Le groupe Akdital a fini par revoir sa copie. Confronté à une contestation inédite de la part des médecins libéraux, son président-directeur général, Rochdi Talib, a annoncé dans une lettre datée du 20 novembre le retrait immédiat du projet de centres de diagnostic de proximité. Ce courrier, révélé par nos confrères de Médias24, souligne que la décision vise à « éviter toute division » au sein du corps médical et à préserver une relation fondée sur la confiance et la complémentarité.
L’annonce intervient après plusieurs semaines de mobilisation. Quatre organisations représentatives — le Collège syndical national des médecins spécialistes privés, le Syndicat national des médecins du secteur libéral, le Syndicat national des médecins généralistes et l’Association nationale des cliniques privées — avaient formé une coalition dénonçant un projet jugé contraire aux principes mêmes de l’exercice médical. Se présentant comme porte-voix de 17.000 médecins libéraux sur un total de 32.000 praticiens, la coalition avait saisi l’ensemble des autorités concernées : Conseil de la concurrence, ministère de la santé, Secrétariat général du gouvernement, Haute Autorité de santé, Conseil national de l’ordre des médecins et Médiateur du Royaume.
Au cœur des critiques, une batterie d’arguments juridiques. Les syndicats invoquaient notamment l’article 2 de la loi 131-13, qui interdit toute « pratique commerciale » de la médecine, ainsi que les articles 33, 45 et 117 encadrant les formes d’exercice, l’indépendance professionnelle et la constitution d’une patientèle propre. Pour les opposants, permettre à un groupe privé dont la finalité est la rentabilité de gérer des centres de diagnostic ouvrait la porte à un risque clair de marchandisation des soins.
La coalition soulignait également que ce modèle pourrait encourager des mécanismes de performance, de quotas ou de tarifs d’appel, assimilés à des pratiques de dumping. Une analyse juridique indépendante évoquait même la possibilité de dérives systématiques, incompatibles avec la déontologie médicale et les lois 08-12 et 104-12 sur la déontologie et la concurrence. Les praticiens craignaient enfin un affaiblissement du libre choix du médecin, perçu comme une « valeur cardinale » de la relation de soin : un centre contrôlé par un seul opérateur pourrait, selon eux, orienter artificiellement les patients vers des structures du même groupe.
Face à l’ampleur de la contestation, Akdital avait tenté une première mise au point dans une lettre datée du 18 novembre. Le groupe y affirmait que ses centres étaient destinés exclusivement à des zones sous-médicalisées et à des villes de moins de 60.000 habitants, dépourvues d'infrastructures d’urgence ou d’imagerie. L’objectif, assurait Rochdi Talib, n’était pas de concurrencer les cabinets et cliniques existants, mais de combler un déficit structurel de soins de proximité.
Akdital précisait également que ces centres n’auraient assuré ni consultations spécialisées ni prise en charge hospitalière. Ils devaient se limiter à des soins d’urgence dispensés par des médecins généralistes et à des examens orientant les patients vers des spécialistes situés dans les villes les plus proches. Quant au volet radiologique, le groupe affirmait vouloir faciliter l’installation de jeunes radiologues dans des régions dépourvues d’équipements, citant les expériences d’Errachidia, Dakhla, Guelmim, Laâyoune, Nador et Essaouira.
Rochdi Talib insistait enfin sur la « complémentarité historique » entre le groupe et les médecins spécialistes, qualifiés de partenaires essentiels du réseau Akdital. Selon lui, rien dans ce projet ne visait à concurrencer la profession, mais à renforcer l’accès aux soins dans les territoires les plus fragiles.
Mais ces explications n’auront pas suffi. La fronde des syndicats, conjuguée à la sensibilité du débat — la frontière entre initiative privée et déontologie médicale étant particulièrement étroite —, a poussé Akdital à faire marche arrière. En retirant officiellement son dossier, le groupe veut désamorcer un conflit qui risquait de fragiliser davantage un secteur déjà traversé par de fortes tensions liées aux réformes du système de santé, à la tarification et à l’accès à l’investissement privé.
Cette décision marque une étape importante dans la régulation de l’offre privée de soins au Maroc. Elle rappelle que toute initiative structurelle dans le domaine de la santé doit composer avec un cadre légal strict, des obligations déontologiques fortes et un corps médical particulièrement vigilant quant à toute évolution susceptible de bouleverser l’équilibre du secteur.
Akdital assure néanmoins rester disposé à travailler avec les représentants de la profession pour réfléchir à des modèles alternatifs capables de répondre au double impératif d’élargissement de l’accès aux soins et de respect des règles fondamentales de l’exercice médical. Le débat, lui, est loin d’être clos.
L’annonce intervient après plusieurs semaines de mobilisation. Quatre organisations représentatives — le Collège syndical national des médecins spécialistes privés, le Syndicat national des médecins du secteur libéral, le Syndicat national des médecins généralistes et l’Association nationale des cliniques privées — avaient formé une coalition dénonçant un projet jugé contraire aux principes mêmes de l’exercice médical. Se présentant comme porte-voix de 17.000 médecins libéraux sur un total de 32.000 praticiens, la coalition avait saisi l’ensemble des autorités concernées : Conseil de la concurrence, ministère de la santé, Secrétariat général du gouvernement, Haute Autorité de santé, Conseil national de l’ordre des médecins et Médiateur du Royaume.
Au cœur des critiques, une batterie d’arguments juridiques. Les syndicats invoquaient notamment l’article 2 de la loi 131-13, qui interdit toute « pratique commerciale » de la médecine, ainsi que les articles 33, 45 et 117 encadrant les formes d’exercice, l’indépendance professionnelle et la constitution d’une patientèle propre. Pour les opposants, permettre à un groupe privé dont la finalité est la rentabilité de gérer des centres de diagnostic ouvrait la porte à un risque clair de marchandisation des soins.
La coalition soulignait également que ce modèle pourrait encourager des mécanismes de performance, de quotas ou de tarifs d’appel, assimilés à des pratiques de dumping. Une analyse juridique indépendante évoquait même la possibilité de dérives systématiques, incompatibles avec la déontologie médicale et les lois 08-12 et 104-12 sur la déontologie et la concurrence. Les praticiens craignaient enfin un affaiblissement du libre choix du médecin, perçu comme une « valeur cardinale » de la relation de soin : un centre contrôlé par un seul opérateur pourrait, selon eux, orienter artificiellement les patients vers des structures du même groupe.
Face à l’ampleur de la contestation, Akdital avait tenté une première mise au point dans une lettre datée du 18 novembre. Le groupe y affirmait que ses centres étaient destinés exclusivement à des zones sous-médicalisées et à des villes de moins de 60.000 habitants, dépourvues d'infrastructures d’urgence ou d’imagerie. L’objectif, assurait Rochdi Talib, n’était pas de concurrencer les cabinets et cliniques existants, mais de combler un déficit structurel de soins de proximité.
Akdital précisait également que ces centres n’auraient assuré ni consultations spécialisées ni prise en charge hospitalière. Ils devaient se limiter à des soins d’urgence dispensés par des médecins généralistes et à des examens orientant les patients vers des spécialistes situés dans les villes les plus proches. Quant au volet radiologique, le groupe affirmait vouloir faciliter l’installation de jeunes radiologues dans des régions dépourvues d’équipements, citant les expériences d’Errachidia, Dakhla, Guelmim, Laâyoune, Nador et Essaouira.
Rochdi Talib insistait enfin sur la « complémentarité historique » entre le groupe et les médecins spécialistes, qualifiés de partenaires essentiels du réseau Akdital. Selon lui, rien dans ce projet ne visait à concurrencer la profession, mais à renforcer l’accès aux soins dans les territoires les plus fragiles.
Mais ces explications n’auront pas suffi. La fronde des syndicats, conjuguée à la sensibilité du débat — la frontière entre initiative privée et déontologie médicale étant particulièrement étroite —, a poussé Akdital à faire marche arrière. En retirant officiellement son dossier, le groupe veut désamorcer un conflit qui risquait de fragiliser davantage un secteur déjà traversé par de fortes tensions liées aux réformes du système de santé, à la tarification et à l’accès à l’investissement privé.
Cette décision marque une étape importante dans la régulation de l’offre privée de soins au Maroc. Elle rappelle que toute initiative structurelle dans le domaine de la santé doit composer avec un cadre légal strict, des obligations déontologiques fortes et un corps médical particulièrement vigilant quant à toute évolution susceptible de bouleverser l’équilibre du secteur.
Akdital assure néanmoins rester disposé à travailler avec les représentants de la profession pour réfléchir à des modèles alternatifs capables de répondre au double impératif d’élargissement de l’accès aux soins et de respect des règles fondamentales de l’exercice médical. Le débat, lui, est loin d’être clos.





















