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Sport

Handisport : Très bonnes performances des athlètes marocains en situation de handicap


Rédigé par Rabei Benkiran le Mardi 25 Juillet 2023

A quand la création d’un Comité National Paralympique ?



Malgré de très bons résultats aux Mondiaux de para-athlétisme de Paris, qui se sont soldés par 7 médailles, dont 3 en or et une place honorable au classement général, et en dépit d’une histoire de plus en plus probante des participations du Maroc aux Jeux Paralympiques, le Comité National Paralympique (CNP) peine encore à voir le jour. Le handisport demeure ainsi le parent pauvre du sport national.

L’histoire internationale du handisport marocain a réellement débuté en 1988, aux Jeux paralympiques de Séoul, lorsque Biare Abdeljalal a glané la première médaille marocaine lors de cette sacro-sainte compétition, une médaille de bronze en 400 m nage libre couronnant ainsi la première participation du Maroc aux Jeux paralympiques.

Par la suite, le pays a connu une période de disette relativement longue, et malgré des participations aux Jeux paralympiques de Barcelone en 1992, Atlanta en 1996, Sydney en 2000, aucune victoire marocaine n’a été enregistrée. C’est justement en 2004 à Athènes, que l’idylle avec les Jeux paralympiques a repris, et que le Maroc a réellement commencé à performer et briller dans des disciplines phares du para-sport.
 
Le Maroc en grande réussite lors des derniers Jeux paralympiques

Établissons ici un petit bilan permettant de réaliser les accomplissements marocains au cours des différents jeux. Lors des Jeux paralympiques de 2004, ce ne sont pas moins de 2 médailles d’or et 4 d’argent qui ont été récoltées avec notamment des victoires suprêmes en 1500 m (T11) de Mustapha El Ouazari et en 800 m (T52) de Abdallah Ezzine. En 2008 à Pékin, 4 médailles d’or, 1 d’argent et 2 de bronze ont été grappillées notamment par Abdelillah Mame en 800 m (T13, or), et de Sanaa Benhama en 400 m, 200 m et 100 m (T13, or). À Londres en 2012, les Marocains ont également connu le succès avec 3 médailles d’or et 3 de bronze. Ce sont notamment Najat El Garaâ (médaille d’or en lancer de disque F40), El Amin Chentouf (médaille d’or en 5000 m T12) et Azeddine Nouiri (médaille d’or en lancer de poids F34) qui se sont distingués le mieux. Quatre ans plus tard à Rio, 7 médailles ont été gagnées (3 d’or, 2 d’argent, 1 de bronze), dont la médaille d’or pour Mohamed Amguoun (T13) en 400 m, la victoire en marathon pour El Amin Chentouf (T12), et le sacre de Azeddine Nouiri (F34) en lancer de poids. La cuvée de 2021 à Tokyo, qui a eu lieu avec un an de retard dû au Covid, a été la plus faste avec pas moins de 11 consécrations, dont 4 en or, 4 en argent, et 3 en bronze, avec en plus la pulvérisation de quelques records. Ce sont Abdeslam Hili (T12), médaille d’or en 400m, en 47,59, record du monde encore détenu à ce jour, Ayoub Sadni (T47) vainqueur en 400m, lui aussi recordman mondial à cette occasion en 47,38 (record amélioré en 2023), Zakariae Derhem (F33), médaille d’or en lancer du poids (11,37 m, record paralympique) et l’infatigable El Amin Chentouf, encore lui, lauréat du marathon (T12), qui ont été couronnés au sein de leurs disciplines. À noter que Ayoub Sadni a de nouveau battu le record du monde du 400 m (T47), en 46,78, lors des derniers championnats du monde de para-athlétisme à Paris. À noter également la 3ème place non anecdotique du Maroc au football à 5 (Cecifoot) lors des derniers Jeux de Tokyo. À ce jour, ce ne sont pas moins de 38 médailles qui ont été récupérées lors des Jeux paralympiques, dont 16 d’or, 11 d’argent et 11 de bronze. En termes de records du monde, en plus de ceux cités plus haut, El Amin Chentouf détient celui du 5000 m (T12) en 13,53,76 et celui du 10.000 m (T12) en 29,38,85, Youssef Benibrahim celui du 5000 m (T13) en 14,20,69, Fouzia El Kassioui détient le record (13,97) en lancer de disque (F32) et Hind Frioua (21,31) en lancer de club (F31).

La FRMSPSH a pu intégrer deux articles pour la création d’un CNP et de Fédérations nationales (46/47)

Aujourd’hui, le Maroc s’apprête à vivre sa 11ème participation aux Jeux paralympiques à Paris (2024), et espère continuer sur sa lancée en connaissant un millésime plein de succès. Mais malgré ce bilan extrêmement flatteur, le handisport peine à se faire une place et reste un parent pauvre des stratégies gouvernementales marocaines concernant le sport. Abstraction faite de la participation enrichissante en tant que président du Conseil Économique, Social et Environnemental CESE, de l’actuel ministre de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports (ENPS), M. Chakib Benmoussa, à l’élaboration d’un rapport au sujet de la création d’un CNP. Cela bien que la Fédération Royale Marocaine des Sports pour Personnes en Situation de Handicap (FRMSPSH) soit pleinement impliquée dans la préparation et la réussite des athlètes dans toutes les compétitions para-sportives, malgré l’absence d’un centre de préparation de haut niveau dédié aux champions parasportifs. Et pour cause, après une tentative de création d’un Comité National Paralympique (CNP) à deux reprises sous deux ministères de tutelle, ce projet en est toujours au point mort, alors même que pas moins de 47 pays en Afrique et 174 sur l’ensemble des continents, disposent d’un CNP. Le handisport dans les pays représentés, devrait être cependant traité sur le même pied d’égalité que le sport pour les valides. Selon des propos recueillis auprès de Saïd Lamrini, Directeur Technique National (DTN) de la FRMSPSH, nonobstant l’incorporation de deux articles (46 et 47) dans la Loi du sport 30.09 en 2008, prévoyant la création d’un CNP et de Fédérations nationales, on peut déplorer qu’aucun CNP n’a vu le jour 15 ans plus tard. Ce comité serait essentiel dans la gestion du mouvement paralympique national, et alors que le para-sport international devrait être géré par le CNP, le para-sport national, lui, est géré par la FRMSPSH, qui se retrouve de facto, à la tête des deux ensembles. Sans CNP, il est également impossible pour le Maroc de siéger au Tribunal Arbitral du Sport (TAS), ou à l’Agence Mondiale Antidopage (AMA). Aussi, la commission nationale des athlètes de haut niveau n’existe pas au niveau para-sportif, privant les athlètes handisport de leur statut d’élite. Un statut qui confère certains droits, dont une préparation continue pour les cycles paralympiques quadriennaux, des salaires et des primes d’objectifs. Aujourd’hui, malgré l’existence de statuts sur la base d’un modèle imposé, le Comité National Paralympique a encore du mal à voir le jour. Qui sera celui qui organisera la première assemblée générale qui consacrera la création de ce comité ? M. Chakib Benmoussa, actuel ministre de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports est particulièrement attendu sur ce sujet alors que, comme relevé plus haut, deux ministères ont échoué avant lui. La création d’une fédération de nonvoyants en 2016 ainsi que celle de para-taekwondo et d’une autre de para-cyclisme en 2018 ne suffiront pas à combler ce trou béant dans l’organigramme du handisport national. Alors, le Maroc poursuivra-t-il son ascension l’année prochaine à Paris, et cela sera-t-il précédé de l’avènement d’un CNP, prêt à soutenir les athlètes lors des Jeux paralympiques ?

Intervention de SM le Roi Mohammed VI pour rétablir l’égalité

Pour revenir à un semblant d’égalité entre le sportif et le para-sportif, il a fallu l’intervention de Sa Majesté le Roi Mohammed VI en 2021 en amont des Jeux paralympiques de Tokyo pour égaler les primes reçues par les athlètes lors des victoires paralympiques avec celle du sport pour les valides. Ce sont ainsi 2 millions de dirhams qui récompensent un vainqueur, médaillé d’or, 1 million 250 mille dirhams pour un médaillé d’argent et 750.000 dirhams pour un médaillé de bronze, qu’il s’agisse d’un athlète en situation de handicap ou d’un athlète dit « valide ».

Les imbrications entre le sport et le handisport découlant de la création d’un CNP

Il est à relever les différentes imbrications entre les deux groupes de disciplines, à savoir que le président du comité olympique siège d’office au comité paralympique, et inversement. Il faut aussi préciser que les deux mouvements doivent s’associer pour vérifier dans le détail le cahier des charges des pays d’accueil.
 À noter l’existence d’un système de solidarité qui permettrait de verser une partie des fonds du comité olympique au comité paralympique, avec l’existence de deux fonds : la caisse du développement du sport pour le paralympique et la caisse de solidarité olympique.



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