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Interview avec Hassan Saoudi : Retour sur les enseignements de la 18ème édition de l’African Lion


Rédigé par Anass MACHLOUKH Lundi 4 Juillet 2022

Après la clôture de l’exercice annuel African Lion, plusieurs enseignements peuvent être tirés. Hassan Saoudi, ancien Colonel et Directeur fondateur du Cabinet de conseil “Securi-Consulting”, en énumère les plus essentiels dans cette interview.



Interview avec Hassan Saoudi : Retour sur les enseignements de la 18ème édition de l’African Lion
- African Lion a comporté plusieurs types d’exercices aériens et terrestres, quelle lecture faites-vous de la conception ce ces exercices ?

- Je pense qu’il est important de situer ces manoeuvres conjointes dans leur dimension stratégique et opérationnelle, dans leur objectif et dans un cadre géographique varié. On peut également les appréhender en prenant en compte les forces intégrées dans un dispositif multinational dans lequel les doctrines nationales se fondent au profit d’opérations coalisées pour faire face à des menaces en perpétuelle évolution.

Les opérations combinées terre, air, mer et espace en appoint ont été caractérisées par la simultanéité du mode opérationnel et des simulations réelles dans le contexte dégradé. De la guerre conventionnelle des unités classiques, en passant par les forces spéciales et les missions particulières aux unités aéroportées, les opérations ont un cadre complémentaire et mutualisé de nature à renforcer leurs capacités de combat combiné et coordonné.


- Quelle est la plus-value que l’Armée américaine peut donner aux Forces Armées Royales en matière de doctrine et stratégie militaire ?

- Vous savez que les FAR opèrent dans ce cadre avec la plus puissante armée du monde, leader de l’OTAN, et qui est présente sur tous les points stratégiques mondiaux.

En termes de potentiels technique, technologique, opérationnel et de capacité de projection, l’armée américaine est toujours à la recherche de terrain de manoeuvre diversifié pour tester les capacités de ses ressources humaines et de ses équipements et d’un partenaire à même de répondre à ces objectifs stratégiques et tactiques. Le Maroc est dans cet espace régional le seul pays qui coche à toutes ces cases.

J’ajoute que l’exercice ‘’African Lion 2022’’, au regard des contingents engagés en terme d’effectifs, de qualité et de diversité est considéré comme les plus grandes manoeuvres jamais réalisées sur le continent africain. A cet effet, les FAR sont durablement installées dans la multi-nationalité des opérations conjointes grâce aux qualités professionnelles, techniques et humaines du personnel, à un équipement en modernisation progressive et à sa capacité de manoeuvre avec des armées modernes et sur des champs variés. Le renforcement capacitaire réciproque est une réelle plus-value.

J’y ajouterai l’amélioration continue de la capacité de planification, de coordination et de conduite des opérations des hauts cadres des contingents engagés ; la diversification des missions qui vont du combat proprement dit à l’humanitaire, au médical, au social en passant par l’organisation logistique, gage de réussite de toute manoeuvre. Une plus-value et non des moindres est la consécration du Maroc comme puissance régionale dont la position géostratégique nodale lui permet de jouer un rôle dans la sécurité et la stabilité de l’espace méditerranéen, atlantique et au Sahel.


- Les exercices prévus par African Lion prennent-ils à votre avis en compte les scénarios de guérilla que peuvent représenter les organisations terroristes et notamment le Polisario ?

- Les manoeuvres de ce genre ont un caractère pluridisciplinaire dont la lutte antiterroriste est un point d’orgue en tant que menace globale, diffuse et émergente. Le combat contre- insurrectionnel et urbain n’est pas en reste pour une fluidité des opérations en ‘’mode dégradé’’ et en situation d’instabilité. Les unités du Sud ont depuis longtemps intégré la composante Polisario avec les succès enregistrés sur le long terme. La capacité d’adaptation des FAR aux modes de combat et de l’évolution tactique des séparatistes alliés à la connaissance du terrain sont des atouts dans les succès engrangés depuis les années 80 du siècle dernier.


- Pourquoi le Maroc donne une priorité à l’armement américain, sachant que les États Unis sont les principaux fournisseurs du Royaume ?

- Comme d’autres domaines, la diversification reste toujours la marque de fabrique de notre pays. Certes, à des degrés différenciés pour des raisons de compatibilité des équipements en opérations conjointes, le Maroc a des accords de coopération dans le domaine de défense avec plusieurs pays.

Je citerai à titre d’exemple et non limitatif la France, l’Espagne, l’Italie, la Turquie, le Royaume Uni, le Brésil, etc. Pourquoi ? eh bien parce que le Maroc a compris depuis longtemps que le monopole est toujours aléatoire, et que ses équipements sont faits sur la base de l’avis de ses experts, du critère d’adéquation entre des matériels, la nature du terrain et des missions à y assigner et la compatibilité avec le reste des équipements quelle que soit leur origine.

Naturellement, la recherche et le développement progressent à une vitesse exponentielle et une armée professionnelle se doit de suivre cette évolution sans tomber dans la « boulimie », comme on le constate dans le voisinage qui est dans une posture de course effrénée improductive. Cela me fait penser à Hervé Couteau Bégarie qui disait ‘’ La force est de l’ordre de l’addition, la puissance est de l’ordre de la multiplication. La force est de part et d’autre quantitativement dénombrable, la puissance se caractérise par la manière dont on utilise les forces disponibles, elle dépend de la volonté des hommes qui servent ces forces’’.

En l’espèce, le choix du Maroc ne souffre d’aucune ambiguïté en se basant plus sur la motivation et la conviction des hommes plutôt que sur la quincaillerie. J’ajoute que les FAR sont, sur le plan du soutien et de l’entretien, dotées d’installations intrinsèques dédiées et de ressources humaines qualifiées capables de maintenir en condition tous les matériels sans avoir recours à l’étranger. Une autonomie et une grande plus-value économique grâce à une planification logistique empreinte de rationalité.


- Comment évaluez-vous le niveau de préparation des Forces Armées Royales à un conflit conventionnel de haute intensité ?

- En résumé, c’est l’une des rares institutions militaires professionnelles qui fait de la formation et du perfectionnement son cheval de bataille. Présente depuis près d’un demi-siècle dans nos provinces du Sud pour défendre l’intégrité du Royaume et contribuer au développement économique, l’Armée marocaine est partie prenante dans la chaîne de sécurité antiterroriste (HADAR) , dans les opérations de secours et d’assistance lors des catastrophes naturelles, les campagnes médicales dans les zones éloignées, dans les projections humanitaires au profit des pays amis et aussi dans les opérations de maintien de la paix de l’ONU où nos Casques bleus font l’objet d’éloges et d’admiration dans la noble mission qu’ils accomplissent et son lot de martyrs pour la paix dans le monde.

Pour moi, sans un haut niveau de préparation, une armée dans toutes ses composantes ne peut pas assurer toutes les missions qui lui sont attribuées, où le hard, le smart et le soft power sont imbriqués.




Recueillis par Anass MACHLOUKH

African Lion



Les FAR mettent leurs capacités à l’épreuve
 
Fédérant 13 pays et plus de 28 observateurs internationaux, African Lion est le plus grand exercice militaire multinational jamais organisé en Afrique. Il s’agit, pour les pays participants, de savoir “faire la guerre ensemble” et mener harmonieusement des opérations de grande envergure. Raison pour laquelle toutes les manoeuvres ont été conçues conjointement par les représentants des pays participants, sous supervision américaine.

Les exercices, rappelons- le, ont été variés : exercices terrestres, aéroportés, humanitaires, maritimes, aéroterrestres, la guerre dans toutes ses dimensions a été simulée. FTX, l’un des exercices, a eu lieu au champ de Cap Draâ, avec des manoeuvres d’artillerie, des exercices aériens et des simulations d’offensives.

Les forces marocaines et américaines ont déployé des moyens stratégiques de projection de force et des moyens aériens d’appui. F-16, hélicoptères” Apache”, chars ABRAMS et lance-missiles sol-sol y ont manoeuvré dans une démonstration de force spectaculaire.

L’enjeu suprême est d’améliorer l’interopérabilité entre les FAR, l’US Army et les autres armées participantes. Il en est de même pour les exercices de parachutage, des exercices maritimes qui ont précédé l’exercice FTX. Rappelons qu’African Lion s’est déroulé dans le Sud du Maroc et notamment dans la région de Tan Tan et d’El Mahbès. Un signe fort envoyé par les Etats Unis concernant leur reconnaissance de la marocanité du Sahara.

 








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