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Actu Maroc

Flambée et renchérissement des prix : Des mesures salvatrices pour soutenir le pouvoir d’achat


Rédigé par Wolondouka SIDIBE Dimanche 21 Novembre 2021

Plusieurs mesures ont été prises pour atténuer les conséquences du renchérissement des prix sur le marché. Cependant, les consommateurs finaux restent partagés quant aux effets escomptés sur le terrain.



Nous annoncions, la semaine dernière, que le FMI s’inquiète du renchérissement des prix à la consommation avec beaucoup d’incertitudes sur le pouvoir d’achat à l’échelle mondiale pouvant conduire à une inflation galopante dans certains pays. Car pour le Fonds c’est cette boucle entre les prix des matières premières, les prix des produits, les salaires, qui pourrait générer de l’inflation.

Même si pour le Maroc, le rapport coécrit par Abdelaaziz Ait Ali et Uri Dadush, révèle que l’inflation globale est passée de 0,9% en moyenne sur la période 2017 - avril 2020 à 1,4% en avril 2021, en raison essentiellement de l’accélération de la hausse des prix dans le secteur des transports à 9,5%, reflétant l’augmentation des cours mondiaux du pétrole. Ce qui n’a pas empêché le gouvernement de prendre des mesures salvatrices pour soutenir le pouvoir d’achat du consommateur à travers la Caisse de compensation.

Cela s’est traduit, à travers le PLF au titre de l’exercice 2022 qui consacre à la compensation une enveloppe globale de plus de 16 milliards de dirhams (MMDH). Soit une progression de 28% par rapport à celle de 2021, avec l’objectif de soutenir les prix du gaz butane et des produits alimentaires (sucre et farine de blé tendre). Et force est de constater que ces trois produits ainsi que le carburant connaissent une hausse exponentielle.

Suspension des droits de douane

Et ce n’est pas tout puisque d’autres mesures à fort impact sont prises pour atténuer l’augmentation des cours mondiaux. Il s’agit, entre autres, de la suspension des droits de douane, à partir du 1er novembre courant, sur les importations du blé tendre et du blé dur, le maintien de la suspension des droits de douane sur les légumineuses, le beurre et le soutien des prix du blé tendre importé pour maintenir stables les prix des farines issues de ce blé et par conséquent, ceux du pain standard.

Mais ces mesures ont-elles eu un effet escompté sur le terrain ? La réponse semble mitigée en raison de la diversité du pouvoir d’achat des uns et des autres. Comme c’est le cas de Haj Mohamed, père de famille à Rabat. Pour lui, faire le marché est devenu difficile. « Il n’y a pas d’activité florissante en cette période de Covid-19. Les prix augmentent à une grande vitesse notamment ceux des produits de première nécessité », fait-il remarquer. Pourtant, sur ce plan, une indemnité supplémentaire a été accordée aux importateurs en vue de préserver les prix de l’ensemble des dérivés du blé sur le plan national.

De son côté, Hicham Ahmid, fonctionnaire, se dit ne pas être surpris par ces hausses. « Il fallait s’y attendre. Coronavirus est venu aggraver un situation déjà précaire », affirme notre interlocuteur. Quant à Mme Khadija El Melki, entourée de ses deux enfants, elle n’a pas de mots pour exprimer son désarroi. En forme de boutade, elle nous dit tout simplement que « Dieu est grand ».

Perturbation et approvisionnement

A la Commission Interministérielle des Prix (CIP), qui s’est réunie dernièrement, on assure que les marchés sont approvisionnés de façon abondante et avec une diversité en produits de base grâce aux efforts déployés par l’Etat et par les opérateurs privés surtout en cette conjoncture mondiale caractérisée par les fluctuations des prix des produits de base et des perturbations de l’approvisionnement résultant de la faiblesse de l’offre par rapport à la demande.

Selon la CIP, les prix des produits réglementés, de même que ceux des produits subventionnés tels que le gaz butane, le sucre et la farine nationale de blé tendre sont maintenus à leurs niveaux, a assuré la Commission.

Cette hausse reste inquiétante puisque la FAO, dans un rapport récent, a révélé que son indice des prix des produits alimentaires a atteint, en octobre dernier, son plus haut niveau depuis juillet 2011, soit 33,3 points en moyenne, en hausse de 3% en glissement mensuel.

L’organisation onusienne a aussi fait savoir que son indice des prix des céréales s’est situé à 137,1 points en moyenne, en évolution de 22,4% par rapport à octobre 2020, sous l’impact de la flambée des cours internationaux du blé, de l’orge, du maïs et du riz). Toujours est-il que nous sommes dans une situation volatile et pleine d’incertitude face à laquelle l’Exécutif doit rester en alerte permanente.


Wolondouka SIDIBE

 

Dr Kherrati Bouazza, Président de la FMDC

Flambée et renchérissement des prix : Des mesures salvatrices pour soutenir le pouvoir d’achat

Un renchérissement inquiétant des prix
 
Pour Dr Kherrati Bouazza, président de la Fédération Marocaine des Droits des Consommateurs, basée Kénitra, il est urgent que le gouvernement prenne des mesures salvatrices pour soutenir le pouvoir d’achat face aux flambées des prix. Explications.


- Comment se présente aujourd’hui la consommation par rapport à l’approvisionnement du marché en cette période Covid-19 ?


- Je croix que l’on peut parler de l’après Covid-19, puisque le Maroc a dépassé le minimum requis pour une vaccination de masse. Cette reprise des activités a eu un effet de consommation jamais enregistré à travers le monde. Ce qui a entraîné une flambée des prix des cours à l’échelle internationale ainsi qu’au Maroc pour les produits de première nécessité importés.

La flambée des prix est quasi présente. Rien n’y échappe: les produits alimentaires, les produits industriels et les services. Le coup de grâce pour le pouvoir d’achat a été l’augmentation des prix du carburant, ce qui a engendré un renchérissement supplémentaire sur le marché. La solution pour répondre à leurs besoins a été que les familles ont eu recourt aux organismes de crédits.


- On constate une augmentation, même légère, de certains produits. Comment la Fédération appréhende ces hausses ?

- Il faut dire que l’impact des augmentations des cours à l’international est indéniable, mais le surcoût dû à la pléthore des intermédiaires aggrave la situation et nuit à la confiance que devrait avoir le consommateur au gouvernement. Tant que les circuits de distribution échappent à toute organisation et à tout contrôle, la rente demeurera et nuira au marché libre et concurrentiel. Nous pensons qu’il faut inverser la tendance. C’est le combat de notre Fédération. Nous le menons par la sensibilisation et l’information.


- Dans ce cadre, appel avez-vous à lancer à l’adresse du gouvernement en matière de protection du consommateur ?

- Le PLF 2022 a presque igné le consommateur. Toutefois, depuis les premières augmentations des prix constatés sur la semoule, le gouvernement a rectifié le tir par les déclarations successives des différents ministères concernés, suivies de celle de la Commission interministérielle sur les prix. Cependant, ces décisions n’ont, à ce jour, eu aucun effet sur les prix. Tout est resté stationnaire après la flambée.

Pire, certains produits, tel que le beurre, ont presque disparu des étals. Nous appelons le gouvernement à prendre des mesures urgentes pour soulager le panier de la ménagère.


Propos recueillis par
Wolondouka SIDIBE