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Interview avec Nawal Sfendla : « L’Everest est mon rêve ultime »


Rédigé par Mariem LEMRAJNI Mardi 27 Septembre 2022

L’alpiniste marocaine en herbe envisage l’assaut de l’Everest. Elle a relevé le défi du sommet du Manaslu, le huitième plus haut sommet au monde. Dans cette interview, elle nous fait part du déroulement de son aventure.



Pour cette grimpeuse accomplie, il ne s’agit pas d’une montagne anodine, son ascension représente pour Nawal le rêve de toute une vie. Pour planter un peu le décor, nous l’avons interviewée pour en savoir plus sur le déroulement de son actuelle ascension et ses aspirations.


- Un nouveau sommet à atteindre : «Manaslu», parlez-nous du déroulement de cette aventure.

- Ce sommet sort de mon projet principal, à savoir le 7 summits challenge, qui consiste en l’ascension de sept plus hautes montagnes, dont j’ai gravi trois déjà : le Kilimanjaro, l’Aconcagua, ainsi que L’Elbrouz. Et pour préparer l’Everest qui est mon rêve ultime vu sa réputation de toit du monde, j’ai voulu me tester sur le mont Manaslu, voir comment mon corps va s’adapter à « la zone de la mort », qui représente le non fonctionnement normal d’organes et de l’esprit, et qui nécessite de ma part un besoin d’oxygène artificiel supplémentaire.


- Comment cela s’est-il déroulé ?

- Je suis arrivée à Katmandou au Népal, avec une agence qui regroupe le meilleur alpiniste au monde Nims Dai. Le but était de faire un tricking jusqu’au camp de base, et depuis nous faisons des rotations d’acclimatation, avec une stratégie bien définie. Par la suite, il fallait faire un entraînement d’iceclimbing sur des pentes à des degrés différents, afin de se préparer justement au terrain quand on sera dans les camps supérieurs.

Du camp de base au camp A, c’est un terrain très dangereux, en ce sens qu’il y a beaucoup de crevasses à traverser, en plus des risques d’avalanches, étant donné que la météo n’est pas du tout clémente. On a dormi à 5700 mètres d’altitude, le lendemain nous nous sommes dirigés vers le camp à 6400 mètres d’altitude, donc ça a été vraiment un long périple pour moi.


- Qu’est-ce que vous allez faire si vous réussissez l’ascension ?

- Déjà, je compte tout donner pour la réussir, car c’est un objectif très important pour moi étant donné que c’est un entraînement pour l’Everest. Après l’ascension, je vais faire un petit break de quelques semaines pour me reposer parce que ça fait des mois que je mène un train assez soutenu. Puis je vais attaquer un entraînement encore plus sévère pour la préparation de l’Everest. Et bien évidemment, je continuerai ma recherche de sponsors, car les quatre sommets restants sont très coûteux, et surtout l’Everest.


- Que pensez-vous des femmes marocaines qui ont relevé le défi pour pratiquer ce sport et partir à la conquête des sommets ?

- Je vais parler des femmes marocaines en général, je suis très fière et contente de voir l’évolution qu’il y a eu. Que ce soit dans mon domaine l’alpinisme ou autres, je vois qu’il y a de plus en plus de femmes à la pointe, elles imposent leur droit à la parole. Et c’est à travers cela que l’on voit dans leurs yeux l’épanouissement total, qui était moindre auparavant. Le sport que je pratique est majoritairement masculin, mais j’ai eu des retours positifs parce que j’ai réussi à prouver des choses.


- Quelles ont été les ascensions qui vous ont marquée ?

- Chaque ascension a eu sa difficulté, mais celle qui jusqu’à présent m’a marquée c’est l’Elbrouz qui se trouve en Russie, et qui fait 5642 mètres. Je me suis alors plus dépassée étant donné que c’était pendant la période du Covid, et que 15 jours avant l’ascension j’ai eu le Covid. Donc, je suis partie après avoir guéri, en étant très affaiblie physiquement.


- Pourquoi risquer sa vie en montagne ?

- Nous risquons notre vie quotidiennement, que ce soit en montagne ou dans la vie de tous les jours, il faut juste prendre conscience de ces risques là. Il ne faut jamais se lancer sans mesurer le danger, lorsque l’on est préparé, on peut mieux l’appréhender. La montagne c’est une nature imprévisible, dans chaque expédition, la prise de risques est là, je l’assume. Je sais que dans ce que je fais je me dépasse, et je repousse mes limites, mais je ne risquerai jamais ma vie jusqu’à la mort.


- La montagne rend-elle fou ?

- Bien sûr que la montagne rend fou, mais c’est de la folie positive parce qu’elle nous réveille de notre sommeil quotidien avec une grosse prise de risques derrière. Des fois, on s’amuse, moi et les alpinistes qui m’entourent, à se dire : mais qu’est-ce qu’on fait ici, c’est trop dangereux, c’est de la folie. Mais cette folie-là nous permet d’avancer dans la vie de manière très positive, parce qu’on a pris le temps de la savourer.


-Un dernier conseil ?

- J’encourage la jeunesse marocaine à se dépasser, à ne plus s’arrêter aux freins et obstacles. J’ai commencé en ayant très peur, et j’ai juste poussé une porte, j’ai eu des retours négatifs et positifs. Maintenant, je me dis que j’ai vraiment évolué parce que j’ai pris le temps et le recul d’analyser les réponses que j’ai eues et qui m’ont permise de prendre des décisions encore plus drastiques, d’affronter des sommets plus dangereux. Ce n’est que du bon, il faut juste savoir toquer à la bonne porte et foncer. Nous sommes l’avenir, il y a tellement de choses à exploiter et de situations à dépasser. Un pied devant l’autre, vous allez vous retourner et voir que vous en avez parcouru du chemin, et c’est ce qui va vous booster et vous permettre d’aller plus loin.




Mariem LEMRAJNI

Portrait


Nawal Sfendla, la femme qui défie les montagnes
 
Vivre la révolution à travers les transformations que subit notre esprit, fait de la route traversée un domicile. Ce terrain même qui a forgé maintes inspirations, fait de l’aventure un trésor que l’on découvre à chaque percée. C’est ce même charme qui a conquis Nawal Sfendla, une jeune marocaine passionnée d’alpinisme.

Née à Casablanca, Nawal a quitté le Maroc à l’âge de 18 ans pour poursuivre ses études en France. Après des études de communication, elle a travaillé dans différentes disciplines comme la télé, la radio et le digital. Pendant une période de questionnement dans sa vie, elle a fait le Toubkal, point culminant du Haut Atlas et le toit du Maroc, après une proposition faite par son ami. Elle a aussitôt réussit à déterminer le changement qui lui manquait, pour dépasser ses propres limites et a décidé de se dédier entièrement à sa passion.

Nawal a donc quitté son bureau et abandonné sa carrière pour s’attaquer à l’aventure et s’est donné le grand défi d’entamer des expéditions sur des montagnes difficiles. Cette aventurière moderne a conquis les neuf plus hauts sommets marocains en seulement six jours, elle a tracé son chemin et franchi plusieurs étapes tout au long de son parcours d’alpiniste. Elle a escaladé le mont Kilimandjaro de 5.895 mètres de haut, un volcan endormi en Tanzanie, ainsi que l’Aconcagua de 6.962 mètres en Argentine, la plus haute montagne des Amériques. En cours de son actuelle expédition, elle nous accorde une interview où elle dévoile le déroulement de son ascension.
 








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