L'Opinion Maroc - Actuali
Consulter
GRATUITEMENT
notre journal
facebook
twitter
youtube
linkedin
instagram
search



Actu Maroc

Éducation: Le diagnostic inquiétant de Berrada de la gestion des écoles


Rédigé par Mina Elkhodari Mercredi 15 Octobre 2025

Désengagement des administrateurs, tensions au sein du corps pédagogique, demandes croissantes de détachement… Le ministre de l’Éducation nationale, Mohamed Saâd Berrada, dresse le diagnostic du climat général de l’école en pleine réforme.



Éducation: Le diagnostic inquiétant de Berrada de la gestion des écoles

Alors que le ministère de l’Éducation nationale s’emploie à accélérer la promotion de l’école publique, il apparaît que celle-ci se heurte aux réalités du terrain qui en ralentissent l’impact. Ces défis sont essentiellement liés à la persistance d’une certaine mentalité chez les administrateurs chargés de la gestion des établissements d’enseignement, selon le ministre Mohamed Saâd Berrada. « Cela ne peut pas changer en peu de temps. Il faut un vrai travail pour faire évoluer les mentalités », a-t-il avoué mardi lors d’une réunion à la Chambre des Représentants.

Le ministre a fait observer que de nombreux directeurs d’établissements refusent de décaisser les fonds qui leur sont alloués dans le cadre des associations de l’École de la Réussite, destinés à financer des projets de développement internes. Berrada met la balle dans le camp des syndicats des administrateurs, qu’il accuse d’inciter à tort les directeurs à ne pas utiliser ces fonds.

Ces moyens, à hauteur de 200 millions de dirhams non dépensés, sont censés couvrir les travaux de réhabilitation des sanitaires scolaires et d’entretien des salles de classe au cours de l’année scolaire, ainsi que d’assurer la présence du personnel chargé de la garde des élèves entre midi et 14 heures, conformément à la demande du ministère de les garder à l’intérieur des établissements durant cette tranche horaire.

De leur côté, les administrateurs expliquent ce « désengagement » par la complexité de la procédure de dépense de ces fonds. « En plus d’être lourde en termes de formalités, cette procédure oblige les administrateurs à consigner chaque dépense dans le cahier des dépenses, ce qui est perçu comme trop strict », nous a expliqué une administratrice à Rabat.

Elle a ajouté que certains directeurs s’abstiennent de dépenser cet argent, qui peut dépasser près de 130.000 de dirhams dans certaines écoles alors que leur établissement en aurait besoin, par peur de toute mise en cause. Il a expliqué cela également par le climat de mécontentement général qui règne au sein des formations syndicales du secteur.

Insatisfaits de l’approche de réforme engagée par le ministère, ces syndicats multiplient les protestations depuis mars dernier contre leur « exclusion » des discussions relatives aux réformes en cours, et alertent contre une « explosion imminente » du mécontentement.

En signe de colère, ils ont également annoncé la suspension de toutes les activités liées au projet de l’Association de l’École de la Réussite à partir du 18 mars 2025, incluant la participation aux réunions et la signature des conventions de partenariat, tout en prévoyant une démission collective des administrateurs pédagogiques de cette association.

2.500 demandes de détachement non approuvées

Saâd Berrada a également souligné qu’une tendance inquiétante s’est installée dans le secteur de l’Education nationale. Près de 2.500 cadres ont demandé leur détachement, c’est-à-dire d’être placés hors de leur cadre d’origine tout en continuant à en dépendre pour leurs droits à l’avancement et à la retraite.

En d’autres termes, de nombreux fonctionnaires souhaitent quitter l’école dans ce contexte de réforme, alors qu’ils en constituent la véritable épine dorsale. Mohamed Saâd Berrada se veut ferme à cet égard. Il affirme n’avoir approuvé aucune demande de détachement depuis son arrivée à la tête du ministère.  « Il faut garder les compétences nationales de l’enseignement à leurs postes et leur offrir les meilleures conditions d’évolution », a-t-il insisté.

Et d’ajouter : « Le ministère s’emploie à développer les infrastructures scolaires et à assurer leur répartition équitable entre les régions du Royaume, tout en révisant les supports pédagogiques pour les rendre accessibles aux élèves à des prix abordables. Mais ces efforts ne peuvent aboutir tant que persistent les problèmes liés au corps pédagogique ».

Le ministre a par ailleurs salué l’engagement et le sens des responsabilités de nombreux enseignants à travers le Royaume, tout en regrettant la présence d’autres, démotivés et peu investis, qui affectent négativement le climat de travail dans les écoles.

Cependant, il a alerté sur les tensions persistantes au sein du corps pédagogique, notamment entre les inspecteurs et les directeurs d’établissements.  « Chacun refuse d’écouter l’autre, prisonnier de considérations hiérarchiques et de calculs personnels stériles, ce qui complique la coopération nécessaire à l’évaluation et au développement de l’école », a-t-il déploré.

Le ministre a ainsi appelé à privilégier le travail collectif et rigoureux au sein des équipes pédagogiques, loin de toute considération susceptible de bloquer le développement du système éducatif, tout en soulignant le rôle constructif attendu des syndicats. « Si chaque acteur accomplit son travail avec rigueur, l’école connaîtrait sans doute un essor significatif au bénéfice des générations à venir », a-t-il conclu avec espoir. 








🔴 Top News