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Interview avec Mourad Fedouache : « J’aspire à devenir photographe de guerre »


Rédigé par Safaa KSAANI Mardi 20 Décembre 2022

Ce photographe autodidacte a commencé sa carrière un peu par hasard, puis s’est dernièrement retrouvé bénéficiaire d’un accompagnement personnalisé en vue d’une exposition photographique.



Interview avec Mourad Fedouache : « J’aspire à devenir photographe de guerre »
- Vous avez remporté la compétition de la première saison de l’émission «Dream Artist». Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans cette compétition ?

- Cette expérience est un plus dans mon parcours professionnel. Ce qui m’a le plus marqué c’est la diversité des disciplines de l’art visuel : photographie, sculpture, peinture, graffiti, installation, digital art et art urbain, sur lesquels j’ai pu m’ouvrir, ainsi que des sujets traités, de façon artistique. Ma mission était de montrer ce qui est habituel et ordinaire de façon innovante, tout en s’amusant au maximum avec de petites choses. Après un grand effort fourni dans cette émission, j’ai pu remporter cette compétition. Au début, j’y ai participé pour apprendre et m’amuser.

Ensuite, quand les habitants de ma ville d’origine, Sidi Yahya El Gharb, ont su que j’y participais, ils m’ont motivé pour aller de l’avant.


- Vous êtes un jeune photographe de 22 ans, originaire de Sidi Yahya El Gharb, qui déborde de talent et d’ingéniosité. Qu’est-ce qui vous a poussé vers la photographie ? 

- Officiellement, je l’ai commencée de manière professionnelle à la fin de 2017. A l’époque, j’étais vendeur de légumes, notamment la courge. Au marché, j’étais attiré par les clients qui étaient de tout âge. Leurs comportements étaient une source d’inspiration. J’ai eu ensuite l’idée de prendre en photo mes clients à l’aide de l’appareil photo d’un téléphone, dans le but d’archiver ces moments et les regarder ensuite. Grâce à Facebook, j’ai expérimenté la photographie de rue, communément appelée « street photography ».


- Vos clichés émerveillent, poussent à la réflexion et racontent des histoires. Comment arrivez-vous à raconter des histoires à travers vos photos ?

- En tant que photographe, je suis à la recherche constante d’éléments puissants pour mes photos. je cherche à faire passer les messages à travers mes images. Au départ, c’est toujours un dialogue. Ensuite, je réalise les photos qui me semblent les plus appropriées, en fonction des contraintes d’espace, de lumière, de concept.

Ma source d’inspiration sont les histoires humaines qui se produisent au quartier “Douar Chanté”, dont je suis issu. Il y a beaucoup de “héros” : ceux qui font de leur mieux pour éduquer leurs enfants, pour sauver leurs parents de l’adversité… Ces photos ne sont pas belles car prises en instantané par moi-même. Tout photographe peut le faire. Mais c’est parce qu’elles sont chargées en émotions qu’elles font vibrer. Le fait d’appartenir à ce milieu est ce qui m’a permis de véhiculer ces émotions, inconsciemment. Je suis un adepte du courant qui étudie l’évolution du lieu à travers le temps. Je compte faire un suivi des changements que connaîtront les enfants et les personnes âgées dans ma ville et ailleurs. Je suis plus passionné par la photographie documentaire. Je souhaite devenir photographe de guerre exerçant dans des zones reculées du Royaume et au-delà des frontières.


- L’image a-t-elle, selon vous, plus de force d’expression qu’un texte ?

- Pour moi, la photo est plus forte que le texte. Je ne nie pas le rôle de ce dernier. La photo véhicule beaucoup d’émotions et plus rapidement qu’un texte. Pour moi, la photo atteint les personnes les plus sensibles à ce qui se passe autour d’elles. Indéniablement, il y a une connexion entre le spectateur et la photo. S’il est dans un mauvais état d’esprit, il se peut qu’il ne comprenne pas le message du photographe. Mais à travers un texte, tout le monde comprendra le même message, quel que soit l’état d’esprit du récepteur.


- Quelles sont les limites de la photographie ?

- Malheureusement, les non-voyants n’arrivent pas à voir les photos. Je pense que c’est sa seule limite. C’est un défi que je souhaite relever, probablement en accompagnant les photos par des audios.


- Comme récompense, un Prix de 350.000 dirhams vous a été accordé, afin que vous puissiez organiser votre première exposition. Avez-vous une idée sur les photos que vous exposerez ?

- Actuellement, je suis accompagné par les membres du jury de l’émission pour parler de l’organisation de l’exposition, du contenu, et de la façon de la réaliser. Nous nous sommes mis d’accord pour exposer les photos prises dans mon quartier, en réunissant les techniques photographiques et l’art. J’ai un projet auparavant, intitulé “From Douar Chanté to New York” dans l’objectif de casser les clichés que l’on a l’habitude de voir sur les différences entre les classes sociales. En gros, le message que je souhaite véhiculer c’est que nous avons tous le droit de rêver, et que nous pouvons réaliser nos rêves.
 
Ma source d’inspiration sont les histoires humaines qui se produisent au quartier “Douar Chanté”, dont je suis issu.




Recueillis par Safaa KSAANI

« Dream Artist »

Interview avec Mourad Fedouache : « J’aspire à devenir photographe de guerre »

L’art visuel gagne ses lettres de noblesse
 
La nouvelle émission “Dream Artist”, produite par 2M, est la première compétition entièrement consacrée à l’art visuel dans toute sa diversité : photographie, sculpture, peinture, graffiti, installation, digital art et art urbain. L’idée est de «dénicher des talents marocains et de les accompagner pour une professionnalisation de leur carrière», selon un communiqué de presse publié par la chaîne. Pour cette première édition, l’émission a reçu plus de 1.000 candidatures.

A l’issue du casting, 12 candidats ont été retenus. « Contribuer au rayonnement de l’art et de la culture au Maroc à travers la découverte et la promotion des jeunes talents a toujours figuré parmi les priorités de 2M. Cette émission s’inscrit parfaitement dans cette lignée. Dream Artist a accompagné les Marocains pendant deux mois, en leur proposant un contenu riche et instructif », a déclaré Salim Cheikh, directeur général de la chaîne de télévision 2M, cité par le communiqué.

Le dernier prime a ainsi permis de dévoiler l’heureux gagnant de la compétition qui a duré près de deux mois. Il s’agit du talentueux photographe Mourad Fedouache, vendeur dans un marché de Sidi Yahya El Gharb et autodidacte de 22 ans qui déborde de talent et d’ingéniosité.

«Ses clichés émerveillent, poussent à la réflexion et racontent des histoires, comme celles traitant de la problématique de l’immigration ou encore de la précarité dont souffrent les chiffonniers», indique la deuxième chaîne nationale. Un prix de 350.000 dirhams lui a été accordé afin de pouvoir organiser sa première exposition, ajoute la même source, notant qu’au-delà de ce Prix, Mourad Fedouache bénéficiera d’un accompagnement personnalisé comprenant des formations ciblées, l’objectif étant de se professionnaliser et l’aider à voler de ses propres ailes.



S. K.