Une exposition qui se couvre d’estampes en cette période de froid et de pluie. Gravures, sérigraphies et risographies cherchent la chaleur que seul le papier, de par son essence, est capable de prodiguer. « (…) Plus qu’un support, le papier s’avère une plaque sensible, une réceptivité, un reflet et une réaction – épidermique, forcément - à la taille-douce – si belle expression technique dans laquelle tout se dit.
Le papier, en deux millénaires, s’est installé dans le coeur de l’homme, dans son sang et dans l’esprit de ses plus belles pratiques : parce qu’il reste une seconde peau pour les créateurs, l’objet de leur incision, de leur blessure, de leur déchirure où vient se loger toute leur impression du monde. C’est dans le façonnage - tant celui qui produit le papier à base de cette pâte de fibres vivantes, que celui qu’il subit pour se transcender en une oeuvre - que s’inscrit toute la possibilité d’advenir et d’être de l’humanité. Sa dignité au moins, celle née du pouvoir de s’élever. Le papier est l’âme de l’homme », dit joliment l’écrivain Grenoblois de naissance et Tangérois de coeur Philippe Guiguet Bologne dans une longue présentation de « IM’PRESS… »
Le papier, catalyseur d’un happening qui nous éloigne des actes collectifs habituels de fins d’années où c’est dans les réserves des galeries qu’on puise les sélections.
Un cortège de créativités
Une approche bienvenue qui met « aux prises » artistes marocains et espagnols. Vingt-sept créateurs sachant taquiner d’autres médiums, rendant ici hommage à ce papier er et au parcours de transformation laborieux : Mohamed Chebaâ, Rafael Canogar, Mohamed Drissi, Eduardo Arroyo, Abdelkrim Ouazzani, Elena Prentice, Amina Rezki, Antonio Saura, Ilias Selfati, Mohamed Kacimi… Une panoplie qui tutoie la matière avec majesté et humilité. Tout est dans la nuance, mais également dans la sobriété qui fait les grandes oeuvres, souvent teintées de discours muets dans un univers où le bruit est stimulateur.
Avec « IM’PRESS… », la galerie Kent se veut polyglotte, multipliant les sensibilités, créant une symphonie à mille tons, fragmentant son grand écran en plusieurs fenêtres. Ce qui conduit à un ruissellement de préoccupations créatives, à une infinité de palabres télescopant le fond et la forme. Une exposition n’impliquant pas la scénographie « académique », est un accrochage mêlant le subjectif et le spontané.
Autrement exprimé, cela se joue des codes qui glacent la folie, qui freinent l’élan. Dans le Tanger pluvieux en ce 15 décembre, soir du vernissage, « Kent » fait frémir de chaleur l’assistance, loin de régler les différentes appréciations comme du papier à musique. Les sonates des oeuvres exposées n’étant pas audibles pour tous, le libre-cours prend ses quartiers, se transforme en chef d’orchestre, se fait applaudir ou pas.
En somme, dans ce cortège de créativités, on bute sur des artistes qui épousent ce qu’ils font et d’autres qui s’en éloignent. Ceci n’est certainement palpable que lorsqu’on pratique l’auteur, mais une odeur se dégage par à-coups d’oeuvres qu’on ne soupçonne pas capables de tout vaporiser. L’art plastique est-il olfactif ? Oui, comme une pièce musicale est caressante. « IM’PRESS » plonge dans le premier, laissant la porte ouverte pour la seconde. Invitant chacun à choisir sa lecture et se faire son propre cinéma.
Le papier, en deux millénaires, s’est installé dans le coeur de l’homme, dans son sang et dans l’esprit de ses plus belles pratiques : parce qu’il reste une seconde peau pour les créateurs, l’objet de leur incision, de leur blessure, de leur déchirure où vient se loger toute leur impression du monde. C’est dans le façonnage - tant celui qui produit le papier à base de cette pâte de fibres vivantes, que celui qu’il subit pour se transcender en une oeuvre - que s’inscrit toute la possibilité d’advenir et d’être de l’humanité. Sa dignité au moins, celle née du pouvoir de s’élever. Le papier est l’âme de l’homme », dit joliment l’écrivain Grenoblois de naissance et Tangérois de coeur Philippe Guiguet Bologne dans une longue présentation de « IM’PRESS… »
Le papier, catalyseur d’un happening qui nous éloigne des actes collectifs habituels de fins d’années où c’est dans les réserves des galeries qu’on puise les sélections.
Un cortège de créativités
Une approche bienvenue qui met « aux prises » artistes marocains et espagnols. Vingt-sept créateurs sachant taquiner d’autres médiums, rendant ici hommage à ce papier er et au parcours de transformation laborieux : Mohamed Chebaâ, Rafael Canogar, Mohamed Drissi, Eduardo Arroyo, Abdelkrim Ouazzani, Elena Prentice, Amina Rezki, Antonio Saura, Ilias Selfati, Mohamed Kacimi… Une panoplie qui tutoie la matière avec majesté et humilité. Tout est dans la nuance, mais également dans la sobriété qui fait les grandes oeuvres, souvent teintées de discours muets dans un univers où le bruit est stimulateur.
Avec « IM’PRESS… », la galerie Kent se veut polyglotte, multipliant les sensibilités, créant une symphonie à mille tons, fragmentant son grand écran en plusieurs fenêtres. Ce qui conduit à un ruissellement de préoccupations créatives, à une infinité de palabres télescopant le fond et la forme. Une exposition n’impliquant pas la scénographie « académique », est un accrochage mêlant le subjectif et le spontané.
Autrement exprimé, cela se joue des codes qui glacent la folie, qui freinent l’élan. Dans le Tanger pluvieux en ce 15 décembre, soir du vernissage, « Kent » fait frémir de chaleur l’assistance, loin de régler les différentes appréciations comme du papier à musique. Les sonates des oeuvres exposées n’étant pas audibles pour tous, le libre-cours prend ses quartiers, se transforme en chef d’orchestre, se fait applaudir ou pas.
En somme, dans ce cortège de créativités, on bute sur des artistes qui épousent ce qu’ils font et d’autres qui s’en éloignent. Ceci n’est certainement palpable que lorsqu’on pratique l’auteur, mais une odeur se dégage par à-coups d’oeuvres qu’on ne soupçonne pas capables de tout vaporiser. L’art plastique est-il olfactif ? Oui, comme une pièce musicale est caressante. « IM’PRESS » plonge dans le premier, laissant la porte ouverte pour la seconde. Invitant chacun à choisir sa lecture et se faire son propre cinéma.
Anis HAJJAM
