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Actu Maroc

Interview avec Laura Palatini : Renforcement du travail formel, une priorité pour la politique migratoire


Rédigé par Rime Taybouta Lundi 2 Mai 2022

Pour une meilleure identification des besoins des migrants, l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) a soutenu la coordination entre les municipalités et les associations engagées à l’échelle locale, estime Laura Palatini, Cheffe de Mission de l’OIM Maroc.



- Alors que le Maroc passe par une situation économique difficile, marquée par les tendances inflationnistes et la hausse des prix, comment les migrants vivent-ils la présente conjoncture?

- Il est indéniable aujourd’hui de constater l’impact conséquent que la pandémie de la Covid-19 et les tendances inflationnistes, dues à la conjoncture internationale actuelle, ont eu sur les Marocains et les personnes migrantes.

Dans ce sens, l’OIM Maroc a adopté, dès le début de la propagation de la Covid-19 et à l’échelle nationale, une approche inclusive qui vient en aide aux populations migrantes ainsi qu’aux nationaux et permettant, ainsi, l’assistance et la protection des populations en situation de vulnérabilité au Maroc.

L’emploi reste une priorité pour les migrants, qui, surtout dans le secteur informel, se sont vus plus affectés par les conséquences de la crise. A partir de là, renforcer le travail formel reste une priorité ainsi que le plaidoyer pour la régularisation des migrants qui ont perdu leur permis de séjour à cause de cette crise. En 2021, grâce à une étroite collaboration avec l’ensemble de nos partenaires institutionnels et associatifs, l’OIM Maroc a assisté plus de 25.217 personnes incluant les migrants et les Marocains se trouvant dans une situation de vulnérabilité dans 9 villes marocaines.

Dans ce sens, plus de 12.000 personnes ont reçu des paniers alimentaires, des bons d’achats et des kits d’hygiène. De plus, l’OIM Maroc a octroyé des prestations et des consultations médicales ainsi que des médicaments à 5.623 personnes incluant des enfants non accompagnés et séparés. Ces assistances médicales auprès des populations migrantes se sont déroulées dans 7 régions du Royaume.


- Quel est le rôle joué par l’OIM pour développer l’intégration de la migration dans les politiques nationales ?

- Prenant en considération qu’une bonne gouvernance de la migration est la clé pour en faire un puissant moteur du développement durable tant pour les migrants eux-mêmes que pour les communautés d’accueil, l’OIM appuie le gouvernement marocain pour intégrer la migration dans la planification des politiques sectorielles locales, régionales et nationales.

Dans ce sens, l’OIM Maroc appuie la territorialisation de la Stratégie Nationale d’Immigration et d’Asile (SNIA) et la politique de la régionalisation avancée via le soutien aux Conseils Régionaux et aux collectivités territoriales et locales pour le développement de plans d’actions concrets.

Ainsi, nous avons soutenu les Conseils Régionaux de l’Oriental, Souss-Massa et Tanger-Tétouan-Al Hoceima pour intégrer la migration dans les Plans de développement régionaux ainsi que dans l’élaboration de trois feuilles de routes stratégiques pour la territorialisation de la SNIA en prenant en considération des défis et des opportunités que présente chacune de ces Régions.

L’OIM travaille aussi pour l’intégration de la migration dans les différentes stratégies sectorielles, et a soutenu le ministère de la Santé et de la Protection Sociale dans le développement du Plan Stratégique National Santé et Immigration.

Prenant en considération le contexte lié à la pandémie de la Covid-19, nous avons soutenu la promotion de la coordination entre les municipalités et les associations engagées sur les questions migratoires à l’échelle locale pour une meilleure identification des besoins des migrants dans la réponse post-Covid.

En plus d’une série d’ateliers techniques organisés à Rabat et à Oujda, nous avons aussi publié une boîte à outils, ciblant les acteurs qui opèrent à l’échelle locale, pour intégrer la migration dans les réponses socio-économiques à la Covid-19.
 
L’OIM Maroc a assisté plus de 25.217 personnes incluant les migrants et les Marocains se trouvant dans une situation de vulnérabilité dans 9 villes marocaines.


- Comment l’OIM oeuvre à habiliter les migrants pour devenir des acteurs de développement ?

- Les façons dont la migration interagit avec le développement durable (et vice versa) sont de grande envergure, avec des impacts ressentis dans un large éventail de secteurs, y compris l’éducation, la santé, le développement urbain et autres. Les contextes de développement dans lesquels les gens vivent, les lieux vers lesquels ils se déplacent et les régions qu’ils traversent peuvent tous façonner les ressources, les aspirations, les motivations et les opportunités des migrants et des communautés. En tant que tel, la relation entre la migration et le développement est complexe et reste spécifique au contexte.

Ainsi, les impacts sur le développement durable peuvent être à la fois positifs et négatifs. C’est dans ce contexte que les acteurs de la coopération internationale et du développement doivent aborder les liens entre migration et développement. Cela peut se faire par le biais de politiques et de programmes qui exploitent les effets positifs de la migration sur le développement et vice versa et atténuent certains des défis potentiels.

Dans ce sens, au Maroc, l’OIM travaille d’abord pour assurer la protection des migrants et l’accès aux services de base, puis à faciliter l’intégration socio-économique et professionnelle, travaillant directement avec les migrants, mais aussi avec la société d’accueil et les différentes institutions.


- La lutte contre les réseaux de trafic des êtres humains figure parmi les dossiers chauds entre les mains de l’OIM. Pouvez-vous nous dresser l’état des lieux au Maroc et comment peut-on lutter efficacement contre ce phénomène ?

- L’OIM Maroc recentre son travail de lutte contre la traite et le trafic des êtres humains sur le respect des droits humains ainsi que le renforcement des capacités et des connaissances des acteurs institutionnels ainsi que ceux de la société civile sur ces thématiques. Ces formations nous permettent de garantir la pérennité de nos actions.

A partir de là, l’OIM Maroc, en partenariat avec la Commission nationale chargée de la coordination des mesures ayant pour but la lutte et la prévention de la traite des êtres humains et le ministère délégué auprès du ministre des Affaires Étrangères, de la Coopération Africaine et des Marocains Résidant à l’ Étranger assure le soutien aux acteurs étatiques et non étatiques en termes de formation et de sensibilisation sur l’identification et la protection des potentielles victimes de traite des êtres humains.



Recueillis par Rime TAYBOUTA


La gestion de la chose migratoire au Maroc
 
Le Maroc est considéré comme un pays champion dans l’implémentation du pacte mondial pour les migrations sûres, ordonnées et régulières.

Depuis le début des négociations à l’échelle internationale, le Maroc s’est engagé fortement, accueillant la Déclaration du Pacte Mondial à Marrakech en 2018, chapeautant la révision pour l’Afrique en septembre 2021 et organisant une réunion ministérielle, le 25 mars de cette année, en préparation de la révision mondiale du Pacte.

Avec la SNIA, le Maroc a montré son approche humanisée des question migratoires, malgré le défi qu’il a de gestion de flux vers l’Europe notamment. Le Maroc a aussi pris un rôle de leader africain au sein de l’Union Africaine sur les questions migratoires, promouvant un agenda africain de la migration.