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Finances publiques : Le calcul du solde budgétaire sous la loupe de la DEPF


Rédigé par A. CHANNAJE Mercredi 3 Novembre 2021

Selon le dernier Policy Brief de la DEPF, le solde budgétaire structurel connaîtrait une légère dégradation pour se situer à environ -5,4% du PIB potentiel en 2021 et 2022.



Finances publiques : Le calcul du solde budgétaire sous la loupe de la DEPF
La Direction des études et des prévisions financières (DEPF) vient de dévoiler son nouveau Policy Brief (PB) intitulé « Orientation de la politique budgétaire au Maroc ». Ce document s’est attelé à l’évaluation du solde budgétaire structurel au Maroc à travers deux approches. La première, dite « Méthode en deux étapes », largement utilisée par les organismes internationaux (Commission Européenne, FMI, OCDE, …), consiste à calculer, d’abord, le solde budgétaire dû aux fluctuations conjoncturelles, qui sont appelées à se dissiper à long terme avec le retour progressif de l’activité à son niveau potentiel.

Le solde structurel est, ensuite, obtenu en retranchant le solde conjoncturel du solde effectif. La seconde méthode, basée sur un modèle VAR Structurel, permet de décomposer les fluctuations du déficit en différentes sources de perturbations : celles provenant principalement de l’activité et celles provenant de la politique budgétaire.

Après avoir procédé à l’évaluation de ces deux approches, via des calculs empiriques et des graphiques, ce Policy Brief, tenant compte des prévisions de la LF 2021 et du Projet de Loi de Finances 2022, s’attend à ce que le déficit budgétaire résultant des évolutions prévisibles des recettes et des dépenses se situe à 5,9% du PIB en 2022, après 6,2% du PIB en 2021, soit une atténuation de 0,3 point du PIB par rapport aux prévisions de la LF 2021 et de 1,7 point par rapport au solde enregistré en 2020.

D’après la même source, la contraction du déficit budgétaire proviendrait essentiellement de sa composante conjoncturelle qui devrait passer d’un déficit de -2,3% en 2020 à -0,7% du PIB en 2021 et à -0,6% en 2022. De ce fait, le solde budgétaire structurel connaîtrait une légère dégradation pour se situer à environ -5,4% du PIB potentiel en 2021 et 2022.

Par définition, le solde budgétaire structurel ou sous-jacent est la différence entre les recettes et les dépenses publiques corrigée des effets imputables au cycle économique et aux événements ponctuels. Par définition aussi, le PIB potentiel correspond à la capacité de production soutenable d’une économie. Il est normalement défini comme étant le niveau de production que permettent d’obtenir les ressources existantes (maind’oeuvre, capital et technologie…) sans créer de pressions inflationnistes. Dès lors, le PIB potentiel constitue le repère tout indiqué pour évaluer le rendement au niveau macroéconomique.

Consolidation de l’activité économique prévue en 2022

Ce Policy Brief prévoit, par ailleurs, une amélioration du solde primaire en 2021 et 2022, favorisée par l’orientation positive de l’activité économique en 2021 et sa consolidation en 2022. Ce solde primaire se situerait à -1,3% et -1% du PIB respectivement. La composante structurelle du déficit primaire se situerait, pour sa part, à -2,6% du PIB potentiel en 2021 et 2022 contre -2,2% en 2020.

En 2020,rappelle la DEPF, la crise pandémique de la Covid-19 a lourdement pesé sur les finances publiques. La forte contraction de l’activité économique a profondément affecté les recettes fiscales qui se sont comprimées de 6,5% par rapport à 2019.

Pour faire face à l’impact sanitaire, social et économique de la pandémie, souligne-t-on, le Maroc a adopté une politique budgétaire expansive contra-cyclique. En conséquence, le déficit budgétaire s’est fortement creusé pour atteindre -7,6% du PIB tandis que le taux d’endettement du Trésor s’est accru de 11,6 points, atteignant 76,4% du PIB.

En 2021, la mise en oeuvre du Plan de relance de l’économie nationale a consacré le caractère expansif de la politique budgétaire. Ainsi, l’écart de production demeure négatif, se situant à -3% en 2021 après -6,1% en 2020 et l’impulsion budgétaire resterait positive, se situant à +0,3 point en 2021 contre +0,4 point du PIB en 2020.

Poursuite d’une politique budgétaire expansive contra-cyclique en 2022 ?

Ce Policy Brief indique, par ailleurs, que les prévisions du PLF 2022 laissent se profiler la poursuite d’une politique budgétaire expansive contra-cyclique. En effet, l’écart de production demeurerait négatif (-2,2% en 2022) au moment où l’impulsion budgétaire se situerait à +0,1 point du PIB en 2022.

Cette orientation est corroborée par le maintien des dépenses publiques à un niveau assez soutenu en vue de consolider les bases de la relance de l’économie nationale, accompagner le déploiement des réformes prévues, en particulier celle liée à la généralisation de la protection sociale, et redynamiser les stratégies sectorielles.

Ainsi, les dépenses ordinaires progresseraient de 5,8% en 2022 au moment où les dépenses d’investissement rebondiraient de 14,5%. Du côté des recettes, la multiplication des signes de reprise de l’activité économique et l’orientation favorable de la demande intérieure et extérieure seraient opportunes pour contribuer au redressement des recettes ordinaires, qui croîtraient de 10,8% en 2022 par rapport aux prévisions de la Loi de Finances 2021. Ce Policy Brief prévoit aussi une légère contraction du déficit budgétaire de 0,3%, se situant à 5,9%, selon le PLF 2022, contre 6,2% prévu dans la Loi de Finances 2021.

Des efforts à déployer en matière de consolidation budgétaire

Au total, ce document estime que l’évolution du solde budgétaire du Maroc s’explique principalement par des facteurs d’ordre structurel. La composante cyclique de ce déficit demeure faible, se situant en moyenne à -0,8% du PIB au cours des dernières décennies contre un solde budgétaire structurel de près de -3% du PIB potentiel, ajoute la même source.

L’approche, basée sur un modèle VAR structurel, a permis de faire ressortir que les variations du solde budgétaire au Maroc résultent aussi bien des fluctuations conjoncturelles de l’activité que des décisions discrétionnaires des pouvoirs publics.

Dans le but de contrecarrer le creusement du déficit budgétaire, notamment sa composante structurelle, sous l’effet de la crise sanitaire de la Covid-19, les auteurs de ce Policy Brief pensent que des efforts importants devraient être déployés en matière de consolidation budgétaire, tout en soutenant l’orientation positive de la croissance à moyenlong terme. Une telle orientation s’avère nécessaire d’autant plus que l’opérationnalisation des chantiers structurants du Nouveau Modèle de Développement exigerait la mobilisation de ressources budgétaires conséquentes.

A. CHANNAJE


Dégradation du solde budgétaire structurel à partir de 2010

À partir de 2010, le solde budgétaire structurel s’est dégradé suite au ralentissement des recettes fiscales accompagnée d’une hausse continue des dépenses publiques, dans un contexte marqué par la hausse des prix des produits énergétiques et les effets négatifs de la crise financière de 2008. Ainsi, le solde budgétaire structurel est passé de -2,8% du PIB potentiel en 2010 à -4,9% du PIB potentiel en 2019 et à -5,2% en 2020 suite aux répercussions de la crise sanitaire de la Covid-19.

A l’opposé, souligne ce Policy Brief, la composante conjoncturelle du déficit a commencé à s’améliorer progressivement à partir de 2013, passant de -1,6% du PIB potentiel à un excédent moyen de 1,3% du PIB potentiel en 2019 marquant un retournement de situation, permettant de conforter les marges budgétaires de l’Etat.

En 2020, suite aux répercussions de la crise Covid-19, la composante conjoncturelle du solde budgétaire s’est dégradée en affichant un solde de - 2,3% du PIB.