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L'Opinion : Guelmim ou les effets mortifères de la politique-spectacle


Rédigé par Majd EL ATOUABI le Mardi 21 Septembre 2021



Le décès tragique d’un élu de la région de Guelmim-Oued Noun, qu’il soit accidentel, volontaire ou criminel, constitue un événement suffisamment rare et grave pour qu’on s’y arrête, en mettant en exergue les enseignements et les questions qu’il soulève.

Disons d’emblée que ce décès ternit de manière regrettable l’image de scrutins électoraux historiques qui se sont déroulés dans une ambiance remarquable et quasi-immaculée d’engagement, de transparence et de transition démocratique qui n’a été jusqu’ici entachée que par quelques irrégularités éparses, somme toute habituelles.

Ce décès révèle ensuite les tensions héritées d’une gestion politique locale et gouvernementale marquée par les spasmes de la suspicion, l’usage excessif et immoral de l’argent, la diffamation et les intrigues de toutes sortes. Tensions qui n’ont fait que s’accumuler plusieurs années durant, comme un ressort dont le relâchement aujourd’hui brusque et violent augure d’une ère de perturbations qu’il importe de prévenir et d’anticiper.

Ce décès révèle enfin les méfaits de la surexposition et la surenchère médiatique dans le grand thêtatre de la politique-spectacle, avec pour toile de fond le prisme amplificateur, populiste et donc réducteur des réseaux sociaux où l’action et les acteurs politiques sont réduits à leur plus simple expression, rabaissés, guignolisés, déshumanisés et voués aux pires gémonies, avec tout ce que cela charrie comme risques de dérives, de dépassements et, in fine, d’implosion.

Le Maroc post 8 septembre qui s’apprête à accueillir son nouvel appareil exécutif et législatif qui aura pour tâche de déployer les orientations stratégiques d’un nouveau modèle de développement dont on attend beaucoup, doit s’affranchir d’urgence de ce genre d’ambiances délétères dont on déplore aujourd’hui les méfaits.

Ce Maroc n’a que faire des amuseurs, des snipers et autres faiseurs et défaiseurs de décideurs qui se sont incrustés dans notre paysage politico-médiatique pendant la dernière décennie. Il a surtout besoin de sérénité, de sincérité et d’ardeur à la tâche, dans un cadre institutionnel et politique quadrillé par les garde-fous de la reddition des comptes.

Majd EL ATOUABI