ils allaient en perdre beaucoup plus.

Un retournement de situation qui s’explique par la réussite de la gauche à faire monter la peur de l’entrée de l’extrême droite au gouvernement central.

Les résultats des élections municipales et régionales du 28 mai y ont participé aussi, avec des gros scores du PP et de Vox. Ensuite il y a eu une pluie d’accords entre PP et Vox dans des régions, dans des villes et les gens ont vu de façon factuelle ce que ça donnait, donc cet électorat de gauche a finalement freiné la progression de l’extrême droite et de la droite.

Mais si la gauche a pu réduire le score de la droite et son extrême, Il n’empêche qu’aucune des coalitions en lice n’a assez de d’élus pour prétendre à une majorité  de 176 sièges nécessaires pour asseoir solidement un gouvernement.
 
Puigdemont en arbitre
 
Le PP a 136 députés, donc pour le premier vote, ils ont besoin de la majorité absolue pour que leur leader Feijo soit investi. Il en faut 176, et si l’on prend en compte les alliances, le bloc conservateur arrive à 171, alors que le bloc progressiste, en comptant tous les partis susceptibles de le soutenir c’est 172. Il y aura donc un 2ème tour 48h après, où il est suffisant de récolter plus de votes pour que de votes contre, et où l’abstention des députés restants sera décisive.

Or le seul parti qui n’est pas très clair sur sa position c’est Junts, le parti indépendantiste catalan, dont le leader – Carles Puigdemont – est en exil. Ce parti a 7 députés. S’il vote contre Sanchez et le PSOE, il y aura plus de voix contre que pour, et le PSOE ne pourra pas former un gouvernement. S’il vote pour le PSOE ou s’abstient, Sanchez pourra former sa coalition. Donc les 7 députés de Junts sont les faiseurs de roi.
Mais dans tous les cas de figure, le seul qui a l’option de devenir Premier ministre est Sanchez, parce que le bloc conservateur n’a pas la majorité suffisante. C’est Sanchez ou rien : soit Junts vote pour ou s’abstient et il peut former son gouvernement, soit il vote contre et on aura des nouvelles élections en décembre.
 
Un gouvernement central accroché au séparatistes
 
Les indépendantistes catalans se retrouvent donc en position de « faiseurs de roi » du gouvernement central, c’est un peu ironique…

Effectivement. Junts est un parti indépendantiste : l’équilibre de la politique nationale ce n’est pas leur problème. C’est même presque à leur avantage s’il y a un blocage. Ces 7 députés sont très importants et ils le savent.

Hormis Junts, dont le statut est un peu particulier, la coalition de gauche s’est assuré les voix de la quasi-totalité des députés des partis régionaux, ce qui permet à Pedro Sanchez d’être en position de former un gouvernement.

En s’alliant avec Vox, le Parti populaire s’est aliéné tous les partis régionaux. Le parti nationaliste Basque par exemple, qui est assez conservateur et pourrait fluctuer entre le PSOE et le PP, a exclu toute coalition avec le PP. L’un des points principaux de la campagne de Vox est d’en finir avec les communautés autonomes et d’en revenir à un Etat très centralisé. Cela exclut presque automatiquement toute association avec des partis régionaux qui ne vont pas s’allier à un parti contre leur intérêt.

Un coup de frein pour les droites européennes

Les élections législatives de dimanche en Espagne où le Parti populaire (PP, droite), bien que vainqueur, est resté très loin de ses objectifs et ne pourra pas gouverner, marquent un échec pour les droites européennes, un évènement rare ces derniers temps sur le continent, selon des analystes.

A moins d'un an des élections européennes de juin prochain, l'incapacité du PP et de son partenaire potentiel Vox, un parti d'extrême droite, de conquérir une majorité leur permettant de gouverner "signifie que la vague d'extrême droite et ultra-conservatrice n'a pas passé les Pyrénées, qu'il y a un coup d'arrêt", commente le politologue Steven Forti.
"Le signal que l'Espagne envoie à l'Europe, c'est que cette vague peut être stoppée", déclare-t-il à l'AFP.

Sur le papier, le PP a certes remporté ce scrutin en terminant avec le plus grand nombre de députés (136) devant le Parti socialiste du Premier ministre sortant Pedro Sánchez (122), mais il s'agit d'une "victoire à la Pyrrhus", et même d'une "défaite d'un point de vue politique", estime ce professeur à l'Université autonome de Barcelone (UAB).

Malgré les réticences du PP, une telle situation aurait pu conduire à une participation de l'extrême droite au pouvoir, pour la première fois depuis la mort du dictateur Francisco Franco, en 1975.

La déconvenue du PP et de Vox en Espagne annonce-t-elle une remise en cause en Europe de cette stratégie de rapprochement entre la droite dite traditionnelle et l'extrême droite?