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L’Afrique du Sud : une économie « asthmatiforme »

[Tribune initialement publiée le 19 février 2020]


Rédigé par Kamal Zine le Samedi 17 Juillet 2021

Selon « l’économie africaine en 2020 », ouvrage publié en 2020 par l’Agence Française de développement (AFD), le PIB de l’Afrique du Sud et des autres pays de l’Afrique Australe a cru de 0,6% en 2019, contre 3,2% pour l’ensemble du continent. Cette atonie devrait se poursuivre sur le moyen terme. Quelles sont donc les raisons de ce repli économique sud-africain ? S'agit-il d'une difficulté conjoncturelle ou bien d'une tendance qui commence à s'ancrer dans l'économie du pays?



Dans un rapport publié en novembre 2019, le Fonds Monétaire International (FMI) a pointé du doigt trois insuffisances majeures causant ce marasme économique sud-africain : faiblesse de l’investissement privé, rigidité du marché de l’emploi et environnement économique adverse pour les PME. Si ces faiblesses peuvent être communes à certains pays en Afrique ou ailleurs, la dégradation des infrastructures et le manque d’approvisionnement en électricité semblent surprenants pour le cas de l’Afrique du Sud.

En effet, les coupures d’électricité sont de plus en plus fréquentes et le géant énergéticien Eskom connait des difficultés qui poussent l’Etat à le soutenir financièrement. Cette intervention massive creuse le déficit budgétaire du pays sans qu’elle puisse réduire les coûts de production de l’électricité. La confiance des agents économiques se retrouve fragilisée à cause de ce risque systémique qui guette le pays.

Le manque de dynamisme de l’économie sud-africaine et le creusement des déficits a conduit à la hausse de l’endettement. Aujourd’hui, la dette correspond à 60% du PIB, alors que ce taux avoisinait 40% en 2010. D'ailleurs, deux des trois principales agences de notation (S&P et Fitch) ont déjà placé le pays dans la catégorie spéculative. L'agence Moody's lui attribue la dernière note "investment grade" associée à une perspective négative. La perte de ce dernier statut risque de priver encore plus l'Afrique du Sud à l'accès aux financements octroyés à des conditions avantageuses par les investisseurs étrangers.

La faiblesse de la croissance économique s'est traduite également par la baisse du revenu par habitant durant les 5 dernières années, et par la hausse du chômage dont le taux a atteint 30% de la population. En outre, le taux d'inflation élevé (5% en moyenne entre 2015 et 2019) a conduit au creusement des inégalités sociales et à la hausse du niveau de pauvreté, qui touche la moitié des Sud-Africains. La question ethnique, quant à elle, est toujours d'actualité, même après trente ans de la fin officielle de l'apartheid. En effet, un rapport des statistiques nationales publié en 2019 a montré que les Blancs gagneraient 3 fois plus que les Noirs.

Aujourd’hui, l’Afrique du Sud n’est plus citée comme un exemple de réussite économique en Afrique. La croissance affichée par l’Ethiopie (+7,4%) ou le Rwanda (+5%), la capacité de pays comme le Maroc ou l’Egypte à attirer des grands investisseurs étrangers, montrent qu'un nouvel ordre économique est en train d'être façonné en Afrique. L'Afrique du Sud, submergée par ses problèmes politiques, économiques, sociaux et raciaux, devra lutter pour se trouver une place sur la scène africaine, qu'elle considérait jadis comme acquise.
 
Par Kamal Zine,
Consultant en Banque et Assurance
Diplômé de Sciences Po Paris



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