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L'Opinion: Il était une fois la rue Colbert


Rédigé par Majd EL ATOUABI le Lundi 15 Juin 2020



Alors que les spasmes de l’affaire Georges Floyd n’en finissent pas de remuer le monde occidental de part et d’autre de l’océan Atlantique, le Maroc semble bien à l’abri de ce genre de convulsions occupé qu’il est avec le Coronavirus.

Il n’empêche, ce débat qui a chassé en Occident celui sur la Covid-19, cristallisant ainsi un ras-le-bol général de populations meurtries par la pandémie et l’immense crise économique qui en résulte, a trouvé un chemin pour s’insinuer sous nos cieux. 

Il s’agit de l’affaire Iliass Tahiri, ce jeune marocain âgé de 18 ans, mort il y a une année en Espagne dans des circonstances proches de celles de Georges Floyd et qui vient de ressurgir de l’oubli au gré de nouvelles révélations de la presse ibérique. Mais cette affaire reste pour le moment confinée au niveau des médias et des réseaux sociaux. 

Rien à voir donc avec les imposants mouvements de foules aux Etats-Unis et en France où les manifestations laissent peu à peu place à un débat plus idéologique concernant le nécessaire travail de mémoire à même d’exorciser les démons du passé. 

C’est ainsi qu’au pays de Macron, la polémique bat son plein sur l’opportunité ou non de déboulonner les statues d’illustres négriers, dont celles de Jean Baptiste Colbert, Grand Vizir de Louis XIV et intendant en chef de la traite des noirs dont il a rédigé le tristement célèbre Code Noir.

Si pour les statues, le problème ne s’est jamais vraiment posé chez nous puisqu’à l’exception notable de celle de Lyautey à Casablanca, la plupart ont été emportées dans les bagages des anciens colons, le problème se posait surtout pour les noms de ces rues aux intonations trop occidentales et trop coloniales ou à l’inverse, trop Wahhabites, comme on l’a dernièrement vu à Témara.

Il en est ainsi de la célèbre rue Colbert, jouxtant le marché central aux alentours de l’avenue Mohammed V. Autrefois, fleuristes, merceries, cordonneries, pâtisseries et librairies donnaient un petit air coquet à cette rue rebaptisée Chaouia on ne sait quelle année et qui s’est transformée au fil du temps en food-court prolétaire où s’alternent Mahlabates, rôtisseries et autres snacks abordables.

Pas de quoi regretter Colbert, mais pas de quoi se réjouir non plus.

Majd EL ATOUABI



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