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Sport

La sombre histoire du Stade National de Santiago, théâtre des rêves des Lionceaux de l’Atlas


Rédigé par Rabei Benkiran le Dimanche 19 Octobre 2025

Drôle de paradoxe… Avant d’accueillir la finale de la Coupe du monde de football U20, qui aura lieu dans la nuit de ce soir à demain et qui pourrait être mémorable pour nos Lionceaux qui y participent, le Stade National (désormais nommé Stade Julio Martínez Prádanos) a été un symbole du coup d’État de Pinochet du 11 septembre 1973, en étant utilisé comme un lieu de détention et de torture. Détails.



C’est un détail cocasse propre à certains pays ayant connu une dictature. Le Stade Julio Martínez Prádanos de Santiago, au Chili (anciennement appelé sobrement Stade National), lieu lourd de drame et d’histoire, sera le théâtre de la finale tant attendue de la Coupe du monde de football U20 entre l’Argentine et le Maroc, dans la nuit de dimanche à lundi, à minuit heure marocaine.
 
En effet, au lendemain du coup d’état mené par le général Augusto Pinochet le 11 septembre 1973, qui avait poussé le président Salvador Allende à se donner la mort, le Stade National de Santiago, le plus grand du Chili, a été utilisé comme lieu de détention et de torture des opposants au régime militaire.

Un lieu au passé tragique

Dès le 12 septembre, le « colosse de Nunoa », éléphant blanc de la République du Chili inauguré le 3 décembre 1938, a été utilisé comme camp de concentration, et ce jusqu’à novembre 1973.
 
Les détenus politiques de ce camp étaient séparés par sexe. Les hommes étaient enfermés dans les gradins de foot et les femmes dans l’enceinte de la piscine.
 
D’après des témoignages, les détenus, internés, soi-disant pour des raisons politiques, étaient parfois obligés de dormir debout, dos contre dos, à cause du manque de place dans les vestiaires qui servaient de dortoirs de fortune. Le vélodrome et les tribunes étaient utilisés comme lieu d’interrogatoires, et les captifs en revenaient traumatisés et affaiblis.
 
Au cours de ceux-ci, la technique de torture de la « camillas », qui consiste en des décharges électriques sur des sommiers de métal sur lequel étaient allongées les victimes, a été utilisée parmi d’autres moyens d’intimidation.
 
L’une des victimes de ce régime de la terreur a été Víctor Jara, un chanteur populaire chilien et metteur en scène très apprécié dans le pays. Ce dernier a symboliquement donné son nom au Stade National où il a trouvé la mort (autour du 15 septembre, quelques jours après le début des tortures), à l’occasion d’actes commémoratifs.
 
Finalement, le stade sera évacué début novembre 1973, pour accueillir le match de barrage de la Coupe du monde 1974 qui devait avoir lieu face à l’Union Soviétique. Cette dernière avait refusé de jouer la rencontre dans l’objectif de dénoncer l’atteinte aux droits de l’homme et les violences commises par le régime autoritaire chilien.
 
Le Chili se présentera seul sur le terrain, et après quelques passes symboliques, marquera un but face à une équipe fantôme, dans un stade vide, se qualifiant ainsi pour le Mondial en Allemagne, devant l’indifférence de la FIFA.
 
Le régime autoritaire de Pinochet prendra fin, quant à lui, le 11 mars 1990, suite à un référendum perdu par le dictateur.

Une deuxième vie
 
Aujourd’hui désigné Monument Historique National, le Stade Julio Martínez Prádanos (baptisé ainsi depuis 2008) a retrouvé une nouvelle vie.
 
En 2001, il a servi de lieu pour l’organisation des élections présidentielles démocratiques, provoquant au passage l’indignation de personnes qui y avaient été détenues, y voyant une contradiction manifeste avec les événements tragiques mentionnés précédemment.

Sur le plan sportif, l’enceinte a hébergé depuis la fin de la dictature plusieurs matchs et compétitions importants, parmi lesquels la Copa América 2015. Aujourd’hui, c’est la Coupe du monde de football U20 qui est organisée sur les terres chiliennes, depuis le 27 septembre jusqu’au 20 octobre, avec quelques rencontres clés abritées par ce stade.
 
Cette nuit, de dimanche à lundi, les Lionceaux de l’Atlas pourront écrire une nouvelle page de l’histoire du football dans cet antre, à des milliers de lieues des tragiques évènements qui se sont déroulés en 1973.
 
Un Stade National, chargé de drame et d’histoire, qui, en plus d’accueillir des oppositions qui émerveilleront des millions de spectateurs à travers le monde, restera aussi à jamais le lieu de commémoration des 40 000 prisonniers qui y ont été détenus et torturés.
 







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