Bien que la crise sanitaire ait enclenché une dynamique positive au Maroc en matière d’innovation, le Royaume n’arrive toujours pas à se hisser à une place honorable sur le plan international.
Si l’Indice mondial de l’innovation 2020 a casé le pays au 75ème rang parmi les 131 économies évaluées, soit un recul d’une position par rapport à 2019, le Draper Innovation Index l’a placé au 167ème rang sur 288 pays et régions du monde, mettant en exergue le long chemin qui reste à parcourir par le Maroc, qui ambitionne de devenir un hub économique régional et un exemple parmi ses pairs.
Toutefois, pour se tirer vers le haut, il faut garder en tête que le développement de l’innovation n’obéit nullement aux règles mathématiques, et encore moins aux recettes miracle concoctées dans les bureaux des départements ministériels qui, majoritairement, sont vouées à l’échec. C’est l’environnement dans lequel évoluent les entreprises et les porteurs de projets innovants qui favorise l’émergence d’idées nouvelles, leur concrétisation et éventuellement leur commercialisation. Or, l’élaboration de cet écosystème requiert la mise en œuvre de mesures volontaristes et ambitieuses en faveur du développement de la R&D qui, jusqu’à présent, demeure le parent pauvre de la stratégie gouvernementale.
Le Maroc s’est, certes, fixé pour objectif d’atteindre progressivement la barre des 2% du PIB à l’horizon 2025 pour financer la recherche, mais analysant les budgets alloués à l’investissement dans ce chantier de la recherche et en passant au crible les cinq dernières lois de finances, on s’aperçoit rapidement que cet objectif ne sera pas atteint de sitôt. D’autant plus que même si le taux fixé paraît prometteur, il reste en deçà des attentes et des besoins réels de notre pays, surtout avec un PIB qui n’arrive toujours pas à franchir la barre des 120 milliards de dollars.
Le Fonds Mohammed VI pourrait également servir de levier pour la R&D et l’innovation, comme recommandé par l’Alliance des Economistes Istiqlaliens, en consacrant une part expressément définie aux PME et aux Startups innovantes (indispensables à la modernisation de notre économie et au renforcement de sa souveraineté technologique, sanitaire, alimentaire et énergétique), dans le cadre de Fonds thématiques dédiés.
Dans un contexte économique mondial où la concurrence est de plus en plus rude, et où les chances de réussite dépendent largement de la R&D, l’accélération des chantiers précités est de mise, surtout que les entreprises marocaines souffrent d’un manque signifiant de compétitivité, en grande partie suite à leur faible niveau d’innovation.
Saâd JAFRI