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Interview avec Hind Adil « Mes étudiants demandent un guide de méthodologie lucide »


Rédigé par Safaa KSAANI Lundi 11 Octobre 2021

Dans son ouvrage “Le premier pas inoubliable d’une recherche juridique”, Pr Hind Adil prodigue tous les conseils pour décrocher un doctorat juridique.



- « Le premier pas inoubliable d’une recherche juridique » est votre premier ouvrage. D’abord, qu’est-ce qui a motivé le choix de ce sujet ?

- Le choix de ce sujet était motivé par diverses raisons qui gravitent sur mon rêve d’aider mes étudiants en doctorat qui manquent d’une façon non négligeable d’une formation universitaire pragmatique. Tout simplement, soit l’abandon, soit un sujet en désuétude. Je dois mentionner que mes étudiants au programme de doctorat demandent constamment un guide de méthodologie pratique et lucide. C’est un livre qui prétend être un outil précis (plusieurs professeurs l’ont décrit comme une excellente initiative).


- En feuilletant le livre, qui est bien structuré, on a l’impression que la recherche juridique est plus facile que ce qu’on le pense. Est-ce votre but final de vulgariser la recherche juridique pour les étudiants ?

- C’est mon but. Quand on facilite toute connaissance scientifique, on a plus d’adhérents, donc on peut contribuer positivement à rendre notre société plus florissante.


-Les recommandations présentes dans cet ouvrage s’adaptent-elles à tous les domaines de recherche ? Qu’est-ce qui distingue une recherche en sciences juridiques des autres domaines ?

- Ma contribution est vraiment pour les chercheurs en droit, car chaque domaine suit un processus distinct. Par exemple, même si le droit est un domaine des sciences humaines et sociales, les méthodes et les théories sont traitées différemment.


- A quel point le travail préparatoire d’un étudiant se fait-il sentir dans le produit final, et devant le jury ?

- Le travail préparatoire dans tout domaine est l’étape qui détermine le produit final. Devant un jury, un chercheur avisé qui connaît bien son champ d’études est tout simplement sûr qu’il ou elle a participé favorablement à la science.


- Selon vos observations, quelle est l’étape de recherche jugée difficile par les thésards ? Est-ce celle du choix du sujet de recherche ? Si vous aviez un seul conseil à donner aux thésards, ce serait lequel ?

- Premièrement, oui, il faut être conscient scientifiquement du choix du sujet. Deuxièmement, de la méthode et de la gestion des informations et du temps. Mon conseil en une seule phrase : un projet de recherche bien établi.


- En tant que Professeure spécialisée en droit maritime, quels sont les défis auxquels est confronté l’espace maritime marocain tant sur le plan stratégique, sécuritaire, économique, environnemental que juridique ?

- Dans le domaine maritime, tous ces défis sont là, mais le problème majeur est la loi qui accompagne l’évolution. A ce propos, l’ambiguïté du Code maritime est inconcevable alors que l’efficacité du transport maritime recherchée ne peut pas se réaliser sans l’efficacité des lois en vigueur. La modernisation du Code confirmera son identité et le rapprochement du droit étatique au droit transnational résoudra les problèmes d’interprétations et ceux des conflits de lois et de juridictions.


- Par ailleurs, vous avez subi un accident cérébral en 2015, qui a chamboulé votre vie. A quel point cet incident a-t-il marqué votre parcours professionnel ?

- Mon accident cérébral m’a permis de mieux voir une réalité décevante de notre milieu universitaire. Cette discrimination frappante dans la cité des sciences. Le handicap physique est une excuse pour dissimuler le handicap mental de l’ancienne école pour ne pas dire les ignorants.

 
Recueillis par Safaa KSAANI

Portrait

Interview avec Hind Adil « Mes étudiants demandent un guide de méthodologie lucide »

Un exemple de courage et de résilience
 
Tout allait au mieux pour Hind Adil, avant de subir un accident cérébral. De 2003 à 2005, elle a fait sa maîtrise en droit à l’Université de Montréal et son doctorat de 2006 à 2009. Le 18 janvier 2014 fut l’une des dates les plus tragiques que puisse vivre une famille.

Alors qu’elle s’apprêtait à voyager, elle avait eu soudainement un mal de tête étrange, la veille, elle avait ressenti des fourmillements dans le bras droit. Emmenée d’urgence à une clinique casablancaise, une imagerie par résonance magnétique (IRM) révélait une hémorragie cérébrale causée par une malformation artérioveineuse (M.A.V), décrite par les médecins traitants de “tsunami”. Le seul moyen de soulager la pression était de retirer temporairement une partie de son crâne. Après 20 jours dans le coma, « je me suis réveillée dans un hôpital à Paris avec quelques flashbacks », où elle était entourée de sa famille, mais incapable de comprendre la vraie raison de son hospitalisation.

Durant son hospitalisation, ses étudiants lui ont rendu visite. « Je me souviens d’un étudiant en particulier qui m’a rendu visite, à Paris. Pour entamer la conversation, il m’a dit : “Votre cours de droit maritime était constructif. Dommage, nous n’avions pas terminé la partie consacrée à la vente de navires”. Alors, j’ai commencé à lui expliquer les principaux points à retenir. J’ai également ajouté : “N’oubliez pas de lire sur le contrat d’engagement”. Comment aurais-je pu me rappeler tout ça, alors que formuler correctement des phrases était ardu !? », se demande-t-elle toujours.

Déterminée, Hind Adil continua à pratiquer et à pousser ses limites jusqu’au bout pour récupérer le maximum de ses fonctions sensitives et motrices. « J’ai même appris à écrire avec ma main gauche, alors que j’étais droitière avant. J’écrivais quelques mots, puis encore quelques mots. J’ai continué ainsi jusqu’à écrire des phrases ».

En 2019, alors qu’elle venait tout juste de sortir de l’hôpital, elle a pu assister à sa première conférence maritime à Londres. « Je suis toutefois convaincue que mon rêve se réalisera ». Après tous ces hauts et bas, Hind Adil est toujours adepte de cette doctrine : « Ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort ! » – F. Nietzche.

S. K.

 








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