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Gabon : Nguema, le général qui a mis le président à la retraite


Rédigé par L'Opinion Jeudi 31 Août 2023

Militaire de carrière, fils de militaire de carrière, Brice Clotaire Oligui Nguema a été formé à l’Académie royale militaire de Meknès au Maroc, avant de se faire remarquer et de devenir aide de camp d’Omar Bongo, président du Gabon (1967- 2009) et père d’Ali Bongo.



Oligui Nguema reste garde du corps d’Omar jusqu’à son décès, en juin 2009. Ali Bongo succède alors à son père mais la carrière de l’officier prend un tournant. Il est envoyé à l’étranger, comme attaché militaire à l’ambassade du Gabon au Maroc puis au Sénégal. Un éloignement que Brice Clotaire Oligui Nguema aurait mal vécu, ressenti comme un exil forcé, indiquent de bonnes sources.

« On sait que, quand Ali Bongo a été élu, il y a eu des conflits entre lui et le général Oligui, souligne Florence Bernault, professeure et chercheuse au Centre d'histoire de Sciences Po, historienne et spécialiste de l’Afrique centrale. Donc, il a été nommé dans divers postes diplomatiques pendant un petit moment à partir de 2009 ».

Bergès Mietté, chercheur au laboratoire Les Afriques dans le monde, affirme, de son côté qu’«après l’arrivée d’Ali Bongo au pouvoir, Brice Oligui Nguema avait été accusé d’avoir pris part à une tentative de coup d’État fomentée par le général Ntumpa [en 2009, Ndlr]. Mais sa responsabilité dans ce coup d’État n’avait pas été établie lors du procès tenu à Libreville. C’est à ce moment-là qu’il avait été démis de ses fonctions, plus ou moins, et qu’il avait été envoyé à l’ambassade du Gabon au Sénégal, comme attaché militaire ».
 
Retour à Libreville après l'AVC d'Ali Bongo
 
Dix ans plus tard, après l’accident vasculaire cérébral d’Ali Bongo, Brice Clotaire Oligui Nguema, alors colonel, revient au pays et au premier plan. Il remplace Frédéric Bongo, demi-frère du président, à la tête des renseignements de la garde républicaine et ses bérets verts.
En 2020, on découvre que le militaire ne manque pas de moyens: une enquête de l'Organized Crime and Corruption Reporting Project, un groupement d'enquêteurs, révèle que Brice Clotaire Oligui Nguema possède ainsi plusieurs propriétés aux États-Unis, d’une valeur totale d’un million de dollars. En 2018, il aurait par exemple payé en cash 447.000 dollars pour acheter une propriété dans la ville de Silver Spring.

Six mois après son retour de l’étranger, il avait pris le commandement de la Garde Républicaine où il avait renforcé le dispositif de protection autour du chef de l’État. Il avait pour mission de diriger la garde prétorienne d’Ali Bongo et de veiller sur lui. Il a finalement décidé de le faire chuter.
 
L’armée a décidé de tourner la page
 
Au journal Le Monde, il a justifié un peu plus tôt ce mercredi : « Vous savez qu’au Gabon il y a une grogne et, au-delà de cette grogne, il y a la maladie du chef de l’État. Tout le monde en parle, mais personne ne prend ses responsabilités. Il n’avait pas le droit de faire un troisième mandat, la Constitution a été bafouée, le mode d’élection lui-même n’était pas bon. Donc l’armée a décidé de tourner la page, de prendre ses responsabilités ».

Dans la même interview accordée en exclusivité au Monde, il affirme que le président est "mis à la retraite (et) jouit de tous ses droits".
 

Les réactions dans le monde

« La France condamne le coup d’Etat militaire qui est en cours au Gabon », a déclaré mercredi le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, en affirmant à nouveau que Paris « surveille avec beaucoup d’attention l’évolution de la situation ». Plus tôt, la première ministre, Elisabeth Borne, l’avait signifié devant les ambassadrices et ambassadeurs de France réunis à Paris. La diplomatie française « réaffirme son souhait que le résultat de l’élection, lorsqu’il sera connu, puisse être respecté », a ajouté M. Véran, lors d’une conférence de presse à l’issue du conseil des ministres.

Le Royaume-Uni a, lui aussi, condamné mercredi le coup d’Etat militaire « anticonstitutionnel » au Gabon et appelé à la « restauration d’un gouvernement constitutionnel ». Mais dans son communiqué, le ministère britannique des Affaires étrangères reconnaît aussi « les inquiétudes soulevées par le récent processus électoral, y compris les restrictions à la liberté des médias ».

La Chine a, elle, appelé « les parties concernées » au Gabon à « garantir la sécurité » du président Ali Bongo. Un des porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin, a également annoncé devant la presse que « la Chine suit de près l’évolution de la situation au Gabon et appelle les parties concernées à agir dans l’intérêt du peuple gabonais (…), au retour immédiat à l’ordre normal ».

Du côté des Etats-Unis, John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, a assuré que Washington « suit de très près » la situation et a assuré que le personnel diplomatique et les militaires américains présents au Gabon étaient en sécurité. Il estime « profondément inquiétante » la succession de coups d’Etat en Afrique ces dernières années mais jugé qu’il était « trop tôt » pour parler d’une « tendance » de fond.

En Russie, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a également affirmé suivre « de près » la situation au Gabon avec une « profonde préoccupation ».

Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, « note avec une grande inquiétude l’annonce des résultats des élections dans le contexte d’informations concernant des violations graves des libertés fondamentales », appelant les forces de sécurité à « garantir l’intégrité physique du président de la République et de sa famille ».

Le président de la Commission de l’Union Africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, « condamne fermement la tentative de coup d’Etat », dénonçant « une violation flagrante » des principes de l’organisation continentale, dans un communiqué publié mercredi.








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