 
			 Et le sieur qui sait toujours tout refait surface. Il se paye une toile et en parle avec une jouissance d’écolier. Il a regardé « l’Étranger » de François Ozon tiré du livre éponyme qu’Albert Camus sort au début des années 1940. Le papelard est ainsi résumé en amont de la chronique : « Le film sort la semaine prochaine au Maroc. Il mérite d’être vu et discuté. C’est dommage que les ciné-clubs n’existent plus. Ce film aurait suscité un excellent débat en cette époque où rien ne va plus entre la France et l’Algérie, au moment où un grand écrivain moisit dans les prisons de la junte au pouvoir, indifférente aux pressions internationales, refusant de manière névrotique de libérer Boualem Sansal. » La tambouille de Tahar Ben Jelloun ne manque pas de constituants. De quoi souhaite-t-il parler ? Du Maroc ? De la France ? De l’Algérie (d’où Camus tient ses origines) ? Des prisons ? De Boualem Sansal ? Disons que c’est son « cycle de l’absurde », sans Sisyphe, ni Caligula, ni même un Malentendu. Ben Jelloun (Fassi, Tangérois, Parisien, Parisien ?) ne manque pas d’humour: « (Le film) mérite d’être vu et discuté. C’est dommage que les ciné-clubs n’existent plus. » Voir et discuter, d’accord chef. Et vlan ! Monsieur, les ciné-clubs existent dans le pays qui t’accueille en septembre dernier au sein de son Académie en tant que membre permanent. Voici un pense-bête au cas où un collègue académicien s’amuse à te titiller. Nour-Eddine Saïl fonde la Fédération nationale des ciné-clubs du Maroc (FNCCM) en 1973. Il reste à sa tête pendant une dizaine d’années. Depuis quelque temps, le ciné-club d’Agadir porte le nom du défunt. D’autres ciné-clubs jonchent le territoire : Rabat, Casablanca, Fès, Tanger, Meknès, Oujda, Khouribga, Kénitra, Sidi Slimane, Sidi Kacem, Errich, Guercif, Laayoune, Beni Mellal, Mohammedia, Ouazzane, Ouarzazate, Rissani... Mieux : des prix de la FNCCM et des ciné-clubs sont décernés annuellement au Festival national du film, en comptant les associations qui organisent des festivals. L’écrivain s’enfonce un peu plus dans une imagination hors codes. « L’Étranger » dont le livre est chanté par The Cure (« Killing An Arab », 1978) est tourné à Tanger et Tahar Ben Jelloun sait solitairement pourquoi : « Certains trouvent que, vue de loin, Tanger rappelle Alger. Peut-être. Mais ce que cherchait Ozon, c’était plus qu’un paysage, un univers porté par le drame, les blessures et la folie. » Voilà qui n’impressionne que peu d’esprits tordus. 
  
				 









 
			 
 



 
 
			 






